de son chemin.
«Tu vas me donner ce que tu tiens là, dit-il, et tout de suite!»
Pierrette se mit à pleurer.
Le plus petit de la bande, qui en était aussi le plus mauvais, lui arracha
le papier et l'ouvrit.
«Tiens! tiens! des tartelettes! où les a-t-elles volées, cette
pleurnicheuse?
--Je n'ai pas volé les tartelettes, dit Pierrette, c'est ma marraine qui me
les a données.
--Ah! ah! tu as donc retrouvé ta langue cette fois.
--Rendez-moi mes tartelettes; c'est pour mes petits frères, ma marraine
l'a dit.
--Ça m'est bien égal, dit un des petits drôles: ça ne m'empêchera pas de
les manger.
--Ni moi non plus, ajouta le plus petit; je me moque pas mal de ta
marraine, de tes frères et de toi.»
Pierrette, bien désolée de n'avoir plus ses tablettes, continua son chemin
en tournant la tête de temps en temps pour voir ce qu'elles
deviendraient.
Les méchants enfants ne tardèrent pas à se disputer, car chacun voulait
avoir une tartelette; et comme il n'y en avait que trois et qu'ils étaient
quatre, cela n'était pas possible; ils se les arrachèrent et les eurent
bientôt mises en miettes; puis ils finirent par se jeter des pierres; l'un
d'eux fut blessé au front. Quand Pierrette vit le sang du vilain enfant
couler, elle ne pensa plus à ses tartelettes et elle plaignit le pauvre
blessé; puis elle comprit combien sa mère avait raison en lui disant que
les méchants ne s'accordent jamais entre eux.
LA PETITE CURIEUSE.
Marie était une bonne petite fille. Elle aimait bien sa maman, pauvre
veuve qui n'avait qu'elle pour consolation. Elle était charitable et
travailleuse, et eût été parfaite sans un vilain défaut qui la faisait
détester de tout le voisinage: elle était si curieuse, qu'elle s'arrangeait
toujours de façon à savoir tout ce qui se faisait ou se disait autour d'elle.
Sa mère, étant couturière, recevait souvent chez elle des dames qui
venaient pour essayer leurs robes; comme elles ne voulaient pas se
déshabiller devant l'enfant, on la renvoyait dans la chambre voisine, ce
qui n'arrangeait pas Marie. Aussi la petite curieuse mettait l'oreille à la
porte pour tâcher d'entendre ce que l'on disait.
[Illustration: La petite curieuse mettait l'oreille à la porte.]
La maman de Marie s'étant aperçue qu'elle écoutait aux portes, en avait
un grand chagrin; car elle sentait que si sa fille ne se corrigeait pas,
personne ne l'aimerait quand elle serait grande. Elle essaya de lui faire
comprendre qu'il était presque aussi malhonnête de surprendre les
secrets des gens malgré eux que de prendre leur bourse, parce que leurs
secrets sont à eux seuls aussi bien que leur argent.
Marie allait aussi chez les voisins pour tâcher de savoir leurs affaires, et
souvent elle y était fort mal reçue. Elle rentrait toute chagrine quand on
l'avait mise à la porte des maisons où elle venait épier ce qui s'y faisait;
elle se promettait de n'y plus retourner, mais sa grande curiosité lui
faisait bien vite oublier les affronts qu'elle avait reçus.
Un jour, un monsieur vint chez la couturière et demanda à parler à elle
seule. Il voulait qu'elle fît une belle robe pour la fête de sa femme, et
tenait à ce qu'on ne sût rien de la surprise qu'il lui ménageait.
On renvoya Marie, à son grand regret! Quand elle fut seule dans
l'atelier, car les ouvrières étaient allées goûter, elle se rapprocha tout
doucement de la porte qui n'était pas tout à fait fermée, afin de savoir
ce qu'on avait à dire à sa maman.
Le monsieur, qui avait déjà commencé à parler, s'aperçut, en tournant la
tête, que la porte était restée entr'ouverte, et il se leva pour l'aller fermer.
Il ne l'eut pas plutôt tirée à lui qu'un cri terrible, parti de l'autre chambre,
la lui fit rouvrir aussitôt, et il trouva l'enfant étendue par terre et sans
connaissance. C'est que Marie avait le doigt dans la fente de la porte
quand on Pavait fermée, et son doigt avait été écrasé.
On alla chercher un médecin; Marie souffrait beaucoup, et son doigt fut
plus de trois mois à guérir.
Quand Marie sentait sa curiosité revenir, elle regardait son doigt qui
était plus court que les autres et n'avait plus d'ongle; elle perdait bien
vite alors l'envie de la satisfaire. Comme cette enfant ne s'inquiétait
plus des affaires du voisinage et qu'elle restait chez elle à travailler, on
ne tarda pas à l'aimer autant qu'on la haïssait auparavant; car elle était
très-bonne fille. Marie se trouva si heureuse qu'elle remercia Dieu de
l'avoir corrigée, quoique la punition eût été un peu rude et qu'elle dût
s'en ressentir toute sa vie.
L'ENFANT TROUVÉ
La grande Nannon, demeurant à Issoudun, dans le faubourg des
Minimes, était infirme de la main gauche et ne pouvait
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