munitions: il n'y a que cela qui nous manque. (à part.) Encore une découverte! On dirait que la Providence conspire avec moi.
CARDINAL--Et le No. 27, est-il de retour à Montréal?
1er CONJURé--Oui. Il est attendu ici de minute en minute. On dit qu'il a fait des prodiges dans le sud. A sa voix les campagnes se soulèvent comme un seul homme. Si nous réussissons, nous lui devrons une bonne part de notre succès . . .
CARDINAL--Noble coeur! . . . Si tous avaient le même courage et le même dévouement! (On frappe à la porte.) Du silence . . . C'est peut-être lui.
3ème CONJURé--Qui va là?
DUQUETTE, en dehors--Brutus!
CARDINAL--C'est sa voix; c'est lui.
3ème CONJURé--Le mot d'ordre?
DUQUETTE, en dehors--Vengeance et liberté! . . .
3ème CONJURé, ouvrant la porte--Entrez! (Duquette entre.)
SCèNE IV
Les Précédents, DUQUETTE
DUQUETTE--Frères, la paix soit avec vous, et Dieu sauve le Canada!
LES CONJURéS--Dieu sauve le Canada!
CARDINAL, conduisant Duquette sur le devant de la scène--Mon cher Duquette! . . . (Il lui serre la main.)
DUQUETTE--Mon cher Cardinal! . . .
CARDINAL--Sois prudent; je ne sais ce qui me dit que nous avons un tra?tre parmi nous.
DUQUETTE--Un tra?tre!
CARDINAL--Oui! Il y a longtemps que je l'épie et je suis à prendre les moyens de le faire se trahir lui-même. J'espère l'y amener.
DUQUETTE--Et que lui ferons-nous?
CARDINAL--Nous verrons. En attendant, le plus important c'est de le découvrir.
CAMEL, à part--Je donnerais beaucoup pour savoir ce qu'ils se communiquent si mystérieusement. Si ce sont des plans qu'ils combinent, ils ne comptent guère avec ce qui doit leur arriver ce soir.
CARDINAL, à Duquette--Et ton voyage? On dit que tu as fait des merveilles? . . .
DUQUETTE--J'ai en effet réussi au-delà de mes espérances. Toutes les populations sont admirablement disposées. Quatre mille hommes sont déjà enr?lés et prêts à partir aussit?t que nous pourrons leur fournir des armes; mais nous parlerons de tout cela à tête reposée . . . J'ai vu ce jeune homme de Napierville dont vous m'avez parlé . . .
CARDINAL--Poutré?
DUQUETTE--Oui.
CARDINAL--Eh bien?
DUQUETTE--Vingt-et-un ans, une taille d'athlète, un poignet d'acier et un coeur de brave . . . Et de plus très populaire auprès des habitants . . . C'est certainement l'homme qu'il nous faut dans cet endroit-là. Le Docteur C?te a eu une entrevue avec lui et m'a chargé de le conduire à Montréal pour prendre vos instructions . . .
CARDINAL--Il est ici?
DUQUETTE--Oui, dans l'appartement voisin. Vais-je l'introduire?
CARDINAL--Immédiatement. (Duquette sort.) Frères, les nouvelles qui nous arrivent des campagnes du sud sont encourageantes au plus haut point. Avant trois semaines, l'étendard de l'indépendance sera déployé sur plusieurs points à la fois, et dans un mois, je l'espère, le pays tout entier se lèvera comme un seul homme pour écraser ses oppresseurs!
LES CONJURéS--Bravo! . . .
CARDINAL--Point d'enthousiasme; c'est ce qui nous a perdus l'année dernière. Notre cause a été compromise dans une tentative héro?que, mais trop hative et mal calculée. Trop de coeur et pas assez de tête . . . Non, point d'enthousiasme, mais de la froideur dans vos calculs et de l'énergie dans l'exécution; surtout du dévouement! Et ce que nous n'avons pu faire l'année dernière, nous le ferons cette année. Mais il ne faut pas se le dissimuler, il nous faut du courage et de la prudence, car c'est le sort de tout un peuple que nous allons jouer à pile ou face. (On frappe.)
3ème CONJURé--Qui va là?
DUQUETTE, en dehors--Brutus.
3ème CONJURé--Le mot d'ordre?
DUQUETTE, en dehors--Vengeance et liberté! . . .
3ème CONJURé, ouvrant la porte--Entrez! (Duquette et Félix entrent.)
SCèNE V
Les Précédents, FéLIX
DUQUETTE, à Cardinal--Le voici!
CAMEL, à part--Félix Poutré! . . . L'être exécrable que l'enfer s'est plu à jeter sans cesse en travers de ma route! C'est lui surtout qu'il me faut!
CARDINAL, à Félix--Bien, jeune homme! (Il lui serre la main.) Tu sais ce dont il s'agit; es-tu des n?tres? . . .
FéLIX--Messieurs, si votre intention est de renverser le gouvernement et de faire avaler une pilule évacuative à Messieurs les Anglais, vous pouvez compter sur moi. Il y a longtemps que ?a me démange, et nom d'un nom! j'ai hate de me frotter un peu avec des habits rouges.
CARDINAL--A la bonne heure! Tu seras satisfait avant longtemps. Et puis, comme tu es un gar?on intelligent, plein de bonne volonté, et surtout, bon patriote, tu peux jouer un grand r?le, si tu veux; mais il faut que tu sois bien prêt à tout.
FéLIX--Soyez tranquille. ?a y est!
CARDINAL--Songez-y bien. C'est une sérieuse affaire que nous entreprenons. C'est notre tête que nous jouons tous. Une fois parti on ne pourra plus reculer. Bon gré mal gré, il faudra aller jusqu'au bout.
FéLIX--Je ne suis pas homme à reculer. Toutes mes réflexions sont faites. Je veux délivrer mon pays, et je vous suis. Arrive que pourra! Mais il serait assez bon de prendre nos précautions cette fois; car, voyez-vous, les coups sont quelquefois pour nous.
DUQUETTE--C'est justement parce que nous n'avons pas réussi l'année
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