d'aiguillettes, deux coiffes de toile, une ��p��e et un haquet, avec leur fourreau, ?un baston garny d'esp��e?, trois paires de mors, trois livres d'amandes, une de poires, une demi-livre de coton, de la poudre, un chapeau et les approvisionnements pharmaceutiques de rigueur. Chaque objet est indiqu�� avec le prix en regard.
Martial de Gay, quand il revient de Paris, rapporte, lui aussi, maint objet utile, mais surtout des parures et des bijoux pour sa jeune et charmante femme, Barbe Chenaud. C'est tant?t un ?manchon de velours? avec sa broderie d'or; tant?t des ?boutons d'or? pour orner un agnus; tant?t une ?bourse brod��e? ou un ?porte-fraise?; tout cela sans pr��judice des aigui��res et bassins d'argent, coffres de bahut, toile ouvr��e �� faire nappes, et autres objets destin��s au m��nage.
En nous initiant �� tous les travaux de construction ou de r��paration qu'ils font ex��cuter, les auteurs des livres de raison nous fournissent de pr��cieux d��tails sur ces batiments eux-m��mes, leur am��nagement, leur disposition, leurs commodit��s et leurs inconv��nients. G��rald et Jean Massiot, de Saint-L��onard (1431-1490), nous montrent les aqueducs et les ��gouts municipaux se dirigeant �� travers les caves et les souterrains qui s'��tendent sous les maisons, et le domaine priv�� et le domaine public s'enchev��trant en d'inextricables d��dales. A la m��me ��poque, Etienne Benoist (1426-1451?) nous entretient des difficult��s que pr��sente le nettoyage de certains cloaques et des pr��cautions �� prendre pour proc��der �� cette d��licate op��ration. Vielbans, consul de Brive (1571-1598) fait conna?tre par quelques passages de son registre combien l'h?tel de ville est alors en mauvais ��tat. Nous trouvons enfin dans le manuscrit de Martial de Gay de nombreux d��tails sur sa belle maison du Portail-Imbert, dont il afferma longtemps une partie au moins aux officiers de la G��n��ralit��. En 1597, par exemple, nous le voyons refaire les vitraux de la ?salle neuve?, qui sont d��cor��s alors de quatre ��cussons repr��sentant: le premier, l'��cu de France; le second, l'��cu de Navarre; le troisi��me, les propres armoiries du ma?tre du logis, et le quatri��me, celles de sa femme. Dans un voyage �� Paris, le lieutenant-g��n��ral avait achet�� deux tableaux: le portrait de La reine Marguerite et celui de la reine Louise; il les avait plac��s dans des cadres or et noir, avec des rideaux de taffetas pour pr��server les peintures, suivant une coutume fort r��pandue �� cette ��poque et qu'observent religieusement de nos jours certains mus��es et certaines ��glises de Belgique et d'ailleurs, non point, imaginons-nous, dans le seul but de m��nager les couleurs des chefs-d'?uvre dont ils ont la garde.
Ce ne sont pas l��, du reste, les seuls tableaux que Martial e?t dans sa maison; il poss��dait aussi le portrait de sa femme et le sien, ex��cut��s, vraisemblablement, �� Limoges, par un Italien du nom de Georges.
Il faut le reconna?tre: nos manuscrits limousins fournissent peu de renseignements pour l'histoire de l'art. Nos p��res, quand ils savaient dessiner, utilisaient tout feuillet blanc qui leur tombait sous la main. Un vieux trait�� de perspective (De artificiali perspectiva, Toul, 1521), reli�� avec les Regole generale de archiettura, de Serlio, et conserv�� �� la Biblioth��que communale de Limoges, montre sur ses marges et ses pages blanches de curieux dessins �� la plume et �� la sanguine, ex��cut��s en 1609 et 1610, par Jean Guibert, ?maistre escripvain et painctre?. Les livres de raison, comme les ouvrages de biblioth��que, sont parfois illustr��s de la sorte. Tel est celui que nous attribuons �� Jacques Geoffre, de Brive (1698-1774); plusieurs de ses pages sont couvertes de dessins �� la sanguine, retouch��s �� l'encre, et non sans int��r��t. On y voit des esquisses de la t��te du Christ, de la Vierge, de saint Jean, des saintes femmes; des ��tudes assez curieuses pour les figures et le geste des bourreaux de la flagellation; des portraits, etc. Antoine Reissent, cur�� de Goulles, a coll�� sur son registre (1668-1674) un certain nombre de gravures dont la plupart sont trac��es d'une pointe na?ve �� l'exc��s et passablement barbare. --Par malheur, nous ne connaissons de livre de raison d'aucun de nos artistes du XVIe si��cle, d'aucun de nos grands ��mailleurs; mais de ce que nous n'en avons pas d��couvert encore, il ne s'ensuit pas qu'on doive renoncer �� en trouver. Ne poss��de-t-on pas le pr��cieux Tagebuch d'Albert D��rer? Pourquoi d��sesp��rer de mettre la main sur le registre domestique d'un L��onard Limosin, d'un Pierre Raymond ou d'un autre de ces artisans illustres qui se sont si largement inspir��s de l'oeuvre du ma?tre allemand? Ce serait l��, pour l'histoire de l'art fran?ais comme pour l'histoire de Notre province, une trouvaille sans prix.
Les livres de raison ne fournissent pas seulement des d��tails sur les habitations priv��es, sur leur ameublement et les oeuvres d'art qui les d��corent. Nous avons d��j�� signal��, dans le manuscrit de Veilbans, quelques indications sur l'��tat de la maison commune de Brive; il en
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