Eric le Mendiant | Page 5

Pierre Zaccone
n'auront pas trop �� se plaindre...
-- Vous avez raison, interrompit l'abb�� avec un soupir, mais il y a bien des pauvres gens dans nos campagnes...
En parlant ainsi, ils ��taient entr��s dans le presbyt��re; l'abb�� avait fait passer ses h?tes dans la salle �� manger, et on leur avait servi une collation frugale.
Toutefois, Marguerite grillait du d��sir de parcourir le jardin et le verger; le bon cur�� s'en aper?ut, il fit un signe �� Tanneguy, et ce dernier permit �� l'enfant de s'��loigner.
Cette derni��re ne se le fit pas r��p��ter, et quelques secondes apr��s, on entendit les ��clats de sa voix fra?che et sonore, retentir autour de l'habitation.
-- Une belle et joyeuse enfant que le bon Dieu vous a donn��e l��!... dit le vieil abb��, lorsque Marguerite eut disparu.
Tanneguy sourit avec un faux air de modestie, �� travers lequel ��clatait tout ton orgueil de p��re.
-- C'est ma seule consolation, r��pondit-il gravement, Dieu m'avait repris la m��re, c'��tait bien le moins, n'est-ce pas, qu'il m'envoyat un de ses anges pour la remplacer!...
-- Elle se fait grande d��j��...
-- Seize ans �� peine!...
-- Et vous ne songez point �� la marier?...
Tanneguy sourit encore, et montrant du geste Marguerite qui courait en ce moment sous les fen��tres de la salle �� manger:
-- La marier!... r��pondit-il, voyez-la... elle n'aime que les fleurs et les papillons; elle na?t �� peine, la pauvre enfant; je veux qu'elle ignore longtemps encore les soucis et les pr��occupations de la vie; tant qu'elle le voudra, je serai l�� pour lui ��pargner les douleurs qui sont le partage de la femme, et si Dieu me la conserve, comme il me l'a donn��e, je ferai en sorte qu'elle ne connaisse de ce monde que les pures joies et les bonheurs r��els...
Puis le vieux Tanneguy ajouta, mais cette fois avec une sorte de complaisance paternelle:
-- D'ailleurs, dit-il, Marguerite sera un jour, s'il pla?t �� Dieu, le plus riche parti de Lanmeur. Voil�� bient?t seize ans que je travaille pour elle... J'ai au pays une ferme qui m'appartient en propre, et qui est d'un assez bon rapport... j'ai achet�� derni��rement quelques bons arpents de terre; avec une belle paire de boeufs, et quelques chevaux de labour, cela lui fera une dot pr��sentable. Marguerite peut donc attendre et choisir. Je la laisse libre. Elle a ��t�� ��lev��e pieusement, je suis s?r d'elle comme de moi, et quand viendra le moment o�� il me faudra la remettre aux mains de celui qu'elle aura choisi, je m'y r��signerai sans crainte, bien certain d'avance que Dieu l'aura guid��e dans son choix, et que son choix sera bon!...
-- Brave Tanneguy!... interrompit le bon cur�� avec bonhomie, vous avez ��t�� le meilleur des maris, vous serez le meilleur des p��res.
-- Oh! ce me sera p��nible de me s��parer de ma jolie Marguerite, r��pondit Tanneguy en soupirant, mais je me suis fait �� cette id��e depuis longtemps, et quand viendra l'heure, je serai pr��t. D'ailleurs, ajouta-t-il avec un pale et triste sourire, vous le savez bien, monsieur Kersaint, j'ai toujours nourri en moi un d��sir secret, celui de me retirer au bord de la mer. Cela me rappellera mon ancien m��tier, et je m'ennuierai moins dans ma solitude si je puis, tous les matins, faire un tour sur la gr��ve. Il y a longtemps que je serais venu habiter Saint-Jean-du-Doigt, si je n'avais pas vu au cimeti��re de Lanmeur, le tombeau de ma pauvre femme!
-- Une brave et digne femme! interrompit l'abb��.
-- Ma petite Marga?t sera son portrait, repartit Tanneguy: m��me beaut�� sereine, m��me vivacit��, m��me coeur surtout!...
Le vieil abb�� suivait en ce moment les mouvements de Marguerite qui courait, ��blouie par les rayons du soleil, presque enivr��e par l'air vif et pur du matin. Une certaine gravit�� s'��tait tout �� coup r��pandue sur ses traits, et il reporta doucement son regard sur le visage de Tanneguy.
-- Tanneguy, lui dit-il alors d'une voix lente et comme s'il e?t pes�� chacune de ses paroles, il y a bien longtemps que vous n'��tiez venu au presbyt��re, et si vous aviez tard�� encore quelques jours, mon intention ��tait d'aller vous trouver �� Lanmeur.
-- Vraiment!... fit Tanneguy dont l'oeil s'��claira d'une joie sympathique.
-- Oui, poursuivit l'abb��, j'avais besoin de vous voir!...
-- Est-ce qu'il serait survenu quelque changement dans votre position?
-- Il ne s'agit pas de moi.
-- Et de qui donc?
-- De vous, mon ami.
Tanneguy regarda l'abb�� avec ��tonnement; jamais il ne l'avait vu si grave, et il sentait une vague terreur monter de son coeur et troubler d��j�� son esprit.
Pourtant, il tenta de faire bonne contenance.
-- Eh bien! reprit-il apr��s un moment de silence donn�� �� la surprise et �� l'��tonnement, je suis heureux de vous avoir ��pargn�� le voyage; je suis pr��t �� entendre ce que vous aviez �� me dire!... et croyez bien d'avance que vous me trouverez tout dispos�� �� suivre vos bons
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