changement �� tout cela, nous puissions en jouir sans rougir de notre pass��.
Bonsoir, mon Bouli.
CCLXV
AU M��ME
Nohant, 23 f��vrier 1848.
Mon enfant,
Nous sommes bien inquiets ici, comme tu peux croire. Nous savons seulement ce soir que la journ��e de mardi a ��t�� agit��e et que celle d'aujourd'hui a d? l'��tre encore davantage. Il faut que tu reviennes tout de suite; non pas que je me livre �� de pu��riles frayeurs, ni que je veuille te les faire partager, quand m��me je les ��prouverais.
Tu sais bien que je ne te donnerais pas un conseil de couardise. Mais ta place est ici, s'il y a des troubles s��rieux. Une r��volution �� Paris aurait son contrecoup imm��diat dans les provinces, et surtout ici, o�� les nouvelles arrivent en quelques heures. Tu as donc des devoirs �� remplir dans ton domicile et ton absence ne serait pas excusable. Je ne te parle pas de moi: je ne crois �� aucun danger personnel et ne suis d'ailleurs pas du tout dispos��e �� m'en pr��occuper. Mais, si j'avais �� agir et �� me prononcer pour quoi que ce soit, tu es mon repr��sentant naturel. Viens donc tout de suite, �� moins que tu ne voies la tranquillit�� absolument r��tablie. Laisse �� Lambert le soin de nos affaires �� Paris. Tu y retourneras d'ailleurs dans quelques jours, quand nous aurons vu l'��tat des choses.
Bonsoir, mon enfant; je t'attends. J'esp��re un mot de toi demain matin. Si la poste n'arrive pas, c'est que l'affaire aura ��t�� s��rieuse. Mais tu n'as l��, je le r��p��te, aucun devoir �� remplir, et, ici, tu peux en avoir auxquels il ne faut pas manquer.
Je t'embrasse mille fois.
Ta m��re.
CCLXVI
AU M��ME
Nohant, 24 f��vrier 1848.
Mon enfant,
Ta lettre de mardi, re?ue ce matin jeudi, m'a fait grand bien. Dieu veuille que j'en re?oive encore une demain matin; car on nous a annonc�� la journ��e de mercredi comme devant ��tre grave, et mes inqui��tudes ne sont calm��es que pour rena?tre. Je vois que tu cours et que tu flanes, je m'y attendais bien; mais, au moins, puisses-tu ��tre prudent et adroit pour ��chapper aux chocs de ce grand ��branlement. Si tout est fini, reste �� Paris pour achever tes affaires. Mais, si l'agitation continue, conforme-toi �� ma lettre d'hier.
Rollinat est ici jusqu'�� dimanche, et nous parlons sans cesse de Paris et de toi. Borie se l��ve �� huit heures du matin, et court �� la Chatre pour me rapporter tes lettres. Bonjour au petit Lambert; qu'il soit prudent pour lui et pour toi. Bonsoir, mon cher enfant. Je suis inqui��te et je t'aime. Je voudrais ��tre �� demain.
Ta m��re.
CCLXVII
A M. GIRERD, A NEVERS
Paris, lundi soir, 6 mars 1848.
Mon ami,
Tout va bien. Les chagrins personnels disparaissent quand la vie publique nous appelle et nous absorbe. La R��publique est la meilleure des familles, le peuple est le meilleur des amis. Il ne faut pas songer �� autre chose.
La R��publique est sauv��e �� Paris; il s'agit de la sauver en province, o�� sa cause n'est pas gagn��e. Ce n'est pas moi qui ai fait faire ta nomination: mais c'est moi qui l'ai confirm��e; car le ministre m'a rendue en quelque sorte responsable de la conduite de mes amis, et il m'a donn�� plein pouvoir pour les encourager, les stimuler, et les rassurer contre toute intrigue de la part de leurs ennemis, contre toute faiblesse de la part du gouvernement. Agis donc avec vigueur, mon cher fr��re. Dans une situation comme celle o�� nous sommes, il ne faut pas seulement du d��vouement et de la loyaut��, il faut du fanatisme au besoin. Il faut s'��lever, au-dessus de soi-m��me, abjurer toute faiblesse, briser ses propres affections si elles contrarient la marche d'un pouvoir ��lu par le peuple et r��ellement, _fonci��rement_ r��volutionnaire. Ne t'apitoie pas sur le sort de Michel: Michel est riche, il est ce qu'il a souhait��, ce qu'il a choisi d'��tre. Il nous a trahis, abandonn��s, dans les mauvais jours. A pr��sent, son orgueil, son esprit de domination se r��veillent. Il faudra qu'il donne �� la R��publique des gages certains de son d��vouement s'il veut qu'elle lui donne sa confiance. La d��putation est un honneur qu'il peut briguer et que son talent lui assure peut-��tre. C'est l�� qu'il montrera ce qu'il est, ce qu'il pense aujourd'hui. Il le montrera �� la nation enti��re. Les nations sont g��n��reuses et pardonnent �� ceux qui reviennent de leurs erreurs.
Quant au devoir d'un gouvernement provisoire, il consiste �� choisir des hommes _s?rs_ pour lancer l'��lection dans une voie r��publicaine et sinc��re. Que l'amiti�� fasse donc silence, et n'influence pas imprudemment l'opinion en faveur d'un homme qui est assez fort pour se relever lui-m��me si son coeur est pur et sa volont�� droite.
Je ne saurais trop te recommander de ne pas h��siter �� balayer tout ce qui a l'esprit bourgeois. Plus tard, la nation, ma?tresse de sa
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