philosophes, faut-il vous avoir vu pendre, sans que je sache pourquoi! ? mon cher anabaptiste! le meilleur des hommes, faut-il que vous ayez ��t�� noy�� dans le port! ? mademoiselle Cun��gonde! la perle des filles, faut-il qu'on vous ait fendu le ventre!
Il s'en retournait, se soutenant �� peine, pr��ch��, fess��, absous, et b��ni, lorsqu'une vieille l'aborda, et lui dit: Mon fils, prenez courage, suivez-moi.
CHAPITRE VII
Comment une vieille prit soin de Candide, et comment il retrouva ce qu'il aimait.
Candide ne prit point courage, mais il suivit la vieille dans une masure: elle lui donna un pot de pommade pour se frotter, lui laissa �� manger et �� boire; elle lui montra un petit lit assez propre; il y avait aupr��s du lit un habit complet. Mangez, buvez, dormez, lui dit-elle, et que Notre-Dame d'Atocha[1], monseigneur saint Antoine de Padoue, et monseigneur saint Jacques de Compostelle prennent soin de vous! je reviendrai demain. Candide, toujours ��tonn�� de tout ce qu'il avait vu, de tout ce qu'il avait souffert, et encore plus de la charit�� de la vieille, voulut lui baiser la main. Ce n'est pas ma main qu'il faut baiser, dit la vieille; je reviendrai demain. Frottez-vous de pommade, mangez et dormez.
[1] Sur Notre-Dame d'Atocha, voyez dans les _M��langes_, ann��e 1769, une des notes de Voltaire sur son _Extrait d'un journal_ (ou M��moires de Dangeau). B.
Candide, malgr�� tant de malheurs, mangea et dormit. Le lendemain la vieille lui apporte �� d��jeuner, visite son dos, le frotte elle-m��me d'une autre pommade: elle lui apporte ensuite �� d?ner: elle revient sur le soir et apporte �� souper. Le surlendemain elle fit encore les m��mes c��r��monies. Qui ��tes-vous? lui disait toujours Candide; qui vous a inspir�� tant de bont��? quelles graces puis-je vous rendre? La bonne femme ne r��pondait jamais rien. Elle revint sur le soir, et n'apporta point �� souper: Venez avec moi, dit-elle, et ne dites mot. Elle le prend sous le bras, et marche avec lui dans la campagne environ un quart de mille: ils arrivent �� une maison isol��e, entour��e de jardins et de canaux. La vieille frappe �� une petite porte. On ouvre; elle m��ne Candide, par un escalier d��rob��, dans un cabinet dor��, le laisse sur un canap�� de brocart, referme la porte, et s'en va. Candide croyait r��ver, et regardait toute sa vie comme un songe funeste, et le moment pr��sent comme un songe agr��able.
La vieille reparut bient?t; elle soutenait avec peine une femme tremblante, d'une taille majestueuse, brillante de pierreries, et couverte d'un voile. Otez ce voile, dit la vieille �� Candide. Le jeune homme approche; il l��ve le voile d'une main timide. Quel moment! quelle surprise! il croit voir mademoiselle Cun��gonde; il la voyait en effet, c'��tait elle-m��me. La force lui manque, il ne peut prof��rer une parole, il tombe �� ses pieds. Cun��gonde tombe sur le canap��. La vieille les accable d'eaux spiritueuses, ils reprennent leurs sens, ils se parlent: ce sont d'abord des mots entrecoup��s, des demandes et des r��ponses qui se croisent, des soupirs, des larmes, des cris. La vieille leur recommande de faire moins de bruit, et les laisse en libert��. Quoi! c'est vous, lui dit Candide, vous vivez! je vous retrouve en Portugal! On ne vous a donc pas viol��e? on ne vous a point fendu le ventre, comme le philosophe Pangloss me l'avait assur��? Si fait, dit la belle Cun��gonde; mais on ne meurt pas toujours de ces deux accidents.--Mais votre p��re et votre m��re ont-ils ��t�� tu��s?--II n'est que trop vrai, dit Cun��gonde en pleurant.--Et votre fr��re?--Mon fr��re a ��t�� tu�� aussi.--Et pourquoi ��tes-vous en Portugal? et comment avez-vous su que j'y ��tais? et par quelle ��trange aventure m'avez-vous fait conduire dans cette maison?--Je vous dirai tout cela, r��pliqua la dame; mais il faut auparavant que vous m'appreniez tout ce qui vous est arriv�� depuis le baiser innocent que vous me donnates, et les coups de pied que vous re??tes.
Candide lui ob��it avec un profond respect; et quoiqu'il f?t interdit, quoique sa voix f?t faible et tremblante, quoique l'��chine lui f?t encore un peu mal, il lui raconta de la mani��re la plus na?ve tout ce qu'il avait ��prouv�� depuis le moment de leur s��paration. Cun��gonde levait les yeux au ciel: elle donna des larmes �� la mort du bon anabaptiste et de Pangloss; apr��s quoi elle parla en ces termes �� Candide, qui ne perdait pas une parole, et qui la d��vorait des yeux.
CHAPITRE VIII.
Histoire de Cun��goride.
J'��tais dans mon lit et je dormais profond��ment, quand il plut au ciel d'envoyer les Bulgares dans notre beau chateau de Thunder-ten-tronckh; ils ��gorg��rent mon p��re et mon fr��re, et coup��rent ma m��re par morceaux. Un grand Bulgare, haut de six pieds, voyant qu'�� ce spectacle j'avais perdu connaissance, se mit �� me violer; cela me fit revenir, je repris mes sens,
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