Bric-a-brac | Page 5

Alexandre Dumas, père
et sur le dos de sa m��re, qui--l'allaitait en levant la cuisse; seulement, du lundi au mercredi matin, c'est-��-dire pendant l'espace de quarante-huit heures environ, ni le petit ni la m��re ne sortirent de l'eau.
Le male paraissait indiff��rent, mais non pas hostile �� sa prog��niture.
Le mercredi matin, le petit commen?a de sortir du bassin et de se coucher au soleil. On envoya aussit?t chercher les savants, qui vinrent, qui l'examin��rent et le mesur��rent. Il portait pr��s d'un m��tre trente-cinq centim��tres d'une extr��mit�� �� l'autre, et grossissait �� vue d'oeil, et _comme si on l'e?t souffl��_. Rapport d'un t��moin oculaire.
Au nombre des savants, est un fort bon et fort aimable homme, M. Pr��vost, que la femelle hippopotame, malgr�� toutes les avances qu'il lui a faites et lui fait journellement, a pris en grippe. Elle ne peut pas le voir, et, sit?t qu'elle le voit, sort de son bassin et essaye de le charger.
M. Geoffroy-Saint Hilaire lui-m��me, malgr�� la haute position qu'il occupe, non-seulement au Jardin des plantes, mais encore dans la science, n'a jamais pu familiariser avec le pachyderme; ce qui pourrait bien avoir eu une influence sur le jugement un peu s��v��re qu'il en porte, contradictoirement �� l'opinion de son confr��re le savant allemand Funke, qui dit, dans son Histoire naturelle, ��dition de Leipzig, 1811, que ?la nature de l'hippopotame est douce et inoffensive.?
Ajoutons que, pendant la soir��e qui pr��c��da le meurtre commis par l'hippopotame sur son petit, MM. les savants se livr��rent �� une grande chasse aux rats. Les moyens de destruction ��tant le pistolet, et les savants, chose reconnue, ne maniant pas cette arme avec une sup��riorit�� remarquable, il y eut peu de rats tu��s, mais beaucoup de coups de pistolet tir��s et beaucoup de bruit fait.
Ce bruit parut vivement inqui��ter la femelle de l'hippopotame.
Vers une heure du matin, le gardien de veille vit sortir de l'eau le petit hippopotame se tra?nant �� peine, et paraissant visiblement souffrir. Au bout de quelques pas, il se coucha, avec un g��missement, au bord de son bassin; le gardien courut �� lui, et reconnut six blessures, dont une mortelle traversant le poumon.
Il courut �� M. Pr��vost, le r��veilla, et lui annon?a que, s'il voulait voir le petit hippopotame vivant, il lui fallait se hater.
M. Pr��vost se hata et re?ut le dernier soupir du petit hippopotame, sans que la m��re, �� ce triste spectacle, manifestat autre chose que son m��contentement de l'introduction d'un ��tranger dans son domicile.
Vers deux heures du matin, le petit hippopotame rendit le dernier soupir.
Maintenant, nous qui n'avons jamais eu aucune pr��tention �� la science, mais qui sommes un homme pratique, ayant v��cu parmi les animaux domestiques et sauvages, pr��sentons une bien humble observation �� MM. les savants.
C'est que les animaux domestiques seuls tol��rent la pr��sence et l'attouchement de l'homme �� l'endroit de leurs petits; encore a-t-on remarqu�� que les chiens et les chats, dont on avait tu��, comme cela arrive souvent trois ou quatre petits pour ne leur en laisser qu'un ou deux, ou se cachaient pour mettre bas lors d'une nouvelle parturition, ou, voyant que l'on avait touch�� �� leurs petits, les emportaient et les cachaient du mieux qu'il leur ��tait possible pour les enlever �� la main destructrice de l'homme.
Mais il en est bien pis des animaux sauvages. Beaucoup de quadrup��des, voyant l'endroit o�� ils ont d��pos�� et o�� ils allaitent leurs petits d��couvert, les abandonnent et les laissent mourir de faim.
Quant aux oiseaux des for��ts et m��me des jardins, il suffit de toucher �� leurs oeufs pour qu'ils renoncent, �� l'incubation et que ces oeufs soient perdus; il est vrai qu'ils tiennent davantage �� leurs petits.
Cependant, citons un fait qui se passe fr��quemment �� l'endroit de ceux-ci.
Souvent, des enfants, ayant d��couvert, �� quelques pas de la maison qu'ils habitent, dans le jardin qu'ils fr��quentent, un nid soit de chardonneret, soit de pinson, soit de fauvette, et voulant se dispenser de la peine d'��lever les petits ou croyant les faire ��lever plus s?rement par la m��re, mettent les oisillons dans une cage, �� travers les barreaux de laquelle les parents viennent les nourrir pendant un certain temps; mais, lorsque le moment est venu o�� les petits devraient les suivre et en sont emp��ch��s par leur captivit��, les parents les abandonnent et les laissent mourir de faim.
Aussi n'?terez-vous pas de l'id��e des petits paysans que, lorsqu'un amateur d'ornithologie emploie ce moyen ��conomique de se procurer des oisillons, le p��re et la m��re, plut?t que de laisser leurs petits en captivit��, les empoisonnent.
L'infanticide existerait donc, dans ce cas, chez ces innocents chanteurs que l'on appelle le chardonneret, le pinson, la fauvette, comme chez ce f��roce amphibie qu'on appelle l'hippopotame?
Non. Mais le fait irr��cusable est celui-ci: tout animal sauvage a horreur de la captivit�� et de l'homme, qui la lui impose. Tant qu'il est petit, tant qu'il a besoin
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