le pays, ces derniers vingt ans le domaine ��tait demeur�� inhabit��. Les parents du comte actuel, deux ��tres jeunes et beaux, s'y ��taient aim��s au point de ne pouvoir survivre l'un �� l'autre. Henry y ��tait n�� quelques mois avant leur mort. Sa grand'm��re paternelle le recueillit, mais ne voulut plus remettre le pied dans cette contr��e, �� l'atmosph��re et au climat capiteux de laquelle elle attribuait la fin pr��matur��e de ses enfants. Kehlmark fut ��lev�� sur le continent, dans la capitale du royaume de Kerlingalande, puis, sur les conseils des m��decins, on l'avait envoy�� ��tudier dans un pensionnat international de la Suisse.
L��-bas, �� Bodemberg Schloss[1] o�� s'��tait ��coul��e son adolescence, Henry repr��senta longtemps un blondin gracile, l��g��rement menac�� d'an��mie et de consomption, la physionomie r��fl��chie et concentr��e, au large front bomb��, aux joues d'un rose mourant, un feu pr��coce ardant dans ses grands yeux d'un bleu sombre tirant sur le violet de l'am��thyste et la pourpre des nu��es et des vagues au couchant; la t��te trop forte ��crasant sous son faix les ��paules tombantes; les membres ch��tifs, la poitrine sans consistance. La constitution d��bile du petit Dykgrave le d��signait m��me aux brimades de ses condisciples, mais il y avait ��chapp�� par le prestige de son intelligence, prestige qui s'imposait jusqu'aux professeurs. Tous respectaient son besoin de solitude, de r��verie, sa propension �� fuir les communs d��lassements, �� se promener seul dans les profondeurs du parc, n'ayant pour compagnon qu'un auteur favori ou m��me, le plus souvent, se contentant de sa seule pens��e. Son ��tat maladif augmentait encore sa susceptibilit��. Souvent des migraines, des fi��vres intermittentes le clouaient au lit et l'isolaient durant plusieurs jours. Une fois, comme il venait d'atteindre sa quinzi��me ann��e, il pensa se noyer pendant une promenade sur l'eau, un de ses camarades ayant fait chavirer la barque. Il fut plusieurs semaines entre la vie et la mort, puis, par un ��trange caprice de l'organisme humain, il se trouva que l'accident qui avait failli l'enlever d��termina la crise salutaire, la r��action si longtemps souhait��e par son a?eule dont il ��tait tout l'amour et le dernier espoir. Avec les tuteurs du jeune comte, elle avait m��me fait choix de ce pensionnat si ��loign��, parce que celui-ci repr��sentait, en m��me temps qu'un coll��ge mod��le, un v��ritable Kurhaus situ�� dans la partie la plus salubre de la Suisse. Avant d'��tre converti en un gymnase cosmopolite destin�� aux jeunes patriciens des deux mondes, le Bodemberg Schloss avait ��t�� un ��tablissement de bains, rendez-vous des malades ��l��gants de la Suisse et de l'Allemagne du Sud. L'a?eule d'Henry avait donc compt�� sur le climat salubre de la vall��e de l'Aar et l'hygi��ne de cette maison d'��ducation, pour rattacher �� la vie, pour r��g��n��rer l'unique descendant d'une race illustre. Ce petit-fils idolatr��, n'��tait-il pas le seul enfant de ses enfants morts de trop d'amour?
Kehlmark recouvra non seulement la sant��, mais il se trouva gratifi�� d'une constitution nouvelle; non seulement une rapide convalescence lui rendit ses forces anciennes, mais il se surprit �� grandir, �� se carrer, �� gagner des muscles, des pectoraux, de la chair et du sang. Avec ce regain d'adolescence, il ��tait venu �� Kehlmark une candeur, une ing��nuit�� dont son ame, trop studieuse et trop r��fl��chie jusque-l��, ignorait la ti��deur et le baume.
Autrefois contempteur des travaux athl��tiques, �� pr��sent il se mit �� s'y entra?ner et finit par y exceller. Loin de bouder comme nagu��re aux p��rip��ties des gageures violentes, il se distinguait par son intr��pidit��, son acharnement; et lui qui, pour s'��pargner la fatigue d'une ascension dans le Jura, se cachait souvent dans les souterrains, au fond des anciennes ��tuves de la maison de bains, brillait maintenant parmi les plus infatigables escaladeurs de montagnes.
Il demeura, en m��me temps que liseur et homme d'��tude, grand amateur de prouesses physiques et de jeux d��coratifs; rappelant sous ce rapport les hommes accomplis, les harmonieux vivants de la Renaissance.
�� la mort de la douairi��re qu'il adorait, il ��tait venu s'��tablir dans le pays dont, depuis ses ann��es de coll��ge, il entretenait un souvenir filial et dont les habitants impulsifs et primesautiers devaient plaire �� son ame friande d'exub��rance et de franchise.
Les aborig��nes de Smaragdis appartenaient �� cette race celtique qui a fait les Bretons et les Irlandais. Au XVIe si��cle, des croisements avec les Espagnols y perp��tu��rent, y inv��t��r��rent encore la pr��dominance du sang brun sur la lymphe blonde. Kehlmark savait ces insulaires, tranchant par leur complexion nerveuse et fonc��e sur les populations blanches et rosatres qui les entouraient -- faire exception aussi, dans le reste du royaume, par une sourde r��sistance �� la morale chr��tienne et surtout protestante. Lors de la conversion de ces contr��es, les barbares de Smaragdis n'accept��rent le bapt��me qu'�� la suite d'une guerre d'extermination que leur firent les chr��tiens pour venger l'ap?tre saint Olfgar, martyris�� avec toutes sortes
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