Levasseur (de la Sarthe), tome II.] Il se r��v��la l'incarnation vibrante et vivante de la d��fense nationale �� l'heure la plus tragique de la race fran?aise.
Cette d��fense, la Terreur l'assura �� l'int��rieur et �� l'ext��rieur. �� l'instant m��me o�� elle triomphait de toutes r��sistances, Danton faiblit. Pour la premi��re fois il recula, il se sentit fl��chir sous l'��norme poids de cette responsabilit�� et il douta de lui-m��me et de la justice de la post��rit��. Et celui que Garat appelait un grand seigneur de la Sans-culotterie [Note: Louis BLANC, Histoire de l�� R��volution fran?aise, t. VII, p. 97.] eut comme honte de ce qui lui allait assurer une ind��fectible gloire. Et c'est l'heure que la r��action guette, dans cette noble et courageuse vie, pour lui impartir sa d��daigneuse indulgence; c'est l'heure o�� elle est tent��e d'absoudre Danton des coups qu'il lui porta, au nom d'une cl��mence qui ne fut chez lui que de la lassitude.
III
C'est contre cet outrageant ��loge de la cl��mence de Danton qu'il faut d��fendre sa m��moire. La r��action honore en lui la victime de la piti�� et de Robespierre. C'est pour avoir tent�� d'arr��ter la marche de la Terreur qu'il succomba, r��p��te le th��me habituel des apologistes malgr�� eux.
Il faut bien le dire: pour faire tomber Danton, il ne fallut que Danton lui-m��me, et, si cette mort fut le crime de Maximilien, elle fut aussi son devoir.
La Gironde abattue, Danton se trouva en pr��sence de deux partis r��unis cependant par les m��mes int��r��ts: les H��bertistes �� la Commune, les Montagnards �� la Convention. Entre eux point de place pour les mod��r��s, ce mod��r�� f?t-il Danton. Il revenait, lui, de sa ferme d'Arcis-sur-Aube, de cette maison paysanne dont le calme et le repos demeuraient son seul regret dans la terrible lutte. Il estimait avoir fait son devoir jusqu'au bout, il estimait peut-��tre aussi que la R��volution ��tait au terme de son ��volution, qu'elle ��tait d��sormais ��tablie sur des bases indestructibles. On sait quelles illusions c'��taient l�� en 1794. Pourtant Danton y crut, il y crut pour l'amour du repos, par lassitude.
Il s'arr��ta alors qu'il e?t fallu continuer la rude marche, il s'arr��ta alors que la Patrie demandait un dernier effort. Son influence ��tait puissante encore; vers cette grande t��te ravag��e et illumin��e se tournaient un grand nombre de regards sur les bancs de la Montagne. De cette bouche ��loquente, pleine d'��clats ��teints, de foudres muettes, pouvait venir le mot d'ordre fatal. La lassitude de Danton pouvait ��tre prise par les Dantonistes comme une r��probation; un mot de fatigue pouvait ��tre interpr��t�� comme un ordre de recul. Reculer, c'��tait condamner la Terreur, la paralyser au moment de son dernier effort. Et c'est ici que le devoir de Maximilien s'imposa: il lui fallut choisir de la R��volution ou de Danton. Il choisit. C'est ce devoir qu'on lui impute comme un crime.
Et pourtant! pourtant, oui, c'��tait un crime, cet aust��re, atroce et formidable Devoir! L'homme qu'il fallait frapper au nom du progr��s r��volutionnaire parce qu'il devenait un danger, cet homme avait r��veill�� l'��nergie guerri��re de la France, cet homme avait, pour appeler �� la d��fense du sol, trouv�� des mots qui avaient emport�� et d��chir�� le coeur du peuple, il avait ��t�� son incarnation, son ��cho, sa bouche d'airain. Cet homme avait propos�� tout ce qui avait sauv�� la Patrie et c'��tait au nom de ces m��mes mesures qu'il importait de le frapper. Et il fut frapp��.
Robespierre ne se r��signa point �� l'atroce tache avec la joie sauvage, la cruaut�� froide et la facilit�� dont on charge sa m��moire. Un de ceux qui se d��cid��rent �� abattre Danton sans discuter, Vadier, ce m��me Vadier qui disait: "Nous allons vider ce Turbot farci!", Vadier reconnut plus tard qu'il lui avait, au contraire, fallu vaincre l'opposition de Robespierre, le retard que l'Incorruptible apportait �� se d��cider pour l'arrestation de son ancien ami. Non point qu'il n'en avait pas compris la n��cessit��, nous venons de montrer que pour l'inflexibilit�� de Robespierre la chose ��tait un devoir, mais parce qu'il lui r��pugnait d'arracher de son coeur le souvenir de l'amour que Danton avait port�� �� la patrie. Cet aveu de Vadier fut consign�� par Taschereau-Fargues, dans une brochure devenue rare, o��, rapportant les d��tails de l'arrestation, il ajoute: "Pourquoi ne dirai-je point que cela fut un assassinat m��dit��, pr��par�� de longue main, lorsque deux jours apr��s cette s��ance o�� pr��sidait le crime, le repr��sentant Vadier, me racontant toutes les circonstances de cet ��v��nement, finit par me dire: que Saint-Just, par son ent��tement, avait failli occasionner la chute des membres des deux comit��s, car il voulait, ajouta-t-il, que les accus��s fussent pr��sents lorsqu'il aurait lu le rapport �� la Convention nationale; et telle ��tait son opiniatret�� que, voyant notre opposition formelle, il jeta de rage son chapeau dans le feu, et nous planta l��. Robespierre ��tait aussi
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