nous qu'ont été faites les basiliques de Rome ou d'Orient? Laissons à Rome ce qui est à Rome, à Athènes ce qui est à Athènes. Rome, la reine du monde chrétien, a eu le bon sens de garder son architecture. Rome n'a pas voulu (peut-être seule en Europe) de notre gothique, et elle a bien fait; car, lorsqu'on a le bonheur de posséder une architecture nationale, le mieux est de la garder. Voilà, messieurs, un exemple qu'elle nous donne, cette Rome que vous vantez à bon droit, et cet exemple en vaut bien un autre. Le christianisme n'a jamais été exclusif, dites-vous; cela est vrai, le culte catholique est l'expression d'une religion assez grande et assez belle, pour dire imposant partout. Mais est-ce a dire pour cela qu'il doive s'accommoder de tout; qu'il soit disposé à prendre pour temples, dans un même diocèse, des salles de thermes et des basiliques antiques, des rotondes et des églises byzantines, des croix grecques et des croix latines? Faut-il, parce que ce culte a pu être exercé dans des carrières et dans des ruines antiques, le soumettre aujourd'hui à toutes les fantaisies qu'il pla?t et qu'il plairait encore aux inventeurs d'architecture de lui imposer? Quand nous avons chez nous, dans toutes nos villes, un art complet, applicable, né sur notre sol, envié par toute l'Europe, un art qui vous cause à vous-mêmes des émotions si vives, comment se fait-il que ce soit précisément celui-là dont vous ne vouliez pas? Serait-ce parce que ceux qui, après tant d'efforts, ont su l'amener à sa perfection n'étalent pas de l'Académie des Beaux-Arts?... Vous nous permettez de le dépecer, cet art, de prendre des bribes par-ci par-là, d'y mêler d'autres éléments étrangers, et d'en faire quelque chose pour notre usage. Mais cela est-il possible? L'unité, messieurs, cette grande loi que les anciens ont si bien su nous enseigner dans leurs écrits, par leurs monuments, et que vous-mêmes vous avez prêchée, qu'en faites-vous? vous? ?C'est de la conception d'un monument que dépend cette unité d'intention et de vues qui doit devenir le lien commun de toutes les parties. Aussi faut-il qu'un monument émane d'une seule intelligence, qui en combine l'ensemble, de telle manière qu'on ne puisse, sans en altérer l'accord, ni en rien retrancher, ni rien y ajouter, ni rien y changer[4].? Ce n'est pas moi qui parle, messieurs; c'est M. Quatremère de Quincy. écoutez encore ceci: ?On appelle ainsi (l'unité de système et de principes) celle qui consiste à ne point confondre dans le même édifice certaines diversités qui sont le produit, chez différentes nations, d'un principe originaire particulier, et de types formés sur des modèles sans rapports entre eux.? Toujours M. Quatremère.
[Note 4: Dictionnaire historique d'Architecture, t. II, p. 636.]
Vous vous étiez faits pa?ens, messieurs; aujourd'hui, serrés de près par l'opinion des gens qui ont étudié l'art national, vous vous faites éclectiques, et vous feriez, s'il le fallait, d'autres concessions à nos principes pour éviter d'être franchement de votre pays. Vous jetez votre plus précieux bagage à la mer, à l'heure qu'il est; vous renoncez à l'unité, pour sauver le vaisseau de l'Académie. Nous craignons que vous ne sauviez rien, et que vous ne détruisiez l'école. Lorsque l'Académie des Beaux-Arts installait franchement l'antiquité chez nous, avec toutes ses conséquences, il y avait au moins unité, harmonie dans l'enseignement, dans les exemples et dans les résultats. C'était un art dont la forme était en désaccord avec nos moeurs et notre climat; mais c'était un art admirable, sur lequel il était aisé de fonder un enseignement. Aujourd'hui vous prêchez l'anarchie, l'éclectisme, messieurs! Mais vous mettez le feu aux quatre coins de l'école! Comment? vous allez dire à vos élèves (je vous cite): ?Recueillez dans le passé, choisissez dans le présent...? Mais que choisir? vous répondra-t-on. L'Académie croit qu'avec cela nous aurons une architecture de notre époque; nous aurons ce que nous avons depuis vingt ans, du désordre. Pour nous, le désordre nous fatigue; nous n'en voulons plus, et, autant qu'il dépendra de nous, nous le combattrons, qu'il vienne d'en haut ou d'en bas. J'en appelle aux architectes qui font partie de l'Académie des Beaux-Arts, à ceux qui ont construit toutefois; est-ce à l'aide de théories aussi vagues que l'on élève un édifice, est-ce avec des phrases bien tournées que vous donnerez, dès le sol, un aspect d'unité à votre monument? Une fois le crayon à la main, le papier devant vous, et les ouvriers prêts à exécuter vos ordres, chercherez-vous cette pierre philosophale introuvable, ?une architecture recueillie dans le passé... choisie dans le présent... qui ait une physionomie toute fran?aise...; qui, avec toutes les ressources de notre age, réponde à tous les besoins de notre culte, et qui soit à la fois marquée du sceau du christianisme et du génie de notre société?? à l'oeuvre! ?car c'est évidemment là
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