ne me m��le pas de vos moyens d'existence, je n'ai pas ce droit-l��. Je n'ai pas le bonheur... ou le malheur d'��tre votre m��re; mais je suis votre soeur... en Apollon, comme dit notre classique Bernard, et il m'est impossible de ne pas m'affliger de vos acc��s de paresse.
--Mais qu'est-ce que cela peut vous faire? s'��cria Laurent avec un m��lange de plaisir et de d��pit que Th��r��se sentit, et qui l'engagea �� r��pondre avec franchise.
--��coutez, mon cher Laurent, lui dit-elle, il faut que nous nous expliquions. J'ai beaucoup d'amiti�� pour vous.
--J'en suis tr��s-fier, mais je ne sais pourquoi!... Je ne suis m��me pas bon �� faire un ami, Th��r��se! Je ne crois pas plus �� l'amiti�� qu'�� l'amour entre une femme et un homme.
--Vous me l'avez d��j�� dit, et cela m'est fort ��gal, ce que vous ne croyez pas. Moi, je crois �� ce que je sens, et je sens pour vous de l'int��r��t et de l'affection. Je suis comme cela: je ne puis supporter aupr��s de moi un ��tre quelconque sans m'attacher �� lui et sans d��sirer qu'il soit heureux. J'ai l'habitude d'y faire mon possible sans me soucier qu'il m'en sache gr��. Or, vous n'��tes pas un ��tre quelconque, vous ��tes un homme de g��nie, et, qui plus est, j'esp��re, un homme de coeur.
--Un homme de coeur, moi? Oui, si vous l'entendez comme l'entend le monde. Je sais me battre en duel, payer mes dettes et d��fendre la femme �� qui je donne le bras, quelle qu'elle soit. Mais, si vous me croyez le coeur tendre, aimant, na?f...
--Je sais que vous avez la pr��tention d'��tre vieux, us�� et corrompu. Cela ne me fait rien du tout, vos pr��tentions. C'est une mode bien port��e �� l'heure qu'il est. Chez vous, c'est une maladie r��elle ou douloureuse, mais qui passera quand vous voudrez. Vous ��tes un homme de coeur, pr��cis��ment parce que vous souffrez du vide de votre coeur, une femme viendra qui le remplira, si elle s'y entend, et si vous la laissez faire. Mais ceci est en dehors de mon sujet; c'est �� l'artiste que je parle: l'homme n'est malheureux en vous que parce que l'artiste n'est pas content de lui-m��me.
--Eh bien, vous vous trompez, Th��r��se, r��pondit Laurent avec vivacit��. C'est le contraire de ce que vous dites! c'est l'homme qui souffre dans l'artiste et qui l'��touffe. Je ne sais que faire de moi, voyez-vous. l'ennui me tue. L'ennui de quoi? allez-vous dire. L'ennui de tout! Je ne sais pas, comme vous, ��tre attentif et calme pendant six heures de travail, faire un tour de jardin en jetant du pain aux moineaux, recommencer �� travailler pendant quatre heures, et ensuite sourire le soir �� deux ou trois importuns tels que moi, par exemple, en attendant l'heure du sommeil. Mon sommeil �� moi est mauvais, mes promenades sont agit��es, mon travail est fi��vreux. L'invention me trouble et me fait trembler: l'ex��cution, toujours trop lente �� mon gr��, me donne d'effroyables battements de coeur, et c'est en pleurant et en me retenant de crier que j'accouche d'une id��e qui m'enivre, mais dont je suis mortellement honteux et d��go?t�� le lendemain matin. Si je la transforme, c'est pire, elle me quitte: mieux vaut l'oublier et en attendre une autre: mais cette autre m'arrive si confuse et si ��norme, que mon pauvre ��tre ne peut pas la contenir. Elle m'oppresse et me torture jusqu'�� ce qu'elle ait pris des proportions r��alisables, et que revienne l'autre souffrance, celle de l'enfantement, une vraie souffrance physique que je ne peux pas d��finir. Et voil�� comment ma vie se passe quand je me laisse dominer par ce g��ant d'artiste qui est en moi, et dont le pauvre homme qui vous parle arrache une �� une, par le forceps de sa volont��, de maigres souris �� demi mortes! Donc, Th��r��se, il vaut bien mieux que je vive comme j'ai imagin�� de vivre, que je fasse des exc��s de toute sorte, et que je tue ce ver rongeur que mes pareils appellent modestement leur inspiration, et que j'appelle tout bonnement mon infirmit��.
--Alors, c'est d��cid��, c'est arr��t��, dit Th��r��se en souriant, vous travaillez au suicide de votre intelligence? Eh bien, je n'en crois pas un mot. Si on vous proposait d'��tre demain le prince D... ou le comte de S..., avec les millions de l'un et les beaux chevaux de l'autre, vous diriez, en parlant de votre pauvre palette si m��pris��e: Rendez-moi ma mie!
--Ma palette m��pris��e? Vous ne me comprenez pas, Th��r��se! C'est un instrument de gloire; je le sais bien, et ce que l'on appelle la gloire, c'est une estime accord��e au talent, plus pure et plus exquise que celle que l'on accorde au titre et �� la fortune. Donc, c'est un tr��s-grand avantage et un tr��s-grand plaisir pour moi de me dire: ?Je ne suis qu'un petit
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.