pas moins un voyageur remis �� ma garde. Ce toit vous prot��ge. Si vous ��tes de ceux qui ont tir�� l'��p��e contre leur roi et leur pays, c'est �� Dieu de vous juger. Je fais mon devoir; puissiez-vous dire: Je fais le mien.
Le faux marchand baissa les yeux sous le regard serein de l'artisan, et la rougeur passa sur son front comme un ��clair. Mais reprenant aussit?t sa s��r��nit��, il salua de la main le vieux fauconnier.
--Soit, mon brave, je ne chargerai pas votre m��moire d'un souvenir; mais, par le nom de mon p��re, je n'oublierai ni le v?tre, ni ce que vous faites.
Deux heures se pass��rent, et l'��tranger partagea le d?ner du fauconnier, �� l'aise, comme sous la tente d'un soldat, ou dans l'h?tel d'un grand seigneur. Puis, deux autres se pass��rent encore; �� la fin de la quatri��me, l'inqui��tude rapprocha la pointe de ses sourcils. Il marcha vers la fen��tre et l'ouvrit, pr��tant l'oreille; la nuit ��tait venue, et la route ��tait sans bruit. Bient?t il sortit de la maisonnette et s'avan?a vers la porte du jardin. Le p��re Guillaume le suivit. Ainsi que l'obscurit��, le silence ��tait profond.
--Votre fils est brave? dit l'��tranger brusquement au fauconnier.
--Honn��te et brave comme l'acier.
--Il d��fendrait donc un d��p?t confi�� �� sa fid��lit��?
--Ce n'est qu'un enfant, mais il se ferait tuer comme un homme.
--Alors j'ai peur pour votre fils, ma?tre Guillaume.
Le p��re ne r��pondit pas, mais, aux rayons de la lune, l'��tranger vit s'��tendre la paleur sur son front. Tous deux gard��rent le silence, les yeux attach��s sur la ligne blanche du chemin qui se noyait dans un horizon vague et sans bornes. Les myst��res de la nuit emplissaient l'espace de bruits confus, rapides, incertains. Guillaume Grinedal s'appuyait sur les batons d'une haie �� claire-voie; on entendait craquer le bois sous l'effort de ses mains. Le gentilhomme froissait les revers de son habit.
--Rien, rien encore! murmurait-il. Oh! je donnerais mille louis pour entendre le galop d'un cheval!
Comme il parlait, une d��tonation retentit dans l'��loignement, plus loin que le bois dont les ombres ��paisses coupaient l'horizon. La haie se brisa sous la main du fauconnier, qui sauta sur la route.
--Un coup de fusil! L'avez-vous entendu? s'��cria le gentilhomme.
--Je l'ai entendu, r��pondit Guillaume Grinedal, qui se jeta �� plat ventre sur le chemin.
Deux autres d��tonations retentirent encore, mais le son venait de si loin, qu'il fallait l'oreille d'un p��re ou d'un proscrit pour les distinguer des mille bruits qui flottaient sous le ciel profond. Guillaume Grinedal ��coutait l'oreille coll��e �� la terre.
--Eh bien? dit le gentilhomme.
--Rien... rien encore! Le coeur me bat et les oreilles me tintent, dit le pauvre p��re. Ah! oui, maintenant, un bruit sourd, saccad��, continu! Il approche... c'est le galop d'un cheval!
--Oh! le brave enfant! s'��cria l'��tranger avec explosion.
Guillaume Grinedal ne dit rien, mais d��couvrant son front blanchi par les ann��es, il leva les yeux vers le ciel et pria. Le gentilhomme regardait dans l'espace, la t��te pench��e en avant: on aurait dit que ses yeux ��tincelants voulaient percer la t��n��breuse transparence de la nuit.
--Je le vois, mordieu! je le vois! Le cheval a des ailes et l'enfant est dessus.
Le gentilhomme saisit le bras du fauconnier.
--Ne le reconnaissez-vous pas? dit-il.
Mais le fauconnier remerciait Dieu; deux grosses larmes tremblaient au bord de ses paupi��res et ses l��vres agit��es murmuraient une action de graces. L'��tranger retira sa main, et plein d'une religieuse ��motion, souleva son chapeau. En quelques bonds le cheval arriva sur eux. L'enfant sauta sur la route, et tomba dans les bras du fauconnier.
--Mon p��re! s'��cria-t-il.
Le p��re, silencieux, le pressait sur son coeur.
--Mais, dit Guillaume Grinedal tout �� coup, il y a du sang sur tes habits. Es-tu bless��?
--Ce n'est rien, r��pondit Jacques, une balle a d��chir�� ma blouse, l��, pr��s de l'��paule, et m'a ��gratign��, je crois!
--Tu es un vaillant gar?on, sur ma foi, dit le gentilhomme; si jamais tu t'enr?les sous les drapeaux de Sa Majest�� le roi Louis, vrai Dieu! tu feras ton chemin. ?��, voyons, as-tu la valise?
--La voil�� sur la croupe du cheval.
--Pauvre Phoebus! Tu l'as rudement men��, hein? dit gaiement l'��tranger en passant la main sur le cou du cheval.
Phoebus frotta ses naseaux ��cumants sur l'habit du gentilhomme, dressa l'oreille �� la voix du ma?tre, hennit et frappa du pied le sol.
--Tu as donc ��t�� poursuivi? reprit l'��tranger tout en d��bouclant la valise.
--A une petite lieue de Witternesse j'ai d? quitter le grand chemin pour ��viter un parti de maraudeurs espagnols, r��pondit Jacques. Deux lieues plus loin, en avant de Roquetoire, pr��s de Blendecques, je suis tomb�� au milieu d'une bande de hussards et d'imp��riaux qui battaient l'estrade. Ils m'ont pouss�� vivement durant un quart d'heure. Mais Phoebus a de bonnes jambes. A l'entr��e du bois ils ont perdu mes traces. Ah! j'oubliais! Bergame m'a charg�� d'une lettre pour vous. La voici.
Le gentilhomme brisa
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