Consuelo, Tome 3 | Page 3

George Sand
mot d'italien, et, son bateau ��tant suffisamment charg��, il ne prit pas d'autres voyageurs, ce qui leur donna enfin la s��curit�� et le repos de corps et d'esprit dont ils avaient besoin pour jouir compl��tement du beau spectacle que pr��sentait leur navigation �� chaque instant. Le temps ��tait magnifique. Il y avait dans le bateau une petite cale fort propre, o�� Consuelo pouvait descendre pour reposer ses yeux de l'��clat des eaux; mais elle s'��tait si bien habitu��e les jours pr��c��dents au grand air et au grand soleil, qu'elle pr��f��ra passer presque tout le temps couch��e sur les ballots, occup��e d��licieusement �� voir courir les rochers et les arbres du rivage, qui semblaient fuir derri��re elle. Elle put faire de la musique �� loisir avec Haydn, et le souvenir comique du m��lomane Hoditz, que Joseph appelait Le maestromane, m��la beaucoup de gaiet�� �� leurs ramages. Joseph le contrefaisait �� merveille, et ressentait une joie maligne �� l'id��e de son d��sappointement. Leurs rires et leurs chansons ��gayaient et charmaient le vieux nautonier, qui ��tait passionn�� pour la musique comme tout prol��taire allemand. Il leur chanta aussi des airs auxquels ils trouv��rent une physionomie aquatique, et que Consuelo apprit de lui, ainsi que les paroles. Ils achev��rent de gagner son coeur en le r��galant de leur mieux au premier abordage o�� ils firent leurs provisions de bouche pour la journ��e, et cette journ��e fut la plus paisible et la plus agr��able qu'ils eussent encore pass��e depuis le commencement de leur voyage.
?Excellent baron de Trenk! disait Joseph en ��changeant contre de la monnaie une des brillantes pi��ces d'or que ce seigneur lui avait donn��es: c'est �� lui que je dois de pouvoir soustraire enfin la divine Porporina �� la fatigue, �� la famine, aux dangers, �� tous les maux que la mis��re tra?ne �� sa suite. Je ne l'aimais pourtant pas d'abord, ce noble et bienveillant baron!
--Oui, dit Consuelo, vous lui pr��f��riez le comte. Je suis heureuse maintenant que celui-ci se soit born�� �� des promesses, et qu'il n'ait pas souill�� nos mains de ses bienfaits.
--Apr��s tout, nous ne lui devons rien, reprenait Joseph. Qui a eu le premier la pens��e et la r��solution de combattre les recruteurs? c'est le baron; le comte ne s'en souciait pas, et n'y allait que par complaisance et par ton. Qui a couru des risques et re?u une balle dans son chapeau, bien pr��s du crane? encore le baron! Qui a bless��, et peut-��tre tu�� l'infame Pistola? le baron! Qui a sauv�� le d��serteur, �� ses d��pens peut-��tre, et en s'exposant �� la col��re d'un ma?tre terrible? Enfin, qui vous a respect��e, et n'a pas fait semblant de reconna?tre votre sexe? qui a compris la beaut�� de vos airs italiens, et le go?t de votre mani��re?
--Et le g��nie de ma?tre Joseph Haydn? ajouta Consuelo en souriant; le baron, toujours le baron!
--Sans doute, reprit Haydn pour lui rendre sa maligne insinuation; et il est bien heureux peut-��tre, pour un noble et cher absent dont j'ai entendu parler, que la d��claration d'amour �� la divine Porporina soit venue du comte ridicule, au lieu d'��tre faite par le brave et s��duisant baron.
--Beppo! r��pondit Consuelo avec un sourire m��lancolique, les absents n'ont tort que dans les coeurs ingrats et laches. Voil�� pourquoi le baron, qui est g��n��reux et sinc��re, et qui est amoureux d'une myst��rieuse beaut��, ne pouvait pas songer �� me faire la cour. Je vous le demande �� vous-m��me: sacrifieriez-vous aussi facilement l'amour de votre fianc��e et la fid��lit�� de votre coeur au premier caprice venu??
Beppo soupira profond��ment.
?Vous ne pouvez ��tre pour personne le premier caprice venu, dit-il, et... le baron pourrait ��tre fort excusable d'avoir oubli�� toutes ses amours pass��es et pr��sentes en vous voyant.
--Vous devenez galant et doucereux, Beppo! je vois que vous avez profit�� dans la soci��t�� de M. le comte; mais puissiez-vous ne jamais ��pouser une margrave, et ne pas apprendre comment on traite l'amour quand on a fait un mariage d'argent!?
Arriv��s le soir �� Lintz, ils y dormirent enfin sans terreur et sans souci du lendemain. D��s que Joseph fut ��veill��, il courut acheter des chaussures, du linge, plusieurs petites recherches de toilette masculine pour lui, et surtout pour Consuelo, qui put se faire brave et beau, comme elle le disait en plaisantant, pour courir la ville et les environs. Le vieux batelier leur avait dit que s'il pouvait trouver une commission pour Moelk, il les reprendrait �� son bord le jour suivant, et leur ferait faire encore une vingtaine de lieues sur le Danube. Ils pass��rent donc cette journ��e �� Lintz, s'amus��rent �� gravir la colline, �� examiner le chateau fort d'en bas et celui d'en haut, d'o�� ils purent contempler les majestueux m��andres du fleuve au sein des plaines fertiles de l'Autriche. De l�� aussi ils virent un spectacle qui les r��jouit
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