r��pondre quand j'appelle Charles ... et ne pas dire: quoi? quand quelqu'un dit Henri.
HENRI. La v��rit�� est que je n'y manque jamais.
LA COMTESSE. Puis, ne plus vous extasier devant les dessins de ma ni��ce, et ne pas r��pondre comme tout �� l'heure: Je ne ferai plus que penser ce que j'ai dit! Hypocrite!... il[39] ne peut pas se d��cider �� ne pas ��tre charmant. Enfin, ne pas vous exposer, comme vous l'avez fait ce matin encore, malgr�� ma d��fense, en allant �� Lyon. Mais, malheureux enfant! vous ne savez donc pas qu'il s'agit de vos jours?[40]
HENRI, gaiement. Bah!
LA COMTESSE. Tout est �� craindre depuis l'arriv��e du baron de Montrichard.
HENRI. Le baron de Montrichard!
LA COMTESSE. Oui ... le nouveau pr��fet ... il a la finesse d'une femme, il est rus�� comme un diplomate, et avec cela actif, pers��v��rant ... et pensez que c'est �� moi peut-��tre qu'il doit sa nomination!
HENRI. Vous, comtesse? vous avez fait nommer un homme comme lui, d��vou�� pendant vingt ans, corps et ame, au Consulat et �� l'Empire?[41]
LA COMTESSE. C'est pour cela! il est toujours d��vou�� corps et ame �� tous les gouvernements ��tablis, et il les sert d'autant mieux qu'il veut faire oublier les services rendus �� leurs pr��d��cesseurs ... aussi va-t-il vouloir signaler son installation par quelque action d'��clat.
HENRI. C'est �� dire en faisant fusiller deux ou trois, pauvres diables qui n'en pensent mais[42] ...
LA COMTESSE. Non, il n'est pas cruel: au contraire! je sais m��me qu'il avait demand�� une amnistie g��n��rale; mais l'id��e de d��couvrir un chef de conspirateurs va le mettre en verve![43] il d��ploiera contre vous les ressources de son esprit ... votre signalement sera partout ... je le sais ... le premier soldat pourrait vous reconna?tre.
HENRI. Eh bien! vous l'avouerai-je? il y a dans ces p��rils, dans cette vie de conspirateur poursuivi ... je ne sais quoi qui m'amuse comme un roman! rien ne me divertit autant que d'entendre prononcer mon nom dans les march��s, que d'acheter aux crieurs des rues[44] ma condamnation, que d'interroger un gendarme qui pourrait me mettre la main sur le collet ... et de lui parler de moi.--Eh bien! monsieur le gendarme, ce Henri de Flavigneul, est-ce qu'il n'est pas encore pris?--Non, vraiment, c'est un enrag�� qui tient �� la vie, �� ce qu'il para?t. Dites-moi donc un peu son signalement, si vous l'avez?
LA COMTESSE. Mais vous me faites fr��mir!... Oh! les hommes! toujours les m��mes!... n'ayant jamais que leur vanit�� en t��te; vanit�� de courage ou vanit�� d'esprit. Eh bien! tenez, pour vous punir, ou pour vous enchanter peut-��tre ... qui sait?... voyez cette lettre de votre m��re ... savourez les traces de larmes qui la couvrent ... dites-vous que si vous ��tiez condamn��, elle mourrait de votre mort ... ajoutez que si je vous voyais arr��t�� chez moi, je croirais presque ��tre la cause de votre perte et que j'aurais tout �� la fois le d��sespoir du regret et le d��sespoir du remords ... allons, retracez-vous bien toutes ces douleurs ... c'est du dramatique aussi, cela ... c'est amusant comme un roman. Ah! vous n'avez pas de coeur!
HENRI. Pardon!... pardon!... j'ai tort!... oui, quand notre existence inspire de telles sympathies, elle doit nous ��tre sacr��e: je me d��fendrai ... je veillerai sur moi ... pour ma m��re ... et pour ... (Lui prenant la main.) et pour ma soeur![45]
LA COMTESSE. A la bonne heure![46] voil�� un mot qui efface un peu vos torts. Pensons donc �� votre salut ... cher fr��re ... et pour que je puisse agir, racontez-moi en d��tail ce coup de t��te, dont me parle votre m��re et qui vous a chang��, malgr�� vous, en conspirateur.
HENRI. Le voici. Vous le savez, ma famille ��tait attach��e, comme la v?tre, �� la monarchie, et mon p��re refusa de para?tre �� la cour de l'empereur.
LA COMTESSE. Oui; il avait la manie de la fid��lit��, comme moi!
HENRI. Mais le jour o�� j'eus quinze ans: "Mon fils, me dit-il, j'avais pr��t�� serment au roi, j'ai d? le tenir et rester inactif. Toi, tu es libre, un homme doit ses services �� son pays; tu entreras �� seize ans �� l'��cole militaire, et �� dix-huit dans l'arm��e." Je r��pondis en m'engageant le lendemain comme soldat et je fis la campagne de Russie et d'Allemagne.[47] C'est vous dire mon peu de sympathie pour le gouvernement que vous aimez ... et cependant, je vous le jure, je n'ai jamais conspir�� ... et je ne conspirerai jamais! parce que j'ai horreur de la guerre civile, et que, quand un Fran?ais tire sur un Fran?ais, c'est au coeur de la France elle-m��me qu'il frappe! Il y a un mois pourtant, au moment o�� venait d'��clater la conspiration du capitaine Ledoux,[48] j'entre un matin �� Lyon; je vois rang�� sur la place Bellecour un peloton d'infanterie, et avant que j'aie pu demander
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