Contes rapides
The Project Gutenberg EBook of Contes rapides, by Fran?ois Copp��e This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Contes rapides
Author: Fran?ois Copp��e
Release Date: September 17, 2005 [EBook #16709]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONTES RAPIDES ***
Produced by Carlo Traverso, Renald Levesque and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net. This file was produced from images generously made available by the Biblioth��que nationale de France (BnF/Gallica).
FRAN?OIS COPP��E
Contes rapides
PARIS ALPHONSE LEMERRE, ��DITEUR 23-31 PASSAGE CHOISEUL, 23-31
MDCCCLXXXIX
A FRANCIS MAGNARD Son Ami
F.C.
L'Invitation au Sommeil
I
Quand il n'��tait qu'un tout petit gar?on, autrefois, chez ses braves gens de p��re et m��re, c'��tait le meilleur moment de la journ��e.
Le d?ner ��tait fini; la maman, apr��s avoir donn�� un coup de serviette �� la toile cir��e, servait la demi-tasse du p��re,--du p��re qui, seul, prenait du caf��, non par luxe et gourmandise, mais parce qu'il devait veiller tr��s tard �� faire des ��critures. Et tandis que le bonhomme sucrait son moka,--un seul morceau, bien entendu!--devant toute la famille assise autour de la table ronde, la maman,--une boulotte de quarante ans, encore fra?che, tournant sans cesse vers son mari de tendres et intelligents regards de chien fid��le,--la maman apportait le panier �� ouvrage. Les trois soeurs, n��es �� un an de distance, se ressemblant, chastement jolies, avec les robes taill��es dans la m��me pi��ce d'��toffe et les honn��tes bandeaux plats des filles sans dot qui ne se marieront pas, commen?aient �� ourler des mouchoirs; et lui, le gamin, le dernier-n��, le Benjamin, exhauss�� sur sa chaise haute par une Bible de Royaumont in-quarto, ��difiait un chateau de cartes.
En Juillet, dans les longs jours, on allumait la lampe le plus tard possible, et, par la fen��tre ouverte, on voyait un ciel orageux de soir d'��t��, aux nuages boulevers��s, et le d?me des Invalides, tout ��caill�� d'or, dans la fournaise du couchant.
Comme c'est tr��s mauvais pour la digestion d'��crire comme ?a tout de suite apr��s d?ner, on faisait un peu causer le p��re, afin de retarder le moment o�� il se mettrait �� son travail du soir: des copies de m��moires, �� six sous le r?le, pour un entrepreneur du quartier. Le pauvre homme, une nature de r��veur, un esprit litt��raire, qui jadis, dans sa chambre d'��tudiant, avait rim�� des odes philhell��nes, en ��tait arriv�� l��, ayant perdu l'espoir de passer sous-chef, et employait toutes ses soir��es �� copier du jargon technique: ?D��mont�� et remont�� la serrure... Donn�� du jeu �� la gache, etc., etc.?
Mais, pour le moment, il s'oubliait �� bavarder avec sa femme et ses filles.
Ga?ment, car tout allait �� peu pr��s bien dans l'humble m��nage. Un marchand de bons-dieux de la place Saint-Sulpice avait offert �� l'a?n��e, la grande Fanny, l'artiste, celle dont les ?anglaises? blondes faisaient r��ver tous les rapins du Salon Carr��, de lui payer cinquante francs son pastel d'apr��s la Vierge au coussin vert. La seconde, L��ontine, avait ?pioch��? toute la journ��e son Menuet de Boccherini. Quant �� la grosse Louise, la cadette, elle ne pensait qu'�� la coquetterie, d��cid��ment. Ne voil��-t-il pas qu'elle parlait--s'il y avait des gratifications au 15 ao?t--de s'arranger une petite capote, pareille �� celle qu'elle avait vue chez la modiste de la rue du Bac!
--?Louise, mon enfant,--s'��criait le p��re,--tu fais des chapeaux en Espagne!?
Et l'on riait.
Mais la maman pensait au s��rieux, elle. Si le p��re obtenait une gratification, elle avait remarqu��, au Petit-Saint-Thomas, un m��rinos, bon teint et grande largeur, ?pour vos robes d'hiver, mesdemoiselles.? Et elle ajoutait gravement: ?C'est tout laine!? comme si le coton n'e?t jamais exist��, et comme si, �� cause de lui, des milliers de n��gres n'eussent pas souffert plusieurs si��cles d'esclavage.
Tout �� coup,--il faisait presque nuit dans la chambre,--le p��re s'apercevait que son petit gar?on venait de s'endormir, la t��te sur son bras repli��, parmi l'��croulement du dernier chateau de cartes.
--?Ah! ah!--disait joyeusement le brave homme,--le ?marchand de sable? a pass��.?
L'exquise minute! Il ne l'oubliera jamais, le gamin, qui a des cheveux gris maintenant! Sa m��re le prenait dans ses bras, et il sentait la barbe rude de son p��re et les l��vres fra?ches de ses trois soeurs se poser tour �� tour sur son front ensommeill��; puis, avec une d��licieuse sensation d'��vanouissement, il laissait tomber sa petite t��te sur l'��paule maternelle, et il entendait confus��ment une voix douce--oh! si douce et si caressante!--murmurer pr��s de son oreille:
?Maintenant, il s'agit de faire dodo!?
II
Vingt ans plus tard, il ��tait un po��te in��dit, un ��tudiant en rimes, et il faisait une partie de campagne avec sa ch��re petite Maria, une modiste ressemblant �� une madone du Corr��ge, qui serait anglaise.
A l'arriv��e, en descendant de la
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.