pu tant seulement en déplanter la moquié d'un! . . .
SCèNE VI
POUTRé, FéLIX, TOINON
FéLIX--Allons, c'est donc fini . . . Oh! les tra?tres! . . . (Il contemple son fusil et l'embrasse.) Adieu, mon fidèle mousquet, voilà la deuxième fois que tu combats pour la patrie, puisses-tu, dans des jours meilleurs, être encore le défenseur de la bonne cause! (Il suspend son fusil au mur et s'assied tristement.)
TOINON--Mon capitaine . . . sans vous interboliser . . . (Silence.) Sus vot' respect, mon capitaine.
FéLIX--Que me veux-tu?
TOINON--C'est que, mon capitaine . . .
FéLIX--Au diable avec ton capitaine, qu'est-ce que me veux?
TOINON, à part--Ste Anne du Nord! comme il suspèque . . . (Haut.) C'est que j'aurais comme manière d'une petite commission . . .
FéLIX--Qu'est-ce que c'est?
TOINON--Ben, c'est un grand monsieur . . . C'est ben . . . queuque général, j'crois ben . . . qui m'a dit comme ?a: Connais-tu Félix Poutré?--Le p'tit Félisque au père Poutré, que j'dis, ben j'penserais . . .--Tu vas aller le trouver, qui me dit.--?a y est, que j'dis . . . je vous ai t'y dit qu'y en avait deux générals? . . .
FéLIX--Vas-tu achever une fois? et ta commission?
TOINON--Ben v'là; tu diras à monsieur Félisque, qui me dit, que Camel . . .
FéLIX--Hein?
TOINON--Que Camel est par icitte, épi qui faut que vous mettiez la main dessus, passeque . . .
FéLIX--Camel, sorti de prison! . . . C'est impossible.
POUTRé--C'est tellement possible qu'il était ici il n'y a pas une heure.
FéLIX--Je suis perdu! . . . Cet homme-là a juré ma perte. Je suis déjà dénoncé, j'en suis s?r.
TOINON--Bon, à c't'heure que ma commission est faite, j'vas aller serrer le sabre à mon grand-père. A la revue! (S'en allant.) C'Camel-là, allez, c'est p'tit! (Il sort.)
SCèNE VII
POUTRé, FéLIX
POUTRé--Eh bien, mon cher Félix, qu'est-ce-que tu vas faire maintenant?
FéLIX--Je ne serais pas faché de le savoir moi-même.
POUTRé--Mais, tu vas être arrêté!
FéLIX--C'est bien probable, mais qu'y faire? Peut-être me relacheront-ils; je n'ai pas tant fait après tout.
POUTRé--Tu n'as pas tant fait? Mais y penses-tu, Félix? Tu as organisé des compagnies; tu as couru les villages pendant plus d'un mois pour assermenté les patriotes; tu as fait des discours contre le gouvernement; enfin tu étais capitaine d'une compagnie; tu t'es battu à Odeltown, et tu dis que tu n'as pas tant fait! Ah bien! moi, je te dis que tu en as fait bien plus qu'il n'en faut pour . . . pauvre enfant (il essaie une larme) . . . Allons, pas de faiblesse; plus le malheur est grand, et plus il faut se montrer courageux. Tiens Félix, la seule chose qui te reste à faire . . .
SCèNE VIII
POUTRé, FéLIX, BéCHARD
BéCHARD, entrant--Que Félix ne reste pas ici une minute de plus, on le cherche. (Apercevant Félix.) Va-t-en! va-t-en tout de suite, le colonel X... vient de donner l'ordre de t'arrêter. . . .
POUTRé--Mon Dieu, que faire?
FéLIX--Comment diable a-t-il pu savoir que j'étais arrivé?
BéCHARD--S'il ne t'a pas vu, il s'en doute. Dans tous les cas, en passant devant ce vieux misérable de colonel, j'ai aper?u Camel qui sortait de la maison . . .
POUTRé--Oh! le gredin! . . .
BéCHARD--?Prends garde de les manquer, lui dit le bonhomme; je l'ai vu comme je vous vois là, avec sa tuque rouge et ses gros yeux de chat-huant. Craignez pas, lui répondit Camel, je vais commencer par Félix; il y a longtemps que je le guette, celui-là!--Eh bien, va chez son père tout de suite, reprit le colonel, car s'il est revenu, le vieux a le nez long; il ne le gardera pas longtemps.? J'ai bien vu qu'il s'agissait de nous autres, et j'ai piqué droit à travers les champs pour venir les avertir. Si les chemins eussent été beaux, je ne serais peut-être pas arrivé à temps; mais avec ces chemins-là, ils doivent bien être encore à un bon quart de lieue d'ici. C'est donc à peu près dix minutes qui te restent. Ainsi profites-en; tu vois que ?a presse.
FéLIX--Merci, merci, mon cher Béchard. (Il lui serre la main.)
BéCHARD--C'est bon, c'est bon! allons, bonsoir. Je suis pressé, car je ne suis pas trop clair de mon affaire, moi non plus. Mais tenez, père Poutré, j'ai tant couru qu'une petite goutte ne me ferait pas de mal!
POUTRé, apportant une bouteille et des verres--Ah! pauvre enfant, et moi qui suis assez sot pour n'y pas penser! . . . Tiens, vois-tu, il y a des moments où l'on n'a pas la tête à soi. Je te prie bien de m'excuser, car ce n'est pas mon habitude de mal recevoir mes meilleurs amis.
BéCHARD--Ce n'est rien, père Poutré; je sais bien que ce n'est pas le coeur qui manque.
(Ils trinquent.)
POUTRé--A des jours meilleurs!
(Ensemble:) FéLIX--A la liberté du Canada! BéCHARD--A la liberté du Canada!
BéCHARD--Là-dessus, braves amis, adieu, et bonne chance! (Il sort.)
FéLIX--Adieu!
SCèNE IX
POUTRé, FéLIX
POUTRé--Tu vois,
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