plustost ensevelis que morts.
ARCHELAS.
Finissons avec eux cette tragique Histoire?Perdons-en s'il se peut jusques �� la memoire,?Craignant que par le bruit des discours superflus?Nous ne ressuscitions ceux qui ne vivent plus;?Que la joye en nos coeurs succede �� la tristesse,?Bannissons desormais cette importune hostesse,?Et sans nous arrester aux soucis des mortels?�� ce Dieu tutelaire erigeons des Autels.
EURIMEDON.
Ah grand Roy! Cet honneur plus grand que ma naissance?Au lieu de m'obliger, me chocque & vous offence:?Car cette vanit�� me rendant odieux?Reproche en mesme temps une erreur �� vos yeux:?Bien loing de m'eslever �� ce degr�� supr��me?La rigueur du destin m'a mis �� l'autre extreme,?Pour toute qualit�� je suis Eurimedon?La fortune en naissant me mit �� l'abandon,?Et pourtant de mon sort l'admirable advanture?Peut passer pour miracle �� la race future:?En un point seulement je le trouve assez beau?Puisque j'eus pour le moins un illustre berceau.?Un Aigle me voyant estendu sur la poudre,?Soit qu'il me voulut mettre �� couvert de la foudre,?Ou bien faire de moy quelque fameux guerrier?Porta mon petit corps �� l'ombre d'un laurier:?Du depuis le destin lass�� de me bien faire?Me mit entre les mains d'un barbare Corsaire?Qui m'ayant dans un bois sous cet arbre trouv��?Parmy ses compagnons m'a tousjours eslev��.?Cent fois il m'a jur�� que j'estois n�� d'un Prince?Et m'a tout dit, hormis mon nom, & ma province,?Car de peur de me perdre il m'a tousjours cach��?Cet important secret qu'en vain j'ay tant cherch��.?Je n'avois que douze ans que desja mon courage?Ne pouvoit plus souffrir la paresse de l'aage,?Et bien que j'eusse horreur de leurs traits inhumains?Il falloit que ie fisse un essay de mes mains.?Un jour l'occasion s'en montra toute preste?Trois Pyrates venus fraischement de la queste?Ne purent sans debat partager leurs butins,?Le lucre les rendant esgalement mutins?Ils passerent en fin des discours, �� l'esp��e;?Et la valeur d'un seul contre deux occupee?Dans l'inegalit�� l'alloit faire perir?Si je l'eusse p? voir sans l'ozer secourir.?Contre ces lasches coeurs j'entrepris sa deffence,?Et comme l'un des deux mesprisoit mon enfance?Il donnoit �� mes coups tant de facilit��,?Que sa mort fut le prix de sa temerit��.?D��s lors tous estonnez de ce trait de courage,?Comme �� leur souverain ils me firent hommage;?Glorieux (disoient-ils) d'obeyr desormais?Au Prince le plus grand que le ciel vit jamais:?Du depuis leur respect pouvoit servir de marque?Que j'estois en effet n'ay de quelque Monarque:?Mais je suis incertain de ma condition.
PASITHEE.
Vous estes trop modeste en vostre ambition,?Et si mon ame encor doute en vostre origine,?C'est qu'au lieu d'estre humaine, elle la croit divine.
EURIMEDON.
Ah ne me flattez pas, un si mal-heureux sort?Avec le rang des Dieux a trop peu de rapport.
ARCHELAS.
Alcide avant sa mort estoit ce que nous sommes,?Ce Heros comme vous nasquit entre les hommes,?Il fut leur protecteur, & cette qualit��?Luy fraya le chemin de l'immortalit��:?Ainsi cette vertu qui vous faict adorable,?Et qui rend vostre gloire �� son nom comparable,?Malgr�� les vains efforts d'un sort injurieux?Vous reserve une place �� la table des Dieux.
EURIMEDON.
Mon coeur n'affecte pas ces dignitez hautaines?Dont la presomption bouffit les ames vaines,?Je prefere grand Roy, l'honneur de vous servir?Aux grandeurs qui pourroient dans le Ciel me ravir.
ARCHELAS.
De grace (Eurimedon) quittez cette eloquence,?Laissez-vous une fois vaincre �� ma bien-vueillance?Commandez en ma Cour, mais en ce juste point?Pour me favoriser ne vous deffendez point:?O�� bien ce grand esprit qui tout autre surmonte?�� l'obligation adjoustera la honte,?Et sa grace conjointe aux offices du bras?Nous fera confesser que nous sommes ingrats.
SCENE TROISIESME?TYGRANE.
Destin, Neptune, Amour, Dieux cruels, tristes Astres?Ne deliberez plus, achevez mes desastres,?Et vos foudres grondans en d'inutiles mains,?Que ne punissez-vous les crimes des humains??Souffrez-vous qu'un mortel brave vostre vengeance??Sans doute on vous croira de son intelligence,?Et si contre mon chef vos couroux sont si lens?De mon impunit�� naistront mille insolens;?Trop pitoyables Dieux vangez-vous de Tygrane,?J'ay trahy Pasith��e & tromp�� Celiane,?L'une en mon changement, l'autre par laschet��:?Celiane ressent mon infidelit��,?Et faute de secours, la belle Pasith��e?Est par ses ravisseurs indignement traict��e,?Cependant sur le point qu'elle s'en va perir?Je suis les bras croisez & la laisse mourir.?Ah! c'est trop endurer un ingrat sur la terre,?Cieux achevez mon sort par un coup de Tonnerre:?Ce tragique accident ne sera pas nouveau,?Le deluge du feu suivra celuy de l'eau,?Et mes membres espars sur cet humide empire?Auront en mesme temps l'un & l'autre martyre.?Mais qu'en vain pour avoir un remede �� mes maux?J'importune les Dieux puis qu'ils sont mes rivaux:?Vaste mer qui retiens mon ame & mes delices?Ouvre au moins �� mon corps tes affreux precipices,?Puisque desja ma vie est sur ton Element,?Prens ce qui reste encor d'un malheureux Amant.?Ah plustost par mes cris ta colere irrit��e?Emporte ma parole avecque Pasith��e!?Je la suivray pourtant, & mes tristes vaisseaux?Feront si promptement le grand tour de tes eaux,?Que je te forceray de me rendre ma Reyne,?Ou d'achever ma vie en achevant ma peine.
SCENE QUATRIEME?FALANTE, TYGRANE.?FALANTE.
O�� courez-vous Tygrane? Et quel aveuglement?Vous oblige �� revoir ce perfide Element,?Cependant que la Cour retentit
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.