que sa fille e?t �� manger.
?Tout cela ce sont des paroles, r��p��tait l'aust��re concierge; vos meubles sont la garantie de votre loyer, je ne connais que ?a.?
Sur quoi elle avait pris lentement une prise de tabac et ferm�� brusquement la porte coch��re, sans s'inqui��ter des pri��res de Madeleine.
La situation ��tait grave, car l'ouvri��re ��tait peu patiente; cependant elle sentait que Mme Remy avait quelque raison, et peut-��tre allait-elle se retirer quand arriva Mlle Rose. N'ayant rien �� faire, elle venait conter �� sa bonne amie, Mme Remy, la singuli��re id��e qu'avait eue Mademoiselle; elle entendait bien faire approuver sa profonde sagesse par la prudente concierge et s'apitoyer avec elle sur la folie des ma?tres. A la vue de Madeleine et de son matelas, et de Mme Remy appuy��e contre la porte coch��re, les bras crois��s, Rose demeura toute surprise.
?Que faites-vous donc l��?? demanda-t-elle �� la porti��re.
Sur quoi Mme Remy, charm��e de se voir soutenue et admir��e dans l'exercice de ses fonctions, raconta tout au long et �� haute voix �� la ch��re Rose, les singuli��res pr��tentions de Madeleine.
?Il y a des gens, dit aigrement la femme de chambre, qui ont des id��es particuli��res. On refuse un secours et on d��m��nage sans payer: c'est une fiert�� ��trangement plac��e!
--Qu'est-ce que vous dites? demanda brusquement Madeleine, qui avait mal entendu, mais qui sentait que c'��tait d'elle qu'on s'occupait.
[Illustration]
--Je ne vous parle pas, Madame, reprit d��daigneusement Mme Rose; je ne vous connais pas; je parle �� Mme Remy.
--Vous ferez bien de peser vos mots, dit Madeleine, dont la douceur n'��tait pas la vertu favorite; quand j'habitais au faubourg avec mon mari, j'ai corrig�� plus d'une p��ronnelle qui avait la langue trop longue; ne me faites pas sortir de mon caract��re.
--Madame Remy, vous l'entendez, cria la cam��riste; je vous prends �� t��moin: cette femme me menace et m'insulte. Et dire qu'on n'a d'��gards que pour ces personnes! En ce moment Mademoiselle est l��-haut, pour secourir des gens si peu dignes de piti��!
--Chez moi, votre demoiselle? Qu'y vient-elle faire? Ne vous ai-je pas dit que je ne demande rien et que je ne veux pas qu'on entre chez moi?
--Mademoiselle est la fille du propri��taire, dit gravement Mme Remy; elle a le droit de surveiller ses locataires.
--Mademoiselle a voulu juger par elle-m��me de votre politesse, reprit Rose en ricanant; nous verrons si vous la mettrez �� la porte quand elle vous porte l'aum?ne que vous ne m��ritez pas.
[Illustration]
--C'est tout vu, cria Madeleine en laissant tomber son matelas, qu'elle soutenait contre le mur; c'est tout vu; personne n'a le droit de s'introduire chez moi, et si votre demoiselle vient m'espionner ou m'outrager, riche ou non, propri��taire ou non, je lui ferai danser une danse comme elle n'en a jamais vu.?
Sur quoi Madeleine se pr��cipita dans l'escalier.
?Au secours! cria Rose; au secours! arr��tez-la!
--Qu'est-ce donc? dit M. de la Guerche, qui entrait en ce moment.
--Courez, Monsieur, cria de plus belle la femme de chambre, qui essayait de se trouver mal; courez, on assassine Mademoiselle. C'est l��-haut, au sixi��me ��tage, chez la veuve de l'insurg��.
Rose allait s'��vanouir, quand elle s'aper?ut qu'on l'avait laiss��e seule pour voler au secours de Marie; Mme Remy elle-m��me s'��tait courageusement enfonc��e dans l'escalier, un balai �� la main. Rose r��fl��chit qu'un ��vanouissement solitaire n'aurait point d'int��r��t, et, la curiosit�� l'emportant sur le danger, elle se mit �� courir comme les autres.
IV
Quoique Madeleine f?t encore jeune et que la col��re la poussat, n��anmoins on ne monte pas cent vingt marches tout d'une haleine et sans r��fl��chir. Au second ��tage, Madeleine songea qu'elle avait ��t�� un peu vive; au quatri��me, elle se dit que Mlle Rose n'��tait qu'une sotte; enfin, en arrivant en haut de la maison, elle sentit qu'il fallait repousser froidement une aum?ne qu'on lui faisait par piti��, et que c'��tait le moment d'avoir de la dignit��. Elle rajusta le mouchoir qu'elle avait sur la t��te, tira les deux pointes de sa camisole, et, marchant �� petits pas, sans pouvoir calmer l'agitation de son coeur, elle ouvrit la porte en tremblant, mais sans faire de bruit: ses l��vres ��taient serr��es; sa figure ��tait pale; l'orage grondait dans son ame. Tout �� coup elle s'arr��ta, comme si une main invisible l'e?t clou��e sur le carreau.
Que voyait-elle? Quel spectacle inconnu l'avait ainsi p��trifi��e? En face d'elle, mais lui tournant le dos, ��tait ma cousine Marie; sur ses genoux elle tenait la petite fille, qu'elle avait tir��e de ses haillons pour la v��tir d'une chemise blanche et d'un long gilet de flanelle qui enveloppait la malade jusqu'aux genoux. En ce moment elle lui ajustait sur la t��te un b��guin d'indienne, et, avec son mouchoir brod��, elle essuyait la sueur de la fi��vre qui coulait sur je front de l'enfant. La pauvre petite fille, toute ��mue et toute tremblante, passait ses bras autour du cou de ma cousine; Marie embrassait
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.