En chine | Page 9

Judith Gautier
le charme factice du fard et m��me la vraie beaut�� qui s'en ornait, non moins que lui, ��ph��m��re!...
?Et ce roi! qu'est devenue la garde fringante qui accompagnait son char dor��!...
?De tant de biens, de tant de cr��atures, que lui reste-t-il aujourd'hui?... Rien de plus qu'un cheval de pierre sur son tombeau.
?Une profonde m��lancolie me vient; sur la natte que m'offre l'herbe douce, je m'assieds. Je commence �� chanter.... Mes larmes, qui d��bordent mouillent mes mains, me suffoquent...
?H��las, tour �� tour, chacun s'avance sur le chemin. Et tous savent bient?t qu'il ne conduit �� rien.?
En voici une de Li-Tai-P��, intitul��e:
JEUNESSE
?L'insouciant jeune homme qui habite sur le chemin des tombes imp��riales non loin du March�� d'or de l'est, sort de sa demeure au pas cadenc�� de son cheval blanc sell�� d'argent. Puis il le lance au galop �� travers le vent printanier.
?Sous les sabots, c'est comme un ��claboussement de p��tales, car les fleurs tomb��es forment partout un ��pais tapis. Il ralentit sa course, ind��cis... O�� irais-je? O�� donc m'arr��ter?...
?Un rire clair et l��ger, un rire de femme lui r��pond d'un bosquet voisin.
?Voil�� qui le d��cide: c'est �� ce cabaret qu'il s'arr��tera.?
De tous temps, les po��tes chinois ont uni la po��sie �� la musique, et ont chant�� leurs vers.
Ils les chantent encore, et tr��s probablement sur les m��lop��es d'autrefois!

CHAPITRE VI
L'ART DRAMATIQUE
C'est au XIIIe si��cle, sous la dynastie tartare des Yuen, qu'un empereur ordonna de rechercher toutes les pi��ces de th��atre ��crites dans les si��cles pr��c��dents, de choisir les meilleures, et de les r��unir. C'est alors que f?t form�� le c��l��bre recueil intitul�� ?Yuen-Jen-P��-Tohon.? ?Cent pi��ces de th��atre publi��es sous les Yuen.? C'est l�� le plus beau monument de la litt��rature dramatique des Chinois, et il alimente aujourd'hui encore le r��pertoire moderne.
Tous les genres sont repr��sent��s dans ce recueil: la trag��die historique, le drame domestique, les pi��ces mythologiques et f��eriques, la com��die de caract��res ou de moeurs, les drames judiciaires, les drames religieux.
Ces pi��ces sont divis��es, g��n��ralement, en quatre parties ou actes, pr��c��d��s souvent d'un court prologue. Le texte n'est pas partag�� en sc��nes, mais les entr��es et les sorties des personnages sont indiqu��es par ces mots--il monte--il descend; les apart��s sont marqu��s par cette phrase: Parler en tournant le dos--les parties chant��es sont grav��es en caract��res plus gros que ceux du dialogue parl��. Dans la r��daction de ces pi��ces, tous les styles, tous les langages sont employ��s selon le sujet. Il y a le langage historique, le langage po��tique ou lyrique, le style pompeux, grave ou familier.
La plupart de ces drames et de ces com��dies contiennent des beaut��s de premier ordre, mais elles ont, presque toutes, �� notre point de vue, un d��faut de composition, qui pourrait bien ��tre une r��gle, tant il se retrouve fr��quemment dans les pi��ces chinoises: c'est d'��tre partag��es en deux. Dans le premier acte, l'intrigue et le crime triomphent, dans les derniers s'accomplissent les vengeances et les chatiments. Les h��ros du commencement sont devenus vieux, leur fils, quelquefois leurs petits-fils, qu'on a vus enfants aux premiers actes, ou qui n'��taient pas encore n��s, sont des hommes et prennent en main les fils de l'intrigue qu'ils d��brouillent, pour remettre les choses �� peu pr��s en l'��tat o�� elles ��taient au commencement de la pi��ce. Ce syst��me a l'inconv��nient de partager l'int��r��t; le jeune homme, tardivement pr��sent�� aux spectateurs, n'a pas toujours le temps d'attirer les sympathies.
Le m��tier des com��diens est tr��s rude, en Chine; ils sont les v��ritables esclaves du directeur de la troupe qui les m��ne durement, et leur laisse peu de loisirs. Ils ont chacun leur emploi; il y a: le Tchin-Mo, premier r?le; le Siao-Mo, jeune homme; le Ouai, dignitaire; le Pai-lo, vieux p��re; le Tchen, personnage comique. Mais quand la troupe est peu nombreuse, ils sont tenus �� jouer deux et trois r?les dans la m��me pi��ce.
Les femmes ne paraissent pas sur la sc��ne; les travestissements des gar?ons de 16 �� 19 ans en jeunes filles ou en femmes, arrivent �� produire une compl��te illusion. Les jeunes gens choisis pour ces r?les sont beaux de visage, gracieux, petits et minces, ils laissent pousser leurs cheveux, se fardent habilement, et poussent la coquetterie jusqu'�� se mettre de faux petits pieds. Voici comment ils proc��dent: le talon repose sur un morceau de bois qui maintient le pied, la pointe en bas dans une position presque verticale, la pointe seule est chauss��e d'un petit soulier de soie brod��e d'or.
Des bandelettes enroul��es, le pantalon bouffant, attach�� au milieu du cou-de-pied, dissimulent un peu la fraude et la d��marche embarrass��e, qui r��sulte de ces arrangements, aide �� l'illusion. Que de dames chinoises, que de parvenues et de marchandes enrichies ont eu recours �� cet artifice! comme les jeunes acteurs.
Dans les grandes villes--�� P��kin, �� Shangha?--il y a des th��atres fixes, et ils sont am��nag��s le mieux du monde pour l'agr��ment
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