Baccara | Page 9

Hector Malot
fous montrer, c'est nos

nouveaux métiers-fixes à filer; c'est fraiment une pelle infention;
seulement tepuis un an que nous les avons installés, tous les fils
cassaient, nous allions faire bour cinquante mille vrancs de véraille,
quand mon betit Michel a drouvé un bervectionnement aussi simple que
barvait; il faut voir ça; je lui ai fait brendre un prefet. Il a vraiment le
chénie de la mécanique, ce garçon-là.
--Est-ce que M. Michel va directement exploiter son brevet?
--Il le fentra; tous les Eck, tous les Debs restent ensemble, touchoure.
--Ce qu'on appelle à Elbeuf les Cocodès, dit Michel en riant et en
répétant une plaisanterie qui était spirituelle à Elbeuf.
Il y eut encore un silence, puis M. Eck se levant, vint auprès de
madame Adeline:
--Est-ce que je bourrais fous tire un mot en barticulier?
Passant la première, madame Adeline le conduisit dans le salon.
IV
--Quelle mauvaise nouvelle lui apportait-on?
Ce fut la question que madame Adeline, troublée, se posa, mais qu'elle
eut la force, cependant, de retenir pour elle.
Bien qu'elle n'eût aucune raison de se défier de M. Eck, qu'elle savait
droit en affaires, brave homme et bonhomme dans les relations de la vie,
elle avait été si souvent, en ces derniers temps, frappée de coups qui
s'abattaient sur elle à l'improviste et tombaient précisément d'où on
n'aurait pas dû les attendre, qu'elle se tenait toujours et avec tous sur ses
gardes, inquiète et craintive.
Dans la ville, on disait que les Eck et Debs tentaient depuis longtemps
des essais pour fabriquer la nouveauté mécaniquement et en grand
comme ils fabriquaient le drap lisse: était-ce là la cause de cette visite
étrange? Dans ces Alsaciens ingénieux qui savaient si bien s'outiller et

qui réussissaient quand tant d'autres échouaient, allait-elle rencontrer
des concurrents qui rendraient plus difficile encore la marche de ses
affaires!
Etait-ce un danger menaçant leur maison ou la situation politique de
son mari qu'il venait lui signaler dans un sentiment de bienveillance
amicale?
De quelque côté que courût sa pensée, elle ne voyait que le mauvais
sans admettre le bon ou l'heureux; et ce qui augmentait son trouble,
c'était de voir l'embarras qui se lisait clairement sur cette physionomie
ordinairement ouverte et gaie.
Elle s'était assise en face de lui, le regardant, l'examinant, et elle
attendait qu'il commençât; ce qu'il avait à dire était donc bien difficile?
Enfin il se décida:
--Quand nous nous sommes expatriés pour fenir à Elpeuf, nous n'afons
pas drouvé ici tout le monde bien tisposé à nous recevoir. On tisait:
«Qu'est-ce qu'ils fiennent faire; nous n'afons bas pesoin t'eux? M.
Ateline n'a bas été parmi ceux-là, au gontraire, il n'a obéi qu'à un
sentiment patriotique pour les exilés et aussi pour sa ville où nous
apportions du trafail; et cela, matame, nous a été au coeur; tans la
position où nous étions, quittant notre pays, recommençant la vie à un
âge où beaucoup ne bensent blus qu'au repos, nous afons été heureux
de troufer une main loyalement ouferte.
Ces paroles n'indiquaient rien de mauvais, l'inquiétude de madame
Adeline se détendit.
--Quand l'année ternière, continua M. Eck, nous afons eu le chagrin de
perdre mon peau-frère Debs, nous afons encore retrouvé M. Ateline.
Fous safez ce qui s'est passé à ce moment et comment des gens se sont
récusés pour ne pas lui faire des funérailles convenables; on tisait:
«Quel besoin d'honorer ce chuif qui est fenu nous faire concurrence?»
Toutes sortes de mauvais sentiments s'étaient élevés contre le chuif
autant que contre le fabricant, et ceux-là mêmes qui auraient dû se

mettre en avant se sont mis en arrière. M. Ateline était alors à Baris,
retenu bar les travaux de la Chambre, et il bouvait très pien y rester s'il
avait foulu. Mais, aferti de ce qui se passait ici,--peut-être même est-ce
bar fous, matame?
--Il est vrai que je lui ai écrit.
M. Eck se leva et avec une émotion grave il salua respectueusement:
--J'aime à safoir, comme je m'en toutais, que c'est fous. Enfin, aferti, il
a quitté Baris et sur cette tombe, lui député, il n'a pas craint de tire ce
qu'il pensait d'un honnête homme qui avait apporté ici une industrie
faisant vivre blus de mille personnes, dans une ville où il y a tant de
misère. Et pour cela il a trouvé des paroles qui retentissent toujours
dans notre coeur, le mien et celui de tous les membres de notre famille.
Il fit une pause, ému bien manifestement par ces souvenirs; puis
reprenant:
--Ne fous temantez pas, matame pourquoi je rappelle cela; fous allez le
savoir; c'est pour fous le tire que je bous ai demandé ce moment
d'entretien bartigulier. Après ces exbligations, fous gomprenez quelle
estime nous avons pour M. Ateline et tans quels termes nous barlons de
lui: ma mère, ma soeur, ma femme, mes
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