qu'il m'a confi�� son secret!
LA COMTESSE. Qui me dit que tu sauras le garder?
L��ONIE. Vous croyez mon coeur capable de le trahir!...
LA COMTESSE. Le trahir! Dieu me garde d'un tel soup?on!... mais c'est ta bont�� m��me, ce sont tes craintes qui te trahiront.
L��ONIE, avec ��lan. Ah! ne redoutez rien ... je serai forte ... il s'agit de lui!
LA COMTESSE, vivement. De lui!
L��ONIE, avec abandon.[68] Pardonnez-moi! Je ne puis vous cacher ce qui se passe dans mon ame.... Mais pourquoi vous le cacher, �� vous? Eh bien! oui, une force, une joie ineffable remplissent mon coeur tout entier.... J'��tais si malheureuse depuis quinze jours,[69] je ne pouvais m'expliquer �� moi-m��me ce que je ressentais ... ou plut?t je ne l'osais pas: c'��tait de la honte, de la col��re, je me sentais entra?n��e vers un ab?me, et cependant j'y tombais avec joie.
LA COMTESSE, avec anxi��t��. Que veux-tu dire?
L��ONIE. Je comprends tout, maintenant. Si j'��tais aussi indign��e contre lui ... et contre moi, ma tante, c'est que je l'aimais!
LA COMTESSE, avec explosion. Vous l'aimez!
L��ONIE. Qu'avez-vous donc?
LA COMTESSE, froidement. Rien! rien! Vous l'aimez!
L��ONIE. Vous semblez irrit��e contre moi, ch��re tante.
LA COMTESSE, de m��me. Irrit��e ... moi ... non!... je ne suis pas irrit��e.... Pourquoi serais-je irrit��e?
L��ONIE. Je l'ignore!... peut-��tre ... est-ce de ma confiance trop tardive.... Je vous aurais dit plus t?t mon secret si je l'avais su plus t?t!
LA COMTESSE. Qui vous reproche votre manque de confiance?... Laissez-moi ... j'ai besoin d'��tre seule!...
L��ONIE, avec douleur. Oh! mais ... vous m'en voulez![70] ...
LA COMTESSE, avec impatience. Mais non, vous dis-je.
L��ONIE. Vous ne m'avez jamais parl�� ainsi! vous ne me dites plus ... toi![71] ...
LA COMTESSE, avec ��motion. Tu pleures?... Pardon, ch��re enfant, pardon! Si je t'ai afflig��e, c'est que moi-m��me ... je souffrais ... oh! cruellement!... je souffre encore.... Laisse-moi seule un moment, je t'en prie!... (Elle regarde L��onie, puis l'embrasse vivement.) Va-t'en![72] va-t'en!...
L��ONIE, en s'en allant. A la bonne heure,[73] au moins.... (Elle sort.)
SC��NE XII
LA COMTESSE, seule.
Elle l'aime! Pourquoi ne l'aimerait-elle pas? N'est-elle pas jeune comme lui? riche et noble comme lui?... Pourquoi donc souffr��-je tant de cette pens��e? Pourquoi, pendant qu'elle me parlait ... ressentais-je contre elle un sentiment de col��re ... d'aversion, de ... Non, ce n'est pas possible! depuis quinze jours ne veillais-je pas sur lui comme une amie ... ne lui parlais-je pas comme une m��re?... ce matin, ne l'ai-je pas remerci�� de ce qu'il m'appelait ma soeur?... Ah! malgr�� moi le voile tombe!... ce langage maternel n'��tait qu'une ruse de mon coeur pour se tromper lui-m��me ... je ne cherchais dans ces titres menteurs de soeur ou de m��re qu'un pr��texte, que le droit de ne lui rien cacher de ma tendresse. Ce n'est pas de l'int��r��t ... de l'amiti�� ... du d��vouement ... c'est de l'amour!... J'aime!... (Avec effroi.) J'aime!... moi! et ma rivale, c'est l'enfant de mon coeur, c'est un ange de grace, de bont��. Ah! tu n'as qu'une r��solution �� prendre! renferme, renferme ta folle passion dans ton coeur comme une honte, cache-la, ��touffe-la.... (Apr��s un moment de silence.) Je ne peux pas! Depuis que ce feu couvert a ��clat�� �� mes propres yeux, depuis que je me suis avou�� mon amour �� moi-m��me ... il cro?t �� chaque pens��e, �� chaque parole!... je le sens qui m'envahit comme un flot qui monte!... (Avec r��solution.) Eh bien! pourquoi le combattre? L��onie aime Henri, c'est vrai ... mais lui, il ne l'aime pas encore ... il aurait parl��, s'il l'aimait ... elle me l'aurait dit, s'il avait parl��.... (Avec joie.) Il est libre! eh bien! qu'il choisisse!... Elle est bien belle d��j�� ... on dit que je le suis encore.... Qu'il prononce!... (Avec douleur.) Pauvre enfant!... elle l'aime tant!... Ah! Mais je l'aime mille fois davantage! Elle aime, elle, comme on aime �� seize ans, quand on a l'avenir devant soi et que le coeur est assez riche pour gu��rir, se consoler, oublier et rena?tre!... mais �� trente ans notre amour est notre vie tout enti��re.... Allons! il faut lutter avec elle! luttons ... non pas de ruse ou de perfidie f��minine ... non! mais de d��vouement, d'affection, de charme.... On dit que j'ai de l'esprit, servons-nous-en.[74] ... L��onie a ses seize ans, qu'elle se d��fende!... et si je triomphe aujourd'hui ... ah! je r��ponds de l'avenir ... je rendrai Henri si heureux que son bonheur m'absoudra du mien!... (Apr��s un moment de silence.) Mais triompherai-je? sais-je seulement s'il m'est permis de lutter?... qui me l'apprendra? Quand on a un grand nom, du cr��dit, de la fortune ... ceux qui nous entourent nous disent-ils la v��rit��?... (Elle prend sur la table �� gauche un miroir.) Ma main tremble en prenant ce miroir ... ce n'est pas le trouble de la coquetterie ... non! c'est mon coeur qui fait trembler ma main ... je ne me trouverai
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