Cinq Semaines En Ballon | Page 4

Jules Verne
Samuel Fergusson, l'un de ses glorieux enfants, ne faillira pas �� son origine. (De toutes parts: Non! non!) Cette tentative, si elle r��ussit (elle r��ussira!) reliera, en les compl��tant, les notions ��parses de la cartologie africaine (v��h��mente approbation), et si elle ��choue (jamais! jamais!), elle restera du moins comme l'un des plus audacieuses conceptions du g��nie humain! (Tr��pignements fr��n��tiques.) ?
--Hourra! hourra! fit l'assembl��e ��lectris��e par ces ��mouvantes paroles.
--Hourra pour l'intr��pide Fergusson!? s'��cria l'un des membres les plus expansifs de l'auditoire.
Des cris enthousiastes retentirent. Le nom de Fergusson ��clata dans toutes les bouches, et nous sommes fond��s �� croire qu'il gagna singuli��rement �� passer par des gosiers anglais. La salle des s��ances en fut ��branl��e.
Ils ��taient l�� pourtant, nombreux, vieillis, fatigu��s, ces intr��pides voyageurs que leur temp��rament mobile promena dans les cinq parties du monde! Tous, plus ou moins, physiquement ou moralement, ils avaient ��chapp�� aux naufrages, aux incendies. aux tomahawks de l'Indien, aux casse-t��tes du sauvage, au poteau du supplice, aux estomacs de la Polyn��sie! Mais rien ne put comprimer les battements de leurs c?urs pendant le discours de sir Francis M..., et, de m��moire humaine, ce fut l�� certainement le plus beau succ��s oratoire de la Soci��t�� royale g��ographique de Londres Mais, en Angleterre, l'enthousiasme ne s'en tient pas seulement aux paroles. Il bat monnaie plus rapidement encore que le balancier de ? the Royal Mint [La Monnaie �� Londres.]. ? Une indemnit�� d'encouragement fut vot��e, s��ance tenante, en faveur du docteur Fergusson, et s'��leva au chiffre de deux mille cinq cents livres[Soixante-deux mille cinq cents francs.]. L'importance de la somme se proportionnait �� l'importance de l'entreprise.
L'un des membres de la Soci��t�� interpella le pr��sident sur la question de savoir si le docteur Fergusson ne serait pas officiellement pr��sent��.
? Le docteur se tient �� la disposition de l'assembl��e, r��pondit sir Francis M ...
--Qu'il entre! s'��cria-t-on, qu'il entre! Il est bon de voir par ses propres yeux un homme d'une audace aussi extraordinaire!
--Peut-��tre cette incroyable proposition, dit un vieux commodore apoplectique, n'a-t-elle eu d'autre but que de nous mystifier!
--Et si le docteur Fergusson n'existait pas! cria une voix malicieuse.
--Il faudrait l'inventer, r��pondit un membre plaisant de cette grave Soci��t��.
--Faites entrer le docteur Fergusson, ? dit simplenlent sir Francis M ...
Et le docteur entra au milieu d'un tonnerre d'applaudissements, pas le moins du monde ��mu d'ailleurs.
C'��tait un homme d'une quarantaine d'ann��es, de taille et de constitution ordinaires; son temp��rament sanguin se trahissait par une coloration forc��e du visage, il avait une figure froide, aux traits r��guliers, avec un nez fort, le nez en proue de vaisseau de l'homme pr��destin�� aux d��couvertes; ses yeux fort doux, plus intelligents que hardis, donnaient un grand charme �� sa physionomie; ses bras ��taient longs, et ses pieds se posaient �� terre avec l'aplomb du grand marcheur.
La gravit�� calme respirait dans toute la personne du docteur, et l'id��e ne venait pas �� l'esprit qu'il put ��tre l'instrument de la plus innocente mystification.
Aussi, les hourras et les applaudissements ne cess��rent qu'au moment o�� le docteur Fergusson r��clama le silence par un geste aimable. Il se dirigea vers le fauteuil pr��par�� pour sa pr��sentation; puis, debout, fixe, le regard ��nergique, il leva vers le ciel l'index de la main droite; ouvrit la bouche et pronon?a ce seul mot:
? Excelsior! ?
Non! jamais interpellation inattendue de MM. Bright et Cobden, jamais demande de fonds extraordinaires de lord Palmerston pour cuirasser les rochers de l'Angleterre, n'obtinrent un pareil succ��s. Le discours de sir Francis M... ��tait d��pass��, et de haut. Le docteur se montrait �� la fois sublime, grand, sobre et mesur��; il avait dit le mot de la situation:
? Excelsior! ?
Le vieux commodore, compl��tement ralli�� �� cet homme ��trange, r��clama l'insertion ? int��grale ? du discours Fergusson dans the Proceedings of the Royal Geographical Society of London [Bulletins de la Soci��t�� Royale G��ographique de Londres.].
Qu'��tait donc ce docteur, et �� quelle entreprise allait-il se d��vouer?
Le p��re du jeune Fergusson, un brave capitaine de la marine anglaise, avait associ�� son fils, d��s son plus jeune age, aux dangers et aux aventures de sa profession. Ce digne enfant, qui para?t n'avoir jamais connu la crainte, annon?a promptement un esprit vif, une intelligence de chercheur, une propension remarquable vers les travaux scientifiques; il montrait, en outre, une adresse peu commune �� se tirer d'affaire; il ne fut jamais embarrass�� de rien, pas m��me de se servir de sa premi��re fourchette, �� quoi les enfants r��ussissent si peu en g��n��ral.
Bient?t son imagination s'enflamma �� la lecture des entreprises hardies, des explorations maritimes; il suivit avec passion les d��couvertes qui signal��rent la premi��re partie du XlXe si��cle; il r��va la gloire des Mungo-Park, des Bruce, des Cailli��, des Levaillant, et m��me un peu, je crois, celle de Selkirk, le Robinson Cruso��, qui ne lui paraissait pas inf��rieure. Que d'heures bien occup��es il passa avec lui
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