pour bonne r��compense?
MULOT
?Dam! rien.
LA F��E
?Quoi! rien?
MULOT
?Rien du moins que je pense.?
LA F��E
--?Oh! oh! Le cas est rare en v��rit��,?Et je vois bien qu'il faut que je vous aide.?--?Et je sais trop, se dit-elle en songeant,??Par o�� le prendre: il n'est souci d'argent?Que l'homme riche ou pauvre ne poss��de.??Et ce disant la Fe�� avait raison:?D��pense induit en nouvelle d��pense.?Richesse autant que mis��re dispense?D'avoir un sou vaillant �� la maison.
LA F��E
?Ami Mulot, veux-tu devenir riche?A ton souhait?
MULOT
?Et ne le suis-je pas??Ma femme et moi faisons nos deux repas,?Ma belle Dame, et mon bien n'est en friche.?J'ai pour ma vache assez de foin fauch��,?Mes trois pommiers emplissent dix corbeilles.??Je mouds vingt sacs de seigle, et les abeilles?Valent, par an, deux ��cus au march��.?Je puis encor tous les jours de l'ann��e?--Sans vous facher--donner aux pauvres gens,?Clercs en voyage ou moines indigents,?L'aide du ciel que je vous ai donn��e.
LA F��E (�� part.)
--?Le Roi toujours n'eut si bon compagnon,?Et noble coeur fait souche de noble homme.?Mulot, ma foi! serait bon gentilhomme.?On en a vu bien d'autres: pourquoi non?
(S'adressant �� Mulot.)
?Ma?tre Mulot, veux-tu que je te fasse?Seigneur c��ans, ��cuyer ou baron??J'attacherai moi-m��me l'��peron.?Tu prendras nom Mulot de Bonne-Face;?Et tu pourras porter en mon honneur?Le champ d'azur de mon blason de F��e?Dragon d'argent et colombe coiff��e.?Et si sur ce quelque beau raisonneur?Vient �� gloser, il l'ira dire �� Rome!?
MULOT
--?Je suis certain, belle Dame, �� vous voir?Que vous avez magnifique pouvoir?Et ne voulez vous rire d'un pauvre homme.?Mais, voyez-vous, honneurs sont dangereux.?L'autre semaine en notre voisinage?Un vieux Seigneur, �� peu pr��s de mon age,?Fut bien occis aux croix du chemin creux.?Il fut, pourtant, charitable en sa vie,?De bon esprit comme de bon aloi.?Je ne pourrais, en mon nouvel emploi,?Non mieux que lui, me garder de l'envie.?Car je ne suis bien savant ni bien fort,?Et n'eus jamais encrier ni rapi��re.?Et sans compter que mon cousin Grand-Pierre?Se gausserait certe, et n'aurait pas tort.?
III
COMMENT LA F��E VOULUT RENDRE A MULOT ET A MULOTTE?LA JEUNESSE, ET DE LA BONNE ODEUR DE?LILAS QUI SE R��PANDIT DANS LA CABANE
Quoiqu'un peu sotte en toute cette affaire,?La bonne F��e eut le coeur de chercher?Quel nouveau don le pourrait bien toucher?Et quel grand bien elle lui pourrait faire:?Et tout �� coup elle lui demanda:
--?Aimes-tu bien ta femme?
MULOT
?Il n'est, pardienne!?Bonne besogne encore que la sienne.
LA F��E
?Et l'as-tu bien toujours aim��e?
MULOT
?Oui-da!?Je m'en souviens, elle ��tait de votre age,?C'��tait le mois qui suivit la moisson,?Il se peut bien alors qu'un bon gar?on?Fasse sa cour sans manquer �� l'ouvrage.?Et, sans avoir le teint que vous avez,?Elle ��tait bonne et belle �� sa mani��re?Et fra?che ainsi qu'une fleur printani��re.?Bref, en deux mois nous ��tions arriv��s?(Nous connaissant d��j�� de longue date)?A nous aimer. Si bien que les voisins?En me voyant ramener ses poussins,?Fendre le bois et lui porter sa jatte,?Disaient:--A quand la noce et le repas??Quoique la chose encor ne f?t pas faite,?Car les parents sont toujours de la f��te.?Et cependant ils ne se trompaient pas.?J'��tais un gars de quelque ��conomie,?Et je sus bien, le jour qu'il en fut temps,?Aller qu��rir vingt bons sous d'or comptants?Pour les bailler aux parents de ma mie.?Et depuis, dam! j'ai sem�� notre bl��,?Et nous avons v��cu toujours ensemble.?N'est-ce pas tout vous dire, ce me semble??Le temps, ainsi que l'eau coule, a coul��.?
--?Ma?tre Mulot,? lui dit la bonne F��e,?--Et dans l'instant, le vent de renouveau?Qui remplit l'air vous e?t pris le cerveau,?Comme un parfum de lilas par bouff��e.--??Ma?tre Mulot, veux-tu redevenir?Jeune, et revivre une jeunesse telle?Avec Mulotte?--Et Mulotte veut-elle?En m��me temps que Mulot rajeunir??Parle, Mulot,--et parle aussi, Mulotte;?Car jusqu'ici tu n'as beaucoup parl��,?Et F��e ou femme, en notre d��m��l��,?N'e?t pas manqu�� de porter la culotte.?
Mulotte, ainsi qu'elle e?t fait �� vingt ans,?Baissa les yeux; car, pour femme soumise,?Parler devant son homme n'est de mise:?L'exemple est bon aux femmes de tous temps.
Et Mulot dit:
--?Si ma pens��e est nette,?Respect gard��, pourtant je ne puis point?Vous satisfaire encore sur ce point?Non plus que faire une r��ponse honn��te.?Excusez-en, Madame, un vieux barbon.?Vivre deux fois est-il un avantage,?Et si je fais peau neuve en mon grand age,?Serais-je bien Mulot pour tout de bon??L'homme se prend aux ruses qu'il machine.?Et je pr��f��re encor ne rien changer,?Bon b?cheron n'a son fagot l��ger,?Et les ans lourds, qui me courbent l'��chine,?M'ont plu comme un fagot �� fagoter,?Et bien qu'encor la charge soit pesante,?Je crois qu'avec Mulotte, ici pr��sente,?Nous viendrons bien �� bout de la porter.?Votre bont�� passe en tout mon envie,?Et pour ma part j'ai le sens trop ��troit?Pour ��tre induit �� tenter par surcroit?Le sort chanceux d'une seconde vie.?
IV
COMMENT LA F��E EN BONNE PERSONNE BUT ET MANGEA?AVEC MULOT ET MULOTTE
Le Conteur dit que l'on ne poussa pas,?Et que la F��e ��tait bonne personne.
--?Chacun, dit-elle, �� sa mode en raisonne,?Ami Mulot. Vous ��tes, en tout cas,?De braves gens,--le reste vous regarde.?
Puis, honorant Mulot comme il voulait,?Elle trempa du pain bis dans du lait?Et but avec nos bons vieux.
Dieu
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