sans compter toutes les charges que le fisc fait peser sur l'agriculture[3], celles que lui impose l'entretien d'une famille et d'une maison d'exploitation; on serait ��tonn��, dis-je, comment ce cultivateur, qui donne �� la terre tout le travail d'une ann��e, peut se maintenir sans se ruiner et conserver son faible patrimoine jusqu'au jour o�� ses enfants viendront se le partager et le r��duire en lambeaux.
Sans doute, telle n'est pas la situation de tous les petits cultivateurs; je ne veux pas exag��rer le tableau. Il y en a certes dans le nombre qui, �� force de travail et d'��conomie, en s'aidant des b��n��fices de quelque autre industrie, ou favoris��s par quelque h��ritage, se procurent une certaine aisance; mais ceux-ci sont peu nombreux. Apparent rari nantes in gurgite vasto; et leur situation exceptionnelle ne d��truit pas mon assertion.
Sans doute, aussi, nos ��conomistes, nos hommes d'��tat, ��mus de cette situation, ont cherch�� et cherchent encore les moyens d'y rem��dier.
Jusqu'�� ce jour, leur bonne volont��, tous leurs efforts, sont rest��s impuissants pour am��liorer cette situation, et le pauvre cultivateur attend encore la nymphe Eg��rie qui doit souffler, aux oreilles de nos l��gislateurs et de nos ministres, les mesures de salut propres �� l'arracher au gouffre b��ant de la mis��re. Bien des propositions ont ��t�� faites, de nombreux projets ont ��t�� pr��sent��s et ��tudi��s. On a bien vite reconnu que ces propositions, ces projets, n'��taient que des palliatifs, des mesures impuissantes pour rem��dier au mal. Ce n'��tait qu'appliquer un s��datif sur une plaie douloureuse, sans pouvoir la cicatriser. Pense-t-on, en effet, qu'avec la faible gratification de quelques francs, r��sultant de la diminution ou de l'exemption de l'imp?t foncier, de celui des portes et fen��tres, ou de la prestation, gu��rir le mal qui d��vore la petite culture? On ne peut le croire; et les soixante millions provenant de la conversion de la rente, distribu��s chaque ann��e �� nos trois millions de petits cultivateurs, c'est-��-dire vingt francs pour chacun d'eux, changeront-ils sa situation? Et croit-on que l'institution des banques agricoles, en facilitant les emprunts au petit cultivateur, c'est-��-dire le moyen de d��penser davantage, au lieu de diminuer le mal, ne l'aggraverait pas? Peut-on, avec de telles mesures, couvrir la dette hypoth��caire de huit milliards de francs qui p��se sur la propri��t��, pr��levant chaque ann��e sur la production agricole de trois �� quatre cent millions de francs?
Non, tous ces moyens propos��s, toutes ces mesures indiqu��es ne suffisent pas et sont impuissantes �� r��soudre le grand probl��me de l'extinction du paup��risme agricole.
Pour mon compte, je ne connais qu'un moyen r��ellement efficace, pratique, radical, c'est celui indiqu�� par Cohen dans le journal la Semaine du 22 novembre 1850 (cit�� plus haut). C'est aussi celui que la nature nous conseille. Lorsqu'une plante, un arbre, d��p��rissent sur un sol maigre et st��rile, transplant��s sur un terrain gras et fertile, ils revivent, reprennent leur vigueur et se couvrent de fruits.
Notre oeuvre de colonisation ne s'adresse pas pr��cis��ment aux propri��taires qui jouissent de plus ou moins d'aisance. Que ceux-ci continuent �� vivre dans le village o�� les retiennent des habitudes sociales, des relations d'amiti�� ou de familles, p��nibles �� rompre. Notre oeuvre a pour unique objet d'ouvrir une voie de salut �� tous ces malheureux petits cultivateurs, qui usent inutilement leur vie et leur courage par un travail st��rile, improductif, accabl��s sous le fardeau de lourdes charges qui paralysent l'action du travail et �� qui, s'ils venaient �� liquider leur situation, il ne resterait rien ou resterait un capital insignifiant. C'est pour ces Dana?des de notre ��poque, condamn��es �� remplir d'eau un tonneau dont la bonde est ouverte; c'est, en un mot, au cultivateur pauvre qu'est destin��e notre oeuvre. Dans notre conviction, nous croyons faire une bonne oeuvre.
L'histoire ��conomique moderne nous offre une preuve ��clatante des r��sultats que procure la mesure que nous conseillons. En moins de quatre-vingts ans, trois millions de colons irlandais et allemands ont fait des terres d��sertes et incultes des ��tats-Unis de l'Am��rique du Nord le champ le plus vaste d'exploitation agricole; en s'enrichissant, ces colons ont fait de cette contr��e une des plus puissantes et des plus riches nations du monde. Pendant que l'Am��rique espagnole fermait ses portes aux ��trangers, les ��tats-Unis de l'Am��rique du Nord promulguaient leur homestead Lau (Loi du domicile) et conc��daient �� tr��s bas prix, m��me gratuitement, des terres aux colons. Aujourd'hui, les Argentins de l'Am��rique du sud, convertis aux id��es de colonisation, viennent aussi de promulguer une loi de colonisation plus compl��te et bien plus lib��rale que celle de l'Am��rique du Nord, sans pour cela ��tre parfaite.
Le plan de colonisation que nous publions aujourd'hui a pour objet de compl��ter cette loi, en simplifiant les proc��d��s d'ex��cution et en donnant un d��veloppement plus grand, plus ��lev��, aux op��rations de cette classe, tout en restant dans le cercle des dispositions des articles 98, 99 et 104
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