Curiosites Infernales | Page 7

P. L. Jacob
lieu, selon la coustume, des cas divers et scrupules de conscience, Satan en forme d'homme lui apparut et le pria de permettre qu'il communiquast avec lui; sur ce il commence a desgorger des horribles blasphemes contre le Sauveur du monde. Touer lui resiste et le refute par tesmoignages formels recueillis de l'Escriture sainte, que ce malheureux esprit tout confus, laissant la place infectee de puanteur insupportable s'esvanouit."
"Un moine nomme Thomas, dit Alexandre d'Alexandrie[1], personnage digne de foy, et la preud'hommie duquel j'ay esprouvee en plusieurs afaires m'a raconte pour chose vraye, avec serment, qu'ayant eu debat de grosses paroles avec certains autres moines, apres s'estre dit force injures de part et d'autre, il sortit tout bouillant de cholere d'avec eux et se promenant seul en un grand bois rencontra un homme laid, de terrible regard, ayant la barbe noire, et robe longue. Thomas lui demande ou il alloit? J'ay perdu, respondit-il, ma monture, et vai la cercher en ces prochaines campagnes. Sur ce ils marchent de compagnie pour trouver ceste monture, et se rendent pres d'un ruisseau profond. Le moine commence a se deschausser pour traverser ce ruisseau: mais l'autre le presse de monter sur ses espaules, promettant le passer a l'aise. Thomas le croid, et charge dessus l'embrasse par le col: mais baissant les yeux pour voir le gue, il descouvre que son portefaix avoit des pieds monstrueux et du tout estranges. Dont fort estonne, il commence a invoquer Dieu a son aide. A ceste voix, l'ennemi confus jette sa charge bas, et grondant de facon horrible disparoit avec tel bruit et de si extraordinaire roideur, qu'il arrache un grand chesne prochain et en fracasse toutes les branches. Thomas demeura quelque temps comme demy-mort, par terre, puis s'estant releve, reconnut que peu s'en estoit falu que ce cruel adversaire ne l'eust fait perir de corps et d'ame."
[Note 1: Au IVe livre, chap. XIX de ses Jours geniaux, cite par Goulart, _Thresor d'histoires admirables_, t. Ier, p. 535.]

III.--ENLEVEMENTS PAR LE DIABLE
J. Wier[1] rapporte cette histoire d'une femme emportee par le diable:
[Note 1: _Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables, des magiciens, infames, sorciers et empoisonneurs, le tout compris en 5 livres_, traduit du latin, de Jean Wier, sans date, vers 1577.]
"L'an 1551 il advint pres Megalopole joignant Wildstat, les festes de la Pentecoste, ainsi que le peuple se amusoit a boire et ivrongner, qu'une femme que estoit de la compagnie, nommoit ordinairement le diable parmy ses jurements, lequel en la presence d'un chacun l'enleva par la porte, et la porta en l'air. Les autres qui estoyent presens sortirent incontinent tous estonnez pour voir ou ceste femme estoit ainsi portee, laquelle ils virent hors du village pendue quelque temps au haut de l'air, dont elle tomba en bas et la trouverent apres morte au milieu d'un champ."
D'apres Textor[1]: "Il y en eut un lequel ayant trop beu, se print a dire, en follastrant, qu'il ne pouvoit avoir une ame, puisqu'il ne l'avoit point veue. Son compagnon l'acheta pour le prix d'un pot de vin, et la revendit a un tiers la present et inconnu lequel tout a l'heure saisit et emporta visiblement ce premier vendeur au grand estonnement de tous."
[Note 1: En son Traicte de la nature du vin, liv I, ch. XIII, cite par Goulart, Thresor des histoires admirables, t. III, p. 67.]
Crespet[1] cite d'autres exemples d'enlevements par le diable: "Tesmoing, dit-il, ce grand usurier qui dernierement voyant que les bleds estoient a bon prix se desespera et appellant le diable il le veit incontinent a son secours, qui l'emporta au haut d'un chesne et le jectant du haut en bas, lui rompit le col.
[Note 1: De la hayne de Sathan, p. 379.]
"Un autre qui avoit perdu son argent au jeu; apres qu'il eut blaspheme le nom de Dieu et de la Vierge Marie, fut visiblement emporte par le diable, auquel il s'estoit voue."
Chassanion[1] rapporte que "Jean Francois Picus, comte de la Mirande, tesmoigne avoir parle a plusieurs lesquels s'estant abusez apres la veine esperance des choses a venir, furent par apres tellement tourmentez du diable avec lequel ils avoyent fait certain accord, qu'ils s'estimeroyent bien heureux d'avoir la vie sauve. Dit d'avantage que de son temps il y eut un certain magicien, lequel promettoit a un trop curieux et peu sage prince de lui representer comme en un theatre du siege de Troyes, et lui faire voir Achilles et Hector en la maniere qu'ils combattoyent. Mais il ne peut l'executer se trouvant empesche par un autre spectacle plus hideux de sa propre personne. Car il fut emporte en corps et en ame par un diable sans que depuis il soit comparu."
[Note 1: En son Histoire des jugemens de Dieu, liv. I, ch. II, cite par Goulart, Thresor des histoires admirables, t. II, p. 718.]
Le Loyer[1] raconte
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