n'auront pas de reproches �� me faire. J'ai r��sist�� �� la voix du socialisme mal entendu qui me criait que je faisais des r��serves. Il y en a qu'il faut faire et on ne m'a pas ��branl��e. Une th��orie ne peut pas ��tre appliqu��e sans r��serve dans une soci��t�� qui ne l'accepte pas. J'ai fait beaucoup d'ingrats, cela m'est ��gal. J'ai fait quelques heureux et sauv�� quelques braves gens. Je n'ai pas fait d'_��tablissements utiles_: cela, je ne sais pas m'y prendre. Je suis plus m��fiante du faux pauvre que je ne l'ai ��t��.
Pour le moment, je n'ai absolument sur les bras qu'une famille de mourants �� nourrir: p��re, m��re, enfants, tout est malade; le p��re et la m��re mourront, les enfants au moins ne mourront pas de faim. Mais �� ceux-l��, un peu sauv��s, succ��dera un autre nid en d��route. Et puis, �� la fin de l'ann��e, j'ai eu �� payer l'ann��e du m��decin et celle du pharmacien. Ceci est une grosse affaire, de 1500 �� 2000 francs toujours. Le paysan d'ici n'est pas dans la derni��re mis��re: il a une maison, un petit champ et ses journ��es; mais, s'il tombe malade, il est perdu. Les journ��es n'allant plus, le champ ne suffit pas s'il a des enfants; quant au m��decin et aux rem��des, impossible �� lui de les payer et il s'en passe si je ne suis pas l��. Il fait des rem��des de sorcier, des rem��des de cheval, et il en meurt. La femme sans mari est perdue. Elle ne peut pas cultiver son champ, il faut un journalier pay��. Il n'y a pas la moindre industrie dans nos campagnes. Les fonds de la commune consacr��s �� fournir des rem��des et �� payer les m��decins ne sont distribu��s qu'aux v��ritables indigents, qui sont peu nombreux. Donc, tous les pr��tendus _ais��s_ sont �� deux doigts de l'indigence si je ne m'en m��le, et plusieurs gens bien respectables ne demandent pas et ne re?oivent qu'en secret. Nos bourgeois de campagne ne sont pas mauvais; ils rendent des services, donnent quelquefois des soins. Mais d��lier la bourse est une grande douleur en Berry, et, quand on a donn�� dix sous, on soupire longtemps. Les campagnes du Centre, sont v��ritablement abandonn��es. C'est le pays du sommeil et de la mort. Ceci pour vous expliquer ce que l'on est oblig�� de faire quand on voit que de plus riches font peu et que de moins riches ne font rien. On a cr���� �� Chateauroux une manufacture de tabac qui soulage beaucoup d'ouvriers et emploie beaucoup de femmes; mais ces bienfaits-l�� n'arrivent pas jusqu'�� nos campagnes.
DXLV
AU M��ME
Nohant; 8 f��vrier 1864.
Mon brave et bon ami,
J'ai fini ma grosse tache, et, avant que j'en commence une autre, je viens causer avec vous. Qu'est-ce que nous disions? Si la libert�� de droit et la libert�� de fait pouvaient exister simultan��ment? H��las! tout ce qu'il y a de beau et de bon pourra exister quand on le voudra; mais il faut d'abord que tous le comprennent, et le meilleur des gouvernements, de quelque nom qu'il s'appelle, sera celui qui enseignera aux hommes �� s'affranchir eux-m��mes en voulant affranchir les autres au m��me degr��.
Vous vouliez me faire des questions, faites-m'en, afin que je vous demande de m'aider �� vous r��pondre; car je ne crois pas rien savoir de plus que vous, et tout ce que j'ai essay�� de savoir, c'est de mettre de l'ordre dans mes id��es, par cons��quent de l'ensemble dans mes croyances. Si vous me parlez philosophie et religion, ce qui pour moi est une seule et m��me chose, je saurai vous dire ce que je crois; _politique_, c'est autre chose: c'est l�� une science au jour le jour, qui n'a d'ensemble et d'unit�� qu'autant qu'elle est dirig��e par des principes plus ��lev��s que le courant des choses et les moeurs du moment. Cette science, dans son application, consiste donc �� tater chaque jour le pouls �� la soci��t��, et �� savoir quelle dose d'am��lioration sa maladie est capable de supporter sans crise trop violente et trop p��rilleuse. Pour ��tre ce bon m��decin, il faut plus que la science des principes, il faut une science pratique qui se trouve dans de fortes t��tes ou dans des assembl��es libres, inspir��es, par une grande bonne foi. Je ne peux pas avoir cette science-l��, vivant avec les id��es plus qu'avec les hommes, et, si je vous dis mon id��al, vous ne tiendrez pas pour cela les moyens pratiques; vous ne les jugerez vraiment, ces moyens, que par les tentatives qui passeront devant vos yeux et qui vous feront peser la force ou la faiblesse de l'humanit�� �� un moment donn��. Pour ��tre un sage politique, il faudrait, je crois, ��tre imbu, avant tout et par-dessus tout, de la foi au progr��s, et ne pas s'embarrasser des pas en arri��re
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.