qu'en temps
normal. La conséquence est que les prix augmentent, et que les
marchés mondiaux se trouvent souvent dépourvus; avec la meilleure
volonté, la C. R. B. est dans l'impossibilité de se procurer tout ce
qu'elle voudrait. C'est encore la guerre qui entrave les transports. Elle
les rend plus périlleux, et parfois des marins montant même des navires
neutres, préfèrent refuser le service, plutôt que de s'exposer à périr,
lors d'un torpillage, ou du choc d'une mine flottante. Un certain
nombre de bateaux restent inoccupés. Les transports militaires en
utilisent aussi en quantité. Et, alors qu'on aurait besoin d'un tonnage
accru, puisqu'on fait venir d'outre mer beaucoup plus de marchandises,
on dispose seulement d'un tonnage inférieur d'un tiers à celui du temps
normal. Toutes ces raisons expliquent l'élévation des tarifs: le fret pour
une tonne de charbon, de Cardiff à Marseille est passé de 8 fr. 50 à 90
fr., pour une tonne de blé, d'Amérique à Rotterdam, il s'est élevé de 15
à 190 fr.
Si ce tableau de la situation générale en Europe n'est pas favorable,
combien notre sort est rendu encore plus lamentable, par les
circonstances spéciales, dans lesquelles se trouve notre région! Nous
sommes, à la fois, pays occupé et ligne de feu. Nous n'avons pour ainsi
dire plus de ressources locales, et l'importation de produits
alimentaires est quasi impossible. La C. R. B. s'en rend parfaitement
compte. Elle reconnaît le caractère pressant de nos besoins et, bien
qu'elle ne puisse pas augmenter le total des marchandises, qu'elle
introduit en Belgique et dans le Nord de la France, elle consent à
accorder au District de Lille un régime spécial, et à nous donner
proportionnellement plus qu'aux autres régions ravitaillées par elle.
Des promesses bienveillantes faites par M. Hoover, il résulte que nous
aurons à partir du 10 avril, une ration hebdomadaire de 3 kgr. de pain.
Nous pouvons espérer également recevoir par jour et par habitant 125
gr. de riz, légumes secs et céréaline, 45 gr. de lard et saindoux, 10 gr.
de sucre, 15 gr. de café.
La C. R. B. fera tous ses efforts pour nous faire parvenir ces quantités,
mais, étant données les difficultés rappelées plus haut, il ne peut pas y
avoir d'engagement formel de sa part. Nous sommes en guerre, nous
avons à faire chaque jour cette triste constatation, et, s'il y a quelque
chose qui est exclu en ce moment, c'est la régularité, c'est la garantie
d'un fonctionnement uniforme. Nos concitoyens doivent être sûrs, en
tout cas, que le dévouement des membres de la C. R. B. est
complètement acquis à l'oeuvre qu'ils ont entreprise et que ce qu'ils
font est le maximum de ce qu'on peut faire dans les circonstances
actuelles.
Nous venons de parler des produits principaux que la C. R. B. nous
fournit depuis longtemps. Sur nos instances, elle veut bien étendre son
rôle et ses efforts en vue d'un ravitaillement s'appliquant à d'autres
produits nécessaires. Elle nous procurait déjà du lait conservé. Emue
de la triste situation de nos enfants, de nos malades et de nos vieillards,
elle nous promet, malgré la difficulté d'approvisionnement,
d'augmenter la quantité, à condition, bien entendu, que seules les
catégories précitées en bénéficient. En même temps, elle poursuit, en
accord avec l'autorité allemande, l'introduction et l'installation dans
notre District, de vaches laitières sauvegardées contre toutes
réquisitions.
Nous manquons de pommes de terre. La C. R. B. s'en est déjà
préoccupée. D'ailleurs, plusieurs grandes villes de Belgique ne sont
pas mieux partagées que nous. On a tenté d'en faire venir d'Irlande,
mais ces envois n'ont pas réussi. La C. R. B. va en acheter en Hollande,
et, ici encore, elle espère sauver la situation.
Quant à la viande et au poisson, l'approvisionnement est de plus en
plus difficile. Même, si les efforts de la C. R. B. réussissent, on ne
pourra pas couvrir les besoins de l'ensemble de la population, et
encore moins satisfaire la totalité de ses désirs. Mais enfin, il est à
espérer que nous recevrons de temps en temps un certain nombre de
bêtes vivantes ou quelques milliers de tonnes de viande abattue ou de
poisson et nous devons rappeler que le souhait nettement formulé par
la C. R. B. est de voir la viande aller avant tout aux familles
nécessiteuses, qui ont particulièrement besoin de reconstituants.
Nous avons voulu, dans ce résumé, renseigner nos lecteurs sur les
résultats obtenus; mais il ne rend pas la physionomie de l'entrevue du
28 mars. Les membres du Comité de District y ont, pendant les deux
heures qu'elle a duré, senti chez les citoyens d'Amérique la volonté
généreuse d'apporter le maximum d'aide à la population civile des
régions occupées. Cette volonté tenace, ne trouve de limites que dans
les obstacles et les difficultés qui sont le fait de la guerre. Les
Américains sont des
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