Choix de Poesies | Page 7

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sous un nouvel aspect la vie de devoir et de renoncement du soldat. Son drame "_Chatterton_" met en sc��ne les souffrances du po��te incompris aux prises avec les amoindrissantes r��alit��s de l'existence. Dans ses _Po��mes antiques et modernes_, Vigny exhale son pessismisme, qui ne manque pas de noblesse lorsqu'il pr��che, comme dans la "Mort du Loup," une sto?que r��signation.
LA MORT DU LOUP.
Les nuages couraient sur la lune enflamm��e?Comme sur l'incendie on voit fuir la fum��e,?Et les bois ��taient noirs jusques �� l'horizon.?Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,?Dans la bruy��re ��paisse et dans les hautes brandes,?Lorsque sous des sapins pareils �� ceux des Landes,?Nous avons aper?u les grands ongles marqu��s?Par les loups voyageurs que nous avions traqu��s.?Nous avons ��cout��, retenant notre haleine?Et le pas suspendu. Ni le bois ni la plaine?Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement?La girouette en deuil criait au firmament;?Car le vent, ��lev�� bien au-dessus des terres,?N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,?Et les ch��nes d'en bas, contre les rocs pench��s,?Sur leurs coudes semblaient endormis et couch��s.?Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la t��te,?Le plus vieux des chasseurs qui s'��tait mis en qu��te?A regard�� le sable en s'y couchant; bient?t,?Lui que jamais ici l'on ne vit en d��faut,?A d��clar�� tout bas que ces marques r��centes?Annon?aient la d��marche et les griffes puissantes?De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.?Nous avons tous alors pr��par�� nos couteaux,?Et, cachant nos fusils et les lueurs trop blanches,?Nous allions pas �� pas en ��cartant les branches.?Trois s'arr��tent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,?J'aper?ois tout �� coup deux yeux qui flamboyaient,?Et je vois au-del�� quatre formes l��g��res?Qui dansaient sous la lune au milieu des bruy��res,?Comme font chaque jour, �� grand bruit sous nos yeux,?Quand le ma?tre revient, les l��vriers joyeux.?Leur forme ��tait semblable et semblable la danse;?Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,?Sachant bien qu'�� deux pas, ne dormant qu'�� demi,?Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.?Le p��re ��tait debout, et plus loin, contre un arbre,?Sa louve reposait comme celle de marbre?Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus?Couvaient les demi-dieux R��mus et Romulus.?Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dress��es,?Par leurs ongles crochus dans le sable enfonc��es.?Il s'est jug�� perdu, puisqu'il ��tait surpris,?Sa retraite coup��e et tous ses chemins pris,?Alors il a saisi, dans sa gueule br?lante,?Du chien le plus hardi la gorge pantelante,?Et n'a pas desserr�� ses machoires de fer,?Malgr�� nos coups de feu, qui traversaient sa chair,?Et nos couteaux aigus qui comme des tenailles,?Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,?Jusqu'au dernier moment o�� le chien ��trangl��,?Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roul��.?Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.?Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'�� la garde,?Le clouaient au gazon tout baign�� de son sang;?Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.?Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,?Tout en l��chant le sang r��pandu sur sa bouche,?Et, sans daigner savoir comment il a p��ri,?Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.?H��las! ai-je pens��, malgr�� ce grand nom d'Hommes,?Que j'ai honte de nous, d��biles que nous sommes!?Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,?C'est vous qui le savez, sublimes animaux.?A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,?Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.?--Ah! je tai bien compris, sauvage voyageur,?Et ton dernier regard m'est all�� jusqu'au coeur.?Il disait: "Si tu peux, fais que ton ame arrive,?A force de rester studieuse et pensive,?Jusqu'�� ce haut degr�� de sto?que fiert��?O��, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord mont��.?G��mir, pleurer, prier, est ��galement lache.?Fais ��nergiquement ta longue et lourde tache?Dans la voie o�� le sort a voulu t'appeler,?Puis, apr��s, comme moi, souffre et meurs sans parler."
ALFRED DE MUSSET.
(1810-1857)
Alfred de Musset, n�� et ��lev�� �� Paris, fut parmi les jeunes auteurs qui cr����rent le mouvement romantique fran?ais; mais trop ind��pendant pour se rallier �� une ��cole quelconque, il se contenta bient?t de suivre son inspiration, sa "Muse." Jeune, beau et assez fortun��, il s'abandonna aux jouissances et aux facilit��s de la vie qui lui apporta les douloureuses d��ceptions racont��es dans les "Nuits" (Nuit de Mai, Nuit de D��cembre, 1835; Nuit d'Ao?t, 1836; Nuit d'Octobre, 1837). A part ses po��sies, dont beaucoup, telles que les _Stances �� la Malibran, l'Espoir en Dieu, le Saule, Souvenir_, sont justement c��l��bres, Musset ��crivit des _pi��ces de th����tre_ en prose et en vers, des _Contes et Nouvelles_, et une autobiographie: _Confession d'un enfant du si��cle_.
LA NUIT DE MAI.
(Fragment).
Lorsque le p��lican, lass�� d'un long voyage,?Dans les brouillards du soir retourne �� ses roseaux,?Ses petits affam��s courent sur le rivage?En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.?D��j��, croyant saisir et partager leur proie,?Ils courent �� leur p��re avec des cris de joie?En secouant leurs becs sur leurs go?tres hideux.?Lui, gagnant �� pas lents une roche ��lev��e,?De son aile pendante abritant sa couv��e,?P��cheur m��lancolique, il
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