et ses valeurs mobili��res, s'��tait encore fait rembourser par son fils a?n�� la part qui lui revenait dans la maison d'Elbeuf. Constant e?t pu r��sister �� la demande de sa m��re; en tout cas, il e?t pu ne donner que la moiti�� de cette part; il l'avait donn��e enti��re, autant par respect pour la volont�� de sa m��re que pour l'honneur de son nom qui ne devait pas figurer au tableau des faillites.
Un commer?ant ne retire pas douze cent mille francs de ses affaires sans embarras et sans trouble, cependant Constant Adeline avait pu s'imposer cette saign��e sans compromettre, semblait-il, la solidit�� de sa maison; s'il s'en trouvait un peu g��n��, quelques bonnes ann��es combleraient ce trou; il n'avait qu'�� travailler.
Mais justement �� cette ��poque avait commenc�� une crise commerciale qui dure encore, et un changement radical dans la mode qui, �� la nouveaut�� en tissu foul��, fabriqu�� �� Elbeuf depuis trente ou quarante ans avec une sup��riorit�� reconnue, a fait pr��f��rer le tissu fortement serr�� en cha?ne et en trame, fabriqu�� en Angleterre et �� Roubaix;--au lieu des bonnes ann��es attendues, les mauvaises s'��taient encha?n��es; au lieu de travailler pour combler le trou creus��, il avait fallu travailler pour qu'il ne s'agrandit pas d��mesur��ment, et encore n'y avait-on pas r��ussi. Car, pour la nouveaut�� beaucoup plus que pour les autres industries, les crises sont une cause de ruine: il en est d'elle comme des primeurs, elle ne se garde pas. Une pi��ce de drap uni, noir, vert, bleu, reste en magasin sans autre inconv��nient pour le fabricant que la perte d'int��r��t de l'argent avanc�� et du b��n��fice manqu��. Une pi��ce de nouveaut�� ne peut pas y rester, le mot m��me le dit. Lorsque tout a ��t�� dispos�� par le fabricant pour faire une ��toffe neuve: m��lange de la mati��re, laine de telle esp��ce avec telle autre laine ou avec la soie; teinture de ces laines et de cette soie; filature selon l'effet cherch��; tissage d'apr��s certaines combinaisons d��termin��es pour le dessin, la force, la fa?on; appr��t sp��cial aussi vari�� dans ses combinaisons que celles de la teinture, de la filature et du tissage--il faut que cette ��toffe soit vendue �� son heure pr��cise et pour la saison en vue de laquelle elle a ��t�� cr����e, ou la saison suivante elle ne vaut plus rien. Et comment la vendre quand, par suite d'une raison quelconque, crise commerciale ou changement de mode, les acheteurs pour lesquels on a travaill�� ne se pr��sentent pas? La mode, le fabricant doit la pressentir, et tant pis pour lui s'il est sa victime. Mais il n'a pas la responsabilit�� des crises commerciales, il n'est ni ministre ni roi, et ce n'est pas lui qui souffle ou ��carte les maladies, les fl��aux et les guerres.
D��put��, Constant Adeline ne pouvait plus s'occuper de sa fabrique comme au temps de sa jeunesse, du matin au soir, mais, pour passer ses journ��es au palais Bourbon, il ne l'abandonnait pas cependant. Elbeuf n'est qu'�� deux heures et demie de Paris; tous les samedis, apr��s la s��ance, il prenait le train, et �� neuf heures et demie il arrivait chez lui, o�� il trouvait les siens qui l'attendaient. Ce jour-l��, le d?ner retard�� ��tait un souper; et tout le monde, m��me la vieille madame Adeline, ag��e de quatre-vingt-quatre ans, infirme et paralys��e des jambes, qu'on appelait ?la Maman?, m��me la jeune L��onie Adeline, fille de Jean Adeline, qui depuis la mort de sa m��re demeurait chez son oncle, ne se mettait �� table qu'apr��s que le chef de la famille s'��tait assis �� sa place, vide pendant toute la semaine; les visages ��taient ��panouis, et, malgr�� le retard qui avait dit aiguiser les app��tits, on causait plus qu'on ne mangeait.
--Comment vas-tu, la Maman?
--Bien, mon gar?on; et toi? Il y a encore eu du tapage �� la Chambre cette semaine, tu as d? te br?ler les sangs, c'est vraiment trop arkanser.
La Maman, rest��e vieille Elbeuvienne, avait conserv��, sans se donner la peine de les modifier en rien, ses usages d'autrefois aussi bien pour la toilette que pour le langage et le parler: en ��t�� ses robes ��taient en indienne de Rouen, en hiver en drap d'Elbeuf; ses bonnets de tulle noir garnis de dentelle ��taient �� la mode de 1840, la derni��re �� laquelle elle e?t fait des concessions; et avec un accent tra?nant elle lachait les mots de patois normand et les locutions elbeuviennes avec lesquelles elle avait ��t�� ��lev��e, sans s'inqui��ter des effarements de ses petites-filles qui, n'osant pas la reprendre en face, insinuaient adroitement que les chaircuitiers s'appelaient maintenant des charcutiers, que les castoroles sont devenues des casseroles, et que ?ne rien faire de bon? vaut mieux qu'arkanser, qu'on doit traduire pour ceux qui n'entendent pas le normand.
Il fallait qu'Adeline expliquat pourquoi on avait arkans��, car la Maman, assise
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