tente, le sort a voulu qu'un rapprochement aussi baroque qu'un soulier fraternisant avec un képi se produisit.
En effet, presque à l'est de l'auteur, repose son képi, recouvert du couvre-nuque traditionnel.
Le képi a du bon. Malgré la sagesse des commissions d'habillement, aucune décision grave n'est encore venue le troubler. On l'a bien orné d'une visière laide et excellente, mais enfin rien encore pour sa suppression.
On a parlé du casque allemand comme devant lui succéder; quelques régiments seuls eurent le plaisir de l'essayer.
Le casque indo-anglais montra quelque temps des velléités de vouloir couronner la tête de nos troupiers, mais il ne tint pas ferme.
Le shako fran?ais a aussi été fortement ébranlé dans ses bases.
A l'heure où j'écris cependant, je ne sais encore rien de positif sur son sort futur.
Enfin, sans arrière-pensée, le képi existe, et j'en ai un.
Je me rappelle toujours, avec une certaine horreur, le premier jour de mon installation militaire. On me conduisit au magasin d'habillements.
Ma tenue comportait le képi qui, couvrant consciencieusement ma tête, l'aurait entièrement fait dispara?tre sous sa large structure, si mes oreilles, naturellement bien développées, ne l'avaient arrêté dans sa marche descendante.
Ma malheureuse tête, ornée d'un pareil appendice, présentait une piteuse apparence. Le bas du visage et le nez seuls étaient visibles. Quant aux yeux, il était permis de présumer qu'ils existaient; mais l'énorme abat-jour qui me servait de visière empêchait tout oeil indiscret de les voir.
En entrant dans la chambrée, mon premier soin fut d'?ter mon képi et de l'examiner avec un intérêt bien légitime.
J'étais peiné de le voir si grand, et je me disais que le diamètre de son ouverture aurait pu satisfaire une tête de géant de bonne famille.
Un troupier, bien intentionné sauva la situation en trempant mon képi dans l'eau, et je fus fort étonné, quand il fut sec, de le voir présentable.
De là date mon attachement pour ce mémorable couvre-chef.
Lui aussi m'accompagna partout, et s'il n'empêcha pas le soleil de me cuire le visage, du moins fit-il son possible.
Dans nos dernières excursions, il ne marchait jamais seul. Toujours il réclamait,--aidé en cela des ordres du colonel,--le couvre-nuque, qui jadis était blanc.
Un endroit quelconque de la tente le satisfait la nuit, et jamais il ne fut nuisible.
Depuis que j'ai entrepris le récit de mon voyage circulaire, une tendance marquée de se loger à l'est s'annonce chez lui. Ce qui explique sa proximité de rapport avec mes godillots.
La provenance de cette estimable coiffure est encore incertaine dans ma pensée. Cependant, je la soup?onne, à certains airs maladroits de sortir des ateliers d'Alburac.
Ce dernier monsieur est un excellent tailleur militaire, et, comme spécialiste, il est fort.
Dans le genre képi, sauf un écrasement particulier des parois, il ne se distingue que médiocrement. Quelques trous inutiles, préposé à introduire l'air au crane, semblent bien être percés sur les c?tés. Mais cela demande l'oeil d'un scrutateur convaincu pour le constater.
Des passe-poils, bleus dans leur début, parent le képi; mais ils manquent vite à leur mission, et ils ne deviennent pas bleus du tout au bout d'un mois de service.
Le couvre-nuque, tout en faisant fonction de protecteur contre le soleil, réussit énormément à bosseler le képi.
Enfin, tout conspire pour le rendre insignifiant, et le mien, plus que tous, est mal partagé.
Je ne lui en veux pas pour cela. Sa carrière est déjà longue, et dans quelques jours on le verra retourner au néant. Alea jacta est.
VI
LA MUSETTE
Je suis triste comme une feuille d'automne.
Mon installation de trois mois n'était qu'une vague mystification. Demain, la plaine me verra de nouveau engendrer des triangles de mes jambes fatiguées.
C'était écrit que ce Bou-Amema introuvable serait partout au même moment.
Poussant une pointe à l'ouest; la rumeur l'annonce à l'est, et le petit journal *** contredit ces deux données, et le place aux antipodes.
C'est un rude Bou-Amema que ce révolté-là, et la multiplication des pains de l'évangile devrait bien se voiler la face devant lui.
Plus nous marchons, plus il se sauve, en cela réside toute la guerre que nous faisons ici.
Le mode d'agir de ce guerrier est quelque peu original. Je me permets de vous instruire là-dessus.
Il arrive près d'une de nos tribus fidèles:
--Voulez-vous me suivre?...
--Hein!... vous refusez?... psitt... têtes coupées.
--Vous venez?... très-bien... troupeaux razziés.
Aimable alternative! cous hachés d'un c?té et pillage de l'autre. Voilà où en sont nos Arabes fidèles.
Vis-à-vis des Européens, il est plus et même trop galant.
Il fusille les hommes, embrasse et viole les femmes, enlève les enfants, se moque des colonnes lancées à sa poursuite, et va tranquillement faire sa sieste dans ses utiles Ksours du Sahara.
Nous, les Fran?ais, nous sommes bons, archibons,--je ne dirai pas bêtes,--pour ce gar?on-là, et je conseillerais de le fusiller et de le refusiller, si nous le pin?ons, ce qui est problématique.
Enfin, vogue la galère, et va pour la poursuite!
Cela ne m'empêchera morbleu pas de continuer à édifier le chef-d'oeuvre du Voyage autour de ma
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