pierre philosophale introuvable, «une
architecture recueillie dans le passé... choisie dans le présent... qui ait
une physionomie toute française...; qui, avec toutes les ressources de
notre âge, réponde à tous les besoins de notre culte, et qui soit à la fois
marquée du sceau du christianisme et du génie de notre société?» À
l'oeuvre! «car c'est évidemment là ce que la raison conseille; c'est ce
que demande l'intérêt de l'art.»--C'est incontestable, messieurs! mais
c'est ce que la plume peut dire, et ce que le crayon ne peut faire. Pour
élever quoi que ce soit, ne fût-ce qu'une guérite, il nous faut un art
arrêté, coordonné par un système qui soit soumis à des principes et à
des règles infranchissables. C'est pour avoir méconnu un instant ces
règles et ces principes, en voulant mêler l'architecture antique aux
traditions du moyen âge, que la Renaissance n'a produit que des
oeuvres quelquefois attrayantes, mais toujours bâtardes, et qui, de chute
en chute, nous ont conduits à l'anarchie, d'où vous ne nous aidez guère
à sortir. Pour Dieu, messieurs, reprenez l'antiquité pure si vous voulez,
mais n'appelez pas le désordre pour nous combattre. En suivant les
principes émis dans le manifeste, à savoir, qu'il ne faut pas plus imiter
le siècle de Périclès que celui de saint Louis, qu'il est bon de prendre
partout dans le passé et le présent «pour créer un art» comme si l'on
créait un art! l'Académie, pour être conséquente, aura donc demain, à
l'école des Beaux-Arts, des professeurs d'architecture grecque, romaine,
gothique, de la renaissance, qui se critiqueront les uns les autres, qui
détruiront leurs systèmes réciproquement. On enseignera le même jour,
à une heure de distance, la construction grecque et la construction
gothique; on démontrera aux mêmes élèves comme quoi la plate-bande
l'emporte sur l'arc, et l'arc sur la plate-bande; et ce sera là créer un
art!--Miséricorde! Si nos fils se font architectes, que deviendront-ils
dans cette tour de Babel? Voilà où la terreur du gothique vous a
conduits, messieurs!... Est-ce à nous de vous rappeler à vos convictions,
à vos doctrines d'autrefois? Divisés en autant de sectes qu'il y a de
membres à l'Académie, un point seul vous trouve sinon unanimes, du
moins en majorité; c'est le mépris de la seule architecture vraiment
nationale; car, permettez-nous de vous le répéter, messieurs, nous ne
pouvons regarder comme bien sincère l'éloge que vous en faites au
commencement de vos «Considérations», puisque vous avez eu le soin
d'en diminuer toute la valeur quelques pages plus loin...
Oserons-nous exprimer un doute qui nous vient? Avez-vous eu le loisir
d'étudier cette architecture que vous proscrivez, d'en suivre tous les
développements, d'en examiner les ressources? Je dois vous avouer que
les «Considérations» de l'Académie des Beaux-Arts ont mis quelque
incertitude dans notre esprit à cet égard. «L'Académie (dites-vous),
après avoir entendu les observations particulières dictées à
quelques-uns de ses membres par la connaissance profonde de l'art
qu'ils exercent, a pu se convaincre que, sous le rapport de la solidité, les
églises gothiques manquaient des conditions qu'exigerait aujourd'hui la
science de l'art de bâtir.»
Nous ne voudrions pas faire de rapprochements fâcheux, quoique
certainement la tentation soit forte; cependant la vérité est une si belle
chose que la déguiser dans certains cas est une honte. D'un côté, voici
des monuments qui durent depuis six ou sept cents ans, malgré un
climat destructeur, malgré «trois siècles d'abandon», malgré des
restaurations souvent plus funestes que l'abandon même, malgré les
incendies et les révolutions; des monuments qui sont encore d'un usage
journalier, qui sont commodes, et ne demandent souvent que des
restaurations qui équivalent à un simple entretien.--Ces monuments-là
ne sont pas solides, «ils manquent des conditions qu'exige aujourd'hui
la science de l'art de bâtir!»--D'un autre côté, nous voyons des édifices,
véritables carrières de pierre, qui ne sont élevés qu'avec des moyens
factices, qui, lorsqu'on les examine avec soin, ne présentent que des
armatures en fer, qu'une décoration n'indiquant ni la nature, ni la
dimension des matériaux, qu'un assemblage monstrueux d'arcs portant
des plates-bandes suspendues à des chaînes, de chapiteaux ou de
corniches composés de quatre ou cinq assises, de soffites formés de
claveaux, de contreforts dissimulés par l'épaisseur uniforme et inutile
des murs, de voûtes sphériques masquées sous des combles de
basiliques, de clochers portant à faux, de toits plats qu'il faut balayer
par les temps de neige...--Sont-ce là des monuments solides, parce
qu'ils résument «la science de l'art de bâtir aujourd'hui?»--Je ne suis pas
bien vieux, et cependant il m'a semblé déjà voir quelques-uns de ces
monuments modernes (entretenus du reste avec un soin tout particulier),
échafaudés pendant des mois entiers, à l'effet de remplacer des dizaines
de mètres de ces grosses corniches dont la saillie exagérée semble folie
pour arrêter les eaux au lieu de les déverser. J'ai cru voir souvent
quelques-unes de ces colonnes, composées

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