Conscience | Page 8

Hector Malot
me pr��sente, c'est comme client.
--Ce n'est pas l'heure de me consulter.
--Puisque vous ��tes chez vous.
--Au fait!
Et Caffi��, se d��cidant �� ouvrir la porte, livra passage �� Saniel, puis il la referma.
--Entrez dans mon cabinet.
Ils ��taient dans une toute petite pi��ce encombr��e de dossiers, qui n'avait pour tout mobilier qu'un vieux bureau et trois chaises; elle communiquait directement avec le cabinet de l'homme d'affaires, plus grand, mais meubl�� avec la m��me simplicit�� et tout encombr�� de paperasses, qui d��gageaient une odeur de moisissure.
--Mon clerc est malade en ce moment, dit Caffi��, et quand je suis seul je n'aime pas �� ouvrir.
Cette excuse donn��e, il montra une chaise �� Saniel et, s'asseyant lui-m��me devant son bureau, ��clair�� par une lampe dont il avait enlev�� l'abat-jour, il dit:
--Docteur, je vous ��coute.
Il remit l'abat-jour sur la lampe.
Saniel exposa sa demande, non avec tous les d��veloppements dans lesquels il ��tait entr�� pour Glady, mais succinctement: il devait trois mille francs au tapissier qui lui avait fourni son mobilier et, comme il ne pouvait payer en ce moment, il ��tait sous le coup de poursuites imminentes.
--Quel est ce tapissier? demanda Caffi�� en tenant sa joue gauche dans sa main droite.
--Jardine, boulevard Haussmann.
--Connu. C'est son industrie de reprendre ainsi les meubles qu'il a vendus quand ils sont aux trois quarts pay��s, et elle l'a enrichi. Quelle somme lui avez-vous d��j�� vers��e sur ce mobilier de dix mille francs?
--Avec les acomptes et les int��r��ts, pr��s de douze mille.
--Et vous en redevez trois mille?
--Oui.
--C'est gentil.
Caffi�� parut plein d'admiration pour cette fa?on de proc��der.
--Quelles garanties avez-vous �� offrir pour cet emprunt de trois mille francs?
--Pas d'autres que ma position pr��sente, je l'avoue, et surtout mon avenir.
Sur un signe de Caffi��, il expliqua quel ��tait cet avenir, tandis que l'homme d'affaires, sa joue dans sa main, ��coutait en poussant, de temps en temps, un soupir ��touff��, une sorte de plainte.
--Hum! hum! dit Caffi�� quand Saniel fut arriv�� au bout de son explication; vous savez, mon cher monsieur, vous savez:
Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera: Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Vous en ��tes �� dimanche, mon cher monsieur.
--Mais je ne suis ni au bout de ma vie, ni au bout de mon ��nergie, et je vous assure que cette ��nergie me rend capable de beaucoup de choses.
--Je n'en doute pas; je sais ce que peut l'��nergie: dites �� un Grec crevant de faim de monter au ciel, il y va:
Greculus esuriens in caelum, jusseris, ibit.
Mais je ne vois pas que vous soyez parti pour le ciel.
Caffi�� eut un mauvais sourire accompagn�� d'une grimace: avant d'��tre l'usurier de la rue Sainte-Anne dont tout le monde parlait comme d'un coquin, il avait ��t�� avou�� en province, juge suppl��ant, et si des malheurs imm��rit��s l'avaient oblig�� �� se d��mettre, pour venir cacher ses d��sagr��ments �� Paris, il ne perdait jamais l'occasion de montrer qu'il ��tait, par l'��ducation, au-dessus de sa situation pr��sente trouvant dans ce nouveau client un ��rudit, il ��tait bien aise de placer quelques citations qui devaient lui valoir de la consid��ration.
--C'est peut-��tre parce que je ne suis pas Grec, r��pondit Saniel; mais je suis Auvergnat, et les gens de mon pays ont les reins solides.
Caffi�� secoua la t��te:
--Mon cher monsieur, je dois vous dire franchement que je ne crois pas l'affaire possible: je la ferais bien moi-m��me, parce que, par l'intelligence que je lis sur votre physionomie, la r��solution qui se montre dans toute votre personne, vous m'inspirez confiance; mais je n'ai pas de fonds �� mettre dans ces sortes d'op��rations; je ne puis ��tre, comme toujours, qu'un interm��diaire, c'est-��-dire proposer cet emprunt �� un de mes clients, et je ne vois pas qui se contentera de garanties ne reposant que sur un avenir plus ou moins probl��matique; il y a tant de m��decins �� Paris qui sont dans votre position!
Saniel se leva.
--Vous partez! s'��cria Caffi��.
--Mais....
--Asseyez-vous donc, mon cher monsieur. Il ne faut pas ainsi jeter le manche apr��s la cogn��e. Vous m'adressez une proposition, je vous montre les difficult��s qu'elle rencontrera selon moi, mais je ne dis pas qu'il n'y a pas un moyen de vous tirer d'embarras; c'est �� chercher. Il n'y a que quelques minutes que je vous connais, mais il ne faut pas longtemps pour appr��cier les gens comme vous, et franchement vous m'inspirez un tr��s vif int��r��t.
O�� voulait-il en venir? Saniel n'��tait pas un na?f qui se laisse prendre au premier mot, et il n'��tait pas davantage un fat qui accepte bouche b��ante les compliments qu'on lui adresse. Pourquoi inspirait-il ainsi un int��r��t subit �� ce coquin, qui avait la r��putation de pousser la duret�� des hommes d'affaires jusqu'�� la f��rocit��. C'��tait �� voir. En attendant il devait se tenir sur ses gardes.
--Je suis tr��s touch�� de votre sympathie, dit-il.
--Je veux vous prouver qu'elle est r��elle et qu'elle peut devenir efficace. Vous venez ��
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