un
grand soin, et il devint très-beau.
L'année suivante, à la foire de septembre, elle vendit la brebis et son
agneau, afin de pouvoir acheter une capote d'occasion pour sa
grand'mère qui n'en avait plus, et qui souffrait beaucoup du froid quand
elle allait chercher sa vie pendant l'hiver. La pauvre enfant pleura
beaucoup quand il fallut se séparer de ses deux chères petites bêtes
qu'elle aimait tant; mais, comme elle aimait encore mieux sa
grand'mère, elle essuya ses yeux, ne voulut plus penser à ses agneaux,
et elle se trouva très-heureuse quand elle vit la bonne vieille bien
enveloppée dans la capote qu'on lui avait achetée avec l'argent des deux
brebis et celui de leurs toisons, qu'on avait vendues à la Saint-Jean
précédente.
Cela n'empêcha pas la pauvre aveugle de mourir aux environs de
Pâques. Julie se trouva bien malheureuse d'être seule au monde, et elle
ne pouvait se consoler d'avoir perdu sa grand'mère. Mais la maîtresse
d'une grosse métairie, qui avait remarqué combien l'enfant s'était
montrée soigneuse et attentive pour ses agneaux, pensa que cette petite
ferait une bonne bergère: elle lui offrit dix écus de gages, si elle voulait
venir en service chez elle. Julie accepta bien vite, et le soir, en faisant
sa prière, elle remercia le bon Dieu d'avoir eu pitié d'elle.
LE PETIT TAQUIN.
Francis était un enfant taquin qui était devenu insupportable à tout le
monde, et que personne ne pouvait plus souffrir. Il tourmentait
continuellement ses frères et ses soeurs, et leur jouait toujours quelque
mauvais tour. Tantôt il faisait prendre un bain à une des poupées de ses
soeurs, ce qui la ramollissait si bien qu'on ne pouvait plus s'en servir;
une autre fois il mettait un pétard dans le corps d un cheval de carton
appartenant à ses frères, et le faisait sauter en l'air en y mettant le feu.
Si ses soeurs étaient au piano, Francis prenait son tambour et faisait un
tapage assourdissant. Ses frères s'occupaient-ils à faire leur devoir, il
venait tout doucement prendre le livre dont ils se servaient, et il fallait
courir une heure après lui pour le forcer à le rendre.
Quand Francis était à la campagne, il aimait aussi à taquiner les
bestiaux et à leur tirer la queue. Un jour qu'il se laissait traîner par une
génisse, ce qui l'amusait beaucoup, la bête perdit patience, et, se
retournant promptement, lui fit lâcher prise en lui donnant un coup de
corne dans le côté, ce qui le rendit bien malade. Une autre fois, il fut
mordu par un dogue qu'il tourmentait depuis une heure.
Depuis ce temps-là, il laissa les bêtes tranquilles; mais il recommença à
taquiner ses soeurs. Le père impatienté le mena dans une pension pour
tâcher de le rendre meilleur.
Francis eut un grand chagrin de se voir séparé de sa famille qu'il aimait
beaucoup; car il avait un bon coeur, malgré sa vilaine taquinerie. Quand
il fut un peu consolé, il voulut taquiner ses nouveaux camarades; mais
ils ne se laissèrent pas faire, et lui dirent que, s'il recommençait,
personne ne jouerait plus avec lui. Francis pensa qu'on lui disait cela
pour rire, et recommença; alors on le délaissa, et il resta seul dans la
cour pendant que les autres s'amusaient tous ensemble. Il demeura
tristement deux grands mois sans que personne lui parlât. Il comprit
enfin qu'il n'avait pas le droit de tourmenter tout le monde comme il
l'avait fait jusqu'alors. Un dimanche, à la promenade, un camarade lui
demanda s'il avait encore envie de taquiner. Francis se prit à pleurer en
disant que jamais il ne tourmenterait personne; alors on le reçut dans
les jeux; et, comme au fond il était bon garçon, il se fit aimer de ses
camarades, et conserva même parmi eux des amis tout le reste de sa
vie.
LA PETITE GOURMANDE.
Marianne était si gourmande qu'elle se donnait souvent des indigestions
qui la rendaient bien malade. Quand sa mère, qui n'était pas riche, allait
à la ville vendre ses fromages, elle avait la faiblesse d'en rapporter
quelque friandise à sa petite fille, ce qui l'entretenait dans son vilain
défaut. Si on la laissait seule pour veiller au souper qui était sur le feu,
elle en mangeait la moitié avant qu'il fût entièrement cuit.
Son père savait que la gourmandise est un défaut qui entraîne souvent
les enfants au mensonge et au vol. Il l'avait corrigée plus d'une fois;
mais la mère était très-faible: elle demandait grâce en pleurant; et cet
homme, qui aimait beaucoup sa femme, n'avait pas le courage de lui
faire de la peine. Il ne savait pas que Marianne avait déjà pris plus
d'une fois des fruits dans les jardins du voisinage. On le lui avait caché
pour ne pas le désoler, car on le connaissait pour un très-honnête
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.