Consuelo, Tome 1

George Sand
Consuelo v.1 (1861), by George
Sand

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Title: Consuelo v.1 (1861)
Author: George Sand
Release Date: June 20, 2004 [EBook #12666]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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CONSUELO V.1 (1861) ***

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CONSUELO

PAR
GEORGE SAND

TOME PREMIER
1861

NOTICE
Ce long roman de Consuelo, suivi de la Comtesse de Rudolstadt et
accompagné, lors de sa publication dans la Revue indépendante, de
deux notices sur Jean Ziska et Procope le Grand, forme un tout assez
important comme appréciation et résumé de moeurs historiques. Le
roman n'est pas bien conduit. Il va souvent un peu à l'aventure, a-t-on
dit; il manque de proportion. C'est l'opinion de mes amis, et je la crois
fondée. Ce défaut, qui ne consiste pas dans un décousu, mais dans une
sinuosité exagérée d'événements, a été l'effet de mon infirmité ordinaire:
l'absence de plan. Je le corrige ordinairement beaucoup quand l'ouvrage,
terminé, est entier dans mes mains. Mais la grande consommation de
livres nouveaux qui s'est faite de 1835 à 1845 particulièrement, la
concurrence des journaux et des revues, l'avidité des lecteurs, complice
de celle des éditeurs, ce furent là des causes de production rapide et de
publication pour ainsi dire forcée, Je m'intéressais vivement au succès
de la Revue indépendante, fondée par mes amis Pierre Leroux et Louis
Viardot, continuée par mes amis Ferdinand François et Pernet. J'avais
commencé Consuelo avec le projet de ne faire qu'une nouvelle. Ce
commencement plut, et on m'engagea à le développer, en me faisant
pressentir tout ce que le dix-huitième siècle offrait d'intérêt sous le
rapport de l'art, de la philosophie et du merveilleux, trois éléments
produits par ce siècle d'une façon très-hétérogène en apparence, et dont
le lien était cependant curieux et piquant à établir sans trop de fantaisie.
Dès lors, j'avançai dans mon sujet, au jour le jour, lisant beaucoup et
produisant aussitôt, pour chaque numéro de la Revue (car on me priait

de ne pas m'interrompre), un fragment assez considérable.
Je sentais bien que cette manière de travailler n'était pas normale et
offrait de grands dangers; ce n'était pas la première fois que je m'y étais
laissé entraîner; mais, dans un ouvrage d'aussi longue haleine et appuyé
sur tant de réalités historiques, l'entreprise était téméraire. La première
condition d'un ouvrage d'art, c'est le temps et la liberté. Je parle ici de la
liberté qui consiste à revenir sur ses pas quand on s'aperçoit qu'on a
quitté son chemin pour se jeter dans une traverse; je parle du temps
qu'il faudrait se réserver pour abandonner les sentiers hasardeux et
retrouver la ligne droite. L'absence de ces deux sécurités, crée à l'artiste
une inquiétude fiévreuse, parfois favorable à l'inspiration, parfois
périlleuse pour la raison, qui, en somme, doit enchaîner le caprice,
quelque carrière qui lui soit donnée dans un travail de ce genre.
Ma réflexion condamne donc beaucoup cette manière de produire.
Qu'on travaille aussi vite qu'on voudra et qu'on pourra: le temps ne fait
rien à l'affaire; mais entre la création spontanée et la publication, il
faudrait absolument le temps de relire l'ensemble et de l'expurger des
longueurs qui sont précisément l'effet ordinaire de la précipitation. La
fièvre est bonne, mais la conscience de l'artiste a besoin de passer en
revue, à tête reposée, avant de les raconter tout haut, les songes qui ont
charmé sa divagation libre et solitaire.
Je me suis donc presque toujours abstenue depuis d'agir avec cette
complaisance mal entendue pour les autres et pour soi, et mes amis se
sont aperçus d'une seconde manière, plus sobre et mieux digérée, dont
je m'étais fait la promesse à moi-même, en courant à travers champs
après la voyageuse Consuelo. Je sentais là un beau sujet, des types
puissants, une époque et des pays semés d'accidents historiques, dont le
côté intime était précieux à explorer; et j'avais regret de ne pouvoir
reprendre mon itinéraire et choisir mes étapes, à mesure que j'avançais
au hasard, toujours frappée et tentée par des horizons nouveaux.
Il y a dans Consuelo et dans La Comtesse de Rudolstadt, des matériaux
pour trois ou quatre bons romans. Le défaut, c'est d'avoir entassé trop
de richesses brutes dans un seul. Ces richesses me venaient à foison
dans les lectures dont j'accompagnais mon travail. Il y avait là plus

d'une mine à explorer, et
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