du principe de gradation
générale; il conclut que les espèces ont éprouvé des modifications qu'il
attribue au changement des conditions. L'auteur (1855) a aussi étudié la
psychologie en partant du principe de l'acquisition graduelle de chaque
aptitude et de chaque faculté mentale.
En 1852, M. Naudin, botaniste distingué, dans un travail remarquable
sur l'origine des espèces (Revue horticole, p. 102, republié en partie
dans les Nouvelles Archives du Muséum, vol. I, p. 171), déclare que les
espèces se forment de la même manière que les variétés cultivées, ce
qu'il attribue à la sélection exercée par l'homme. Mais il n'explique pas
comment agit la sélection à l'état de nature. Il admet, comme le doyen
Herbert, que les espèces, à l'époque de leur apparition, étaient plus
plastiques qu'elles ne le sont aujourd'hui. Il appuie sur ce qu'il appelle
le principe de finalité, «puissance mystérieuse, indéterminée, fatalité
pour les uns, pour les autres volonté providentielle, dont l'action
incessante sur les êtres vivants détermine, à toutes les époques de
l'existence du monde, la forme, le volume et la durée de chacun d'eux,
en raison de sa destinée dans l'ordre de choses dont il fait partie. C'est
cette puissance qui harmonise chaque membre à l'ensemble en
l'appropriant à la fonction qu'il doit remplir dans l'organisme général de
la nature, fonction qui est pour lui sa raison d'être» [Il paraît résulter de
citations faites dans Untersuchungen über die Entwickelungs- Gesetze,
de Bronn, que Unger, botaniste et paléontologiste distingué, a publié en
1852 l'opinion que les espèces subissent un développement et des
modifications. D'Alton a exprimé la même opinion en 1821, dans
l'ouvrage sur les fossiles auquel il a collaboré avec Pander. Oken, dans
son ouvrage mystique Natur -- Philosophie, a soutenu des opinions
analogues. Il paraît résulter de renseignements contenus dans l'ouvrage
Sur l'Espèce, de Godron, que Bory Saint Vincent, Burdach, Poiret et
Fries ont tous admis la continuité de la production d'espèces nouvelles.
-- Je dois ajouter que sur trente-quatre auteurs cités dans cette notice
historique, qui admettent la modification des espèces, et qui rejettent
les actes de création séparés, il y en a vingt-sept qui ont écrit sur des
branches spéciales d'histoire naturelle et de géologie.]
Un géologue célèbre, le comte Keyserling, a, en 1853 (Bull. de la Soc.
géolog., 2° série, vol. X, p. 357), suggéré que, de même que de
nouvelles maladies causées peut-être par quelque miasme ont apparu et
se sont répandues dans le monde, de même des germes d'espèces
existantes ont pu être, à certaines périodes, chimiquement affectés par
des molécules ambiantes de nature particulière, et ont donné naissance
à de nouvelles formes.
Cette même année 1853, le docteur Schaaffhausen a publié une
excellente brochure (Verhandl. des naturhist. Vereins der Preuss.
Rheinlands, etc.) dans laquelle il explique le développement progressif
des formes organiques sur la terre. Il croit que beaucoup d'espèces ont
persisté très longtemps, quelques-unes seulement s'étant modifiées, et il
explique les différences actuelles par la destruction des formes
intermédiaires. «Ainsi les plantes et les animaux vivants ne sont pas
séparés des espèces éteintes par de nouvelles créations, mais doivent
être regardés comme leurs descendants par voie de génération
régulière.»
M. Lecoq, botaniste français très connu, dans ses Études sur la
géographie botanique, vol. I, p. 250, écrit en 1854: «On voit que nos
recherches sur la fixité ou la variation de l'espèce nous conduisent
directement aux idées émises par deux hommes justement célèbres,
Geoffroy Saint-Hilaire et Goethe.» Quelques autres passages épars dans
l'ouvrage de M. Lecoq laissent quelques doutes sur les limites qu'il
assigne à ses opinions sur les modifications des espèces.
Dans ses Essays on the Unity of Worlds, 1855, le révérend Baden
Powell a traité magistralement la philosophie de la création. On ne peut
démontrer d'une manière plus frappante comment l'apparition d'une
espèce nouvelle «est un phénomène régulier et non casuel», ou, selon
l'expression de sir John Herschell, «un procédé naturel par opposition à
un procédé miraculeux».
Le troisième volume du Journal ot the Linnean Society, publié le 1er
juillet 1858, contient quelques mémoires de M. Wallace et de moi, dans
lesquels, comme je le constate dans l'introduction du présent volume,
M. Wallace énonce avec beaucoup de clarté et de puissance la théorie
de la sélection naturelle.
Von Baer, si respecté de tous les zoologistes, exprima, en 1859 (voir
prof. Rud. Wagner, Zoologische-anthropologische Untersuchungen, p.
51, 1861), sa conviction, fondée surtout sur les lois de la distribution
géographique, que des formes actuellement distinctes au plus haut
degré sont les descendants d'un parent-type unique.
En juin 1859, le professeur Huxley, dans une conférence devant
l'Institution royale sur «les types persistants de la vie animale», a fait
les remarques suivantes: «Il est difficile de comprendre la signification
des faits de cette nature, si nous supposons que chaque espèce
d'animaux, ou de plantes, ou chaque grand type d'organisation, a été
formé et
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