Eric le Mendiant | Page 7

Pierre Zaccone
�� l'abb�� Kersaint, et franchit r��solument le seuil de la porte.
Cependant, on entendait toujours derri��re les arbres du verger les ��clats joyeux de la voix de Marguerite.

III
En sortant de Saint-Jean-du-Doigt, deux chemins conduisent au chateau de Kerhor, habitation d'��t�� de la m��re d'Octave: l'un a ��t�� ��tabli �� grands frais pour les voitures; l'autre s'est trouv�� tout naturellement trac�� par les pi��tons.
En quittant le presbyt��re, Tanneguy se mit �� gravir le petit sentier rocailleux qui suit les sinuosit��s capricieuses de la c?te jusqu'au chateau.
Il ��tait profond��ment agit��.
Son baton s'appuyait, avec un bruit sec, sur les pointes vives du roc, et sa main en serrait rudement de temps �� autre la poign��e. �� mesure que l'on s'��loigne de Saint-Jean-du-Doigt, l'aspect du sol devient monotone, apre et nu; la v��g��tation luxuriante de l'int��rieur des terres dispara?t; on n'aper?oit plus ?�� et l��, que quelques pousses souffreteuses qui essayent de v��g��ter sur les flancs inf��conds du roc, ou encore quelques prairies arides, o�� l'herbe a ��t�� fl��trie et br?l��e par les vents d'orage.
Bien que les rayons d'un soleil ��clatant ��clairassent ce tableau, tout cela ��tait d'une tristesse morne et d��sesp��r��e, et Tanneguy en re?ut une impression facheuse qui ajouta encore �� ses cruelles pr��occupations.
Tout �� coup, il s'arr��ta.
�� quelques pas devant lui, et sur la pointe extr��me d'un rocher qui dominait �� pic toute la gr��ve, venait de se dresser une mis��rable cabane recouverte de chaume.
Sur le seuil de cette cabane, un homme assis nonchalamment, accommodait philosophiquement les guenilles dont il ��tait v��tu.
Cet homme, Tanneguy le reconnut de suite.
C'��tait celui que, dans le pays, on appelait ��ric le mendiant.
Au cri sauvage que le vieux Breton poussa �� cette vue, le mendiant releva la t��te et palit.
Par une sorte de divination magn��tique, il avait pressenti quelque catastrophe, et con?ut un moment la pens��e de se soustraire �� cette visite indiscr��te... Mais il ��tait d��j�� trop tard.
Quand il voulut fuir, il se trouva en face du vieux Breton qui avan?ait.
Il fallait faire contre mauvaise fortune bon coeur, et ��ric, qui ne manquait pas d'adresse, alla r��solument au-devant du danger.
-- Bonjour, monsieur Tanneguy, dit-il en se d��couvrant avec humilit�� devant le vieux descendant du conn��table; le pauvre ��ric ne vous a point oubli�� ce matin dans ses pri��res, ni vous ni votre charmante fille, et s'il pla?t �� Dieu de les exaucer, les b��n��dictions du ciel descendront sur votre demeure.
-- Je vous remercie, ��ric, r��pondit Tanneguy en se contenant de son mieux, les pri��res des pauvres sont agr��ables �� Dieu, et je ne doute pas qu'il n'exauce les v?tres, si elles sont sinc��res.
-- En pouvez-vous douter? fit ��ric avec componction.
-- J'en ai dout�� quelquefois, repartit Tanneguy, dont les sourcils se fronc��rent malgr�� lui.
-- Cependant...
-- Cependant, j'ai �� vous parler, ma?tre ��ric.
-- �� moi?
-- �� vous-m��me.
-- J'allais sortir.
-- Vous sortirez plus tard.
-- Le matin, c'est le meilleur moment de la journ��e.
-- Eh bien! je vous en tiendrai compte, objecta brusquement Tanneguy en lui jetant une pi��ce de monnaie que le mendiant se hata de ramasser; mais j'ai �� vous parler, et il faut que je vous parle!
Le mendiant fit dispara?tre dans sa poche la pi��ce de monnaie qu'on venait de lui jeter, et montra sa cabane �� Tanneguy, comme pour l'inviter �� y entrer.
La cabane dont il s'agit avait ��t�� construite par le mendiant lui- m��me, avec quelques poutres que la mer avait jet��es sur la c?te un jour d'orage, et de la terre qu'il avait ramass��e sur la route; les pluies et les vents des nuits d'hiver l'avaient consid��rablement d��t��rior��e, et le toit, qui se composait de mauvaise paille et de branches d'arbres dess��ch��es, commen?ait d��j�� �� s'effondrer. Mais cette habitation, quelque ch��tive qu'elle f?t, suffisait �� ��ric, qui, d'ailleurs, n'y demeurait pas d'une mani��re r��guli��re et continue; dans les mauvais jours, il s'estimait encore heureux de trouver l�� un abri, qu'il n'��tait pas toujours certain de rencontrer ailleurs.
Une ou deux bottes de paille jet��es dans un coin lui servaient de lit, et la cabane n'avait pas d'autre ornement, si ce n'est un mauvais escabeau boiteux, que le mendiant devait �� la charit�� des domestiques du chateau de Kerhor.
Quand Tanneguy fut entr��, ��ric s'allongea sur sa botte de paille, son peu-bas �� gauche et sa besace �� droite. Il avait fait ses r��flexions: il avait devin�� tout de suite ce dont il s'agissait, et il ��tait d��cid�� �� affronter jusqu'au bout la col��re du vieux Breton; il n'ignorait pas que Tanneguy ��tait violent, emport��, et qu'il ne s'arr��terait peut-��tre pas devant les cons��quences extr��mes de son emportement; mais le mendiant se sentait fort, et, au surplus, il n'��tait pas fach��, que le hasard lui offrit l'occasion d'avoir une explication d��cisive avec le p��re de Marguerite.
Il n'��prouva donc aucune ��motion en voyant entrer ce dernier, et un sourire presque ironique vint m��me effleurer ses l��vres, lorsqu'il s'aper?ut
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