Contes pour les petits garçons | Page 4

Johan Christopher Schmid
si je l'eusse fait panser à temps, je ne me
serais pas démis l'épaule. Cette leçon me profitera pour l'avenir.

L'ÉCU.
Thomas était un villageois plein de pitié; il avait à son service un charretier qui avait la
coupable habitude de jurer, de s'emporter et de dire les plus grossières injures aux
hommes et aux animaux; son maître lui faisait de fréquentes réprimandes et lui
représentait que c'était offenser Dieu que d'agir ainsi.--Vraiment, répondit-il, je voudrais
bien me corriger; mais l'habitude est plus forte que moi, il m'est impossible de la vaincre.
Un matin, Thomas dit à son charretier:--Tiens, voilà un écu tout neuf; je te le donnerai ce
soir, si d'ici-là tu ne prononces pas un jurement et si tu ne te livres à aucun emportement.
Le charretier accepta le marché avec grand plaisir.
En vain les autres domestiques s'efforcèrent de lui faire perdre l'écu, et s'entendirent entre
eux pour le mettre hors de lui; le charretier sut se défendre de leurs attaques sans colère,
sans injures et sans jurements.
Quand le soir fut venu. Thomas lui donna l'écu en disant:--Rougis d'avoir pu faire pour
une misérable pièce d'argent ce que ni ton affection pour ton maître ni la crainte de Dieu
n'avaient pu obtenir de toi. Le charretier sentit que le reproche était juste; il fit de
véritables efforts pour se corriger, et y parvint.

L'AVEUGLE.
André était aveugle de naissance; un jour qu'il revenait de l'église, il marchait fort
lentement et se guidait à l'aide du bâton qu'il tenait à la main. Lucas, son cousin, lui
dit:--Je parie dix écus que je courrai plus vite que toi.
Les personnes qui se trouvaient là s'indignèrent de cette mauvaise plaisanterie, elles
furent fort étonnées d'entendre l'aveugle répondre:--J'accepte le pari, mais à condition que
tu me laisseras choisir le moment de la course. Lucas fut enchanté, et il voulait qu'on
déposât l'argent dans les mains d'un des assistants. Sa joie fut moins vive quand André lui
dit:--Nous partirons ce soir au coup de minuit et nous verrons qui arrivera le premier à la
ville voisine.
Les deux concurrents se mirent en route à l'heure dite; la nuit était très-obscure et le
chemin traversait un bois épais. André, pour lequel la clarté du jour et l'obscurité étaient
la même chose, arriva deux heures après à la ville, car il était habitué à parcourir ce
chemin sans le secours de ses yeux; quant à Lucas, il s'égara dans la forêt; après être
tombé vingt fois, il retourna sans s'en apercevoir sur ses pas, de sorte que l'aveugle à son
retour le rencontra tout près du village.
Tout le monde rit aux dépens de Lucas, qui perdit ses dix écus. André refusa de profiter
de l'argent d'un pari et le distribua aux pauvres.

LES TROIS BRIGANDS
Dans un bois, trois brigands se tenaient en embuscade. Il vint à passer un marchand, qui
portait avec lui des sommes considérables et des objets de grands prix; les brigands le
tuèrent et s'emparèrent de tout ce qu'il possédait. Ils résolurent de faire bonne chère. Le
plus jeune se chargea d'aller à la ville voisine pour acheter du vin, des viandes cuites,
enfin tout ce qui était nécessaire pour bien se régaler.
A peine fut-il parti que les deux autres se dirent:--Si nous étions seuls à partager ces
trésors, ils nous suffiraient pour vivre. Débarrassons-nous de cet autre quand il reviendra
avec ses provisions. Dès que nous l'aurons tué, nous partagerons en frères, et nous irons
vivre loin de ce pays.
Le troisième brigand se disait de son côté:--Si je pouvais me défaire de mes deux
compagnons, tout l'argent serait pour moi! Je vais empoisonner leur vin, ils en boiront, ils
périront tous deux, et je posséderai seul les trésors du marchand.
En effet, il acheta des vivres, mêla dans le vin un poison violent et retourna dans le bois.
A peine fut-il arrivé près de ses compagnons, que ceux-ci se jetèrent sur lui et le tuèrent à
coup de poignard. Ils se mirent ensuite à manger, burent du vin auquel était mêlé le
poison, et expirèrent dans des douleurs atroces. Juste punition de la providence! preuve

nouvelle que les méchants ne peuvent se fier les uns aux autres.

LA MÉSANGE
Regarde, disait Xavier à sa soeur, voici une jolie mésange qui se perche sur un arbre; je
vais y placer mon trébuchet, et je suis sûr que tout à l'heure j'aurai l'oiseau en ma
possession. Il grimpa sur l'arbre, tendit son piége et se cacha avec sa soeur dans un épais
taillis. La pauvre mésange fut en effet bientôt prise. Xavier escalada l'arbre de nouveau,
mais en descendant il tomba et se blessa à la main; dans sa chute le trébuchet s'ouvrit et la
mésange s'échappa.
--Bon Dieu! Xavier, lui dit sa soeur, à quel
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