Cent-vingt jours de service actif | Page 7

Charles R. Daoust
royalement reçus
partout où ils allaient. Enfin, l'heure du départ sonna. Les différentes
compagnies remontèrent chacune dans son char et le train quitta la gare
au milieu des acclamations de la foule. De dix heures jusqu'à minuit, la
route se continua en chars. Chacun se mit ù tuer le temps du mieux qu'il
pût et n'y réussissait qu'à demi.
De minuit à six heures du matin, la route se continua sans incident
remarquable. A six heures le réveil sonna, et chacun se mit à nettoyer
ses armes et à brosser ses habits pour obéir aux instructions reçues.
Enfin, quelques minutes avant sept heures, les premières maisons de
Winnipeg parurent dans le lointain et furent saluées par des cris de joie.
Bientôt le train entra dans la gare. La ville avait revêtu sa toilette de
fête; les pavillons flottaient partout, et les jeunes filles avaient mis leurs
robes des dimanches pour recevoir le bataillon. Parmi la foule qui se
pressait dans la gare, on remarqua le juge Dubuc, le Col. Lamontagne,
les Messieurs Royal, fils de l'hon. Royal, M. P., et M. Pilet. Le déjeuner
fut aussitôt servi dans la gare même et fut aussi vite dévoré que servi,
car tous avaient hâte de visiter la reine de l'Ouest. On nous en avait tant
raconté sur les merveilles qui ont entouré la naissance de cette fille des
Plaines et sur les spéculations gigantesques qui s'y étaient faites, que
l'empressement des volontaires, à se répandre dans les rues de la ville

ne surprendra personne.
Avant, de partir cependant, chacun signa la liste de paie pour une
semaine. Plusieurs officiers se rendirent à Saint-Boniface et payèrent
une visite à Sa Grandeur Mgr. Taché ainsi qu'à quelques amis. A midi,
le dîner fut pris à la gare. Dans l'après-midi, ayant obtenu un congé de
quatre heures, les soldats retournèrent à leurs places de prédilection, les
uns à l'hôtel, d'autres chez leurs amis, pendant que quelques-uns
allaient chez le photographe se procurer un souvenir qu'on se hâta
d'expédier à sa famille. A trois heures et demie une patrouille fut
organisée et visita tous les quartiers pour en ramener les malades.
Heureusement il n'y en avait que deux. Avant le départ, du tabac à
fumer fut distribué aux soldats; chacun en reçut une livre. Ce don était
dû à la générosité de la maison de Geo. E. Tucker & Son.
A quatre heures le train partit. Vers une heure du matin l'on arriva à
Brandon. Malgré l'heure avancée de la nuit, les dames de la ville nous
attendaient avec des provisions de bouche. Les soldats à peine éveillés
crurent continuer quelque beau rêve en voyant ces jolies jeunes filles et
ces bonnes dames leur distribuer à pleines mains des friandises et des
bonbons, sans compter les sourires, et les doux regards servis à doubles
rations. Tous étaient des plus joyeux excepté le quartier-maître qui
voyait d'un mauvais oeil une concurrence aussi dangereuse.
Après une heure bien passée, le train se remit en marche, emportant
avec lui les bons souhaits des habitants de Brandon. Quand les soldats
se réveillèrent, on arrivait à Broadview. La principale ressource de cette
place est le travail fourni aux habitants par les ateliers de la compagnie
du Pacifique. On ne la vit qu'en passant. Quelques heures plus tard on
arrêtait à Qu'Appelle, où était déjà rendue la Batterie B.
Qu'Appelle est située à quelques milles au sud du fort du même nom.
La place présente le plus beau coup-d'oeil possible. Les rues, larges et
bien entretenues, se perdent sous les peupliers et s'étendent sur un
parcours de plusieurs milles. C'est d'ici que partent les diligences pour
Prince-Albert et les villages du nord. Les bureaux d'immigration du
gouvernement y sont Situés. Après quelques minutes de halte, le train
partit de nouveau et l'on passa bientôt Régina, la capitale de

l'Assiniboine. Ses rues qui ont plusieurs milles de longueur sont larges
et bien droites. Ici sont les quartiers-généraux de la police à cheval et
des bureaux des Sauvages.
C'est ici que se trouve le plus grand réservoir de l'Ouest; nous n'y vîmes
que des Sauvages mal vêtus qui nous regardèrent passer de loin. On
nous avait promis un bon dîner en cet endroit, mais on dût le remplacer
par une ration de pain et de fromage, en attendant mieux.
Une heure plus tard, on arrêta à Moosejaw. Deux chefs sauvages
vinrent à notre rencontre et échangèrent des signes et des protestations
d'amitié contre des biscuits et du tabac. Aussitôt sortis de la gare, on
nous distribua dix rondes de cartouches et l'on nous donna l'ordre de
dormir sous les armes. Malgré tant de préparatifs, la nuit se passa sans
incident.
L'on arriva de bonne heure à Médecine Hat. Le Rév. Père Lacombe
monta à bord du train et passa de char en char, répandant partout la
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