Cora, by George Sand
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Title: Cora
Author: George Sand
Release Date: July 7, 2004 [EBook #12837]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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[Illustration]
CORA.
de
Georges Sand
I.
A mon retour de l'?le Bourbon (je me trouvais dans une situation assez pr��caire), je sollicitai et j'obtins un mince emploi dans l'administration des postes. Je fus envoy�� au fond de la province, dans une petite ville dont je tairai le nom pour des motifs que vous concevrez facilement.
L'apparition d'une nouvelle figure est un ��v��nement dans une petite ville, et, quoique mon emploi f?t des moins importants, pendant quelques jours je fus, apr��s un phoque vivant et deux boas constrictors, qui venaient de s'installer sur la place du march��, l'objet le plus excitant de la curiosit�� publique et le sujet le plus exploit�� des conversations particuli��res.
La niaise oisivet�� dont j'��tais victime me s��questra chez moi pendant toute la premi��re semaine. J'��tais fort jeune, et la n��gligence que j'avais jusqu'alors apport��e par caract��re aux importantes consid��rations de la mise et de la tenue commen?aient �� se r��v��ler �� moi sous la forme du remords.
Apr��s un s��jour de quelques ann��es aux colonies, ma toilette se ressentait visiblement de l'��tat de stagnation honteuse o�� l'avait laiss�� le progr��s du si��cle. Mon chapeau �� la Bolivar, mes favoris �� la Bergami et mon manteau �� la Quiroga ��taient en arri��re de plusieurs lustres, et le reste de mon accoutrement avait une tournure exotique dont je commen?ais �� rougir.
Il est vrai que, dans la solitude des champs, ou dans l'incognito d'une grande ville, ou dans le tourbillon de la vie errante, j'eusse pu exister longtemps encore sans me douter du malheur de ma position. Mais une seule promenade hasard��e sur les remparts de la ville m'��claira tristement �� cet ��gard. Je ne fis point dix pas hors de mon domicile sans recevoir de salutaires avertissements sur l'inconvenance de mon costume. D'abord une jolie grisette me lan?a un regard ironique, et dit �� sa compagne, en passant pr��s de moi:--?Ce monsieur a une cravate bien mal pli��e.? Puis un ouvrier, que je soup?onnai ��tre dans le commerce des feutres, dit d'un ton goguenard, en posant ses poings sur ses flancs rev��tus d'un tablier de cuir:--?Si ce monsieur voulait me pr��ter son chapeau, j'en ferais fabriquer un sur le m��me mod��le, afin de me d��guiser en roast-beef le jour du carnaval.? Puis une dame ��l��gante murmura en se penchant sur sa crois��e:--?C'est dommage qu'il ait un gilet si fan�� et la barbe si mal faite.? Enfin, un bel esprit du lieu dit en pin?ant la l��vre:--?Apparemment que le p��re de ce monsieur est un homme puissant, on le voit �� l'ampleur de son habit.? Bref, il me fallut bient?t revenir sur mes pas, fort heureux d'��chapper aux vexations d'une douzaine de polissons en guenilles qui criaient apr��s moi du haut de leur t��te: A bas l'angliche! �� bas le milord! �� bas l'��tranger!
Profond��ment humili�� de ma m��saventure, je r��solus de m'enfermer chez moi jusqu'�� ce que le tailleur du chef-lieu m'e?t fait parvenir un habit complet dans le dernier go?t. L'honn��te homme ne s'y ��pargna point, et me confectionna des v��tements si exigus et si coquets que je pensai mourir de douleur en me voyant r��duit �� ma plus simple expression, et semblable en tous points �� ces caricatures de fats parisiens et d'incroyables qui nous faisaient encore pamer de rire, l'ann��e pr��c��dente, �� l'?le Maurice. Je ne pouvais pas me persuader que je ne fusse pas cent fois plus ridicule sous cet habit que sous celui que je venais de quitter, et je ne savais plus que devenir; car j'avais promis solennellement �� mon h?tesse (la femme du plus gros notaire de l'arrondissement) de la conduire au bal, et de lui faire danser la premi��re et probablement l'unique contredanse �� laquelle ses charmes lui donnaient le droit de pr��tendre. Incertain, honteux, tremblant, je me d��cidai �� descendre et �� demander �� cette estimable femme un avis rigide et sinc��re sur ma situation. Je pris un flambeau et je me hasardai jusqu'�� la porte de son appartement; mais je m'arr��tai palpitant et d��sesp��r��, en entendant partir de ce sanctuaire un bruit confus de voix fra?ches et per?antes, de rires aigus et na?fs, qui m'annon?aient la pr��sence de cinq ou six demoiselles de la ville. Je faillis retourner sur mes pas; car, de m'exposer
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