Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran | Page 7

Alfred Assollant
la remontait en bateau avec quelques amis, un coup de vent jeta son chapeau dans la rivi��re. Mackintosh ��tendit le bras pour le ressaisir, mais au moment o�� il le touchait, une gueule effroyable et qui semblait appartenir �� quelque tronc d'arbre flottant sur l'eau se referma sur sa main, la saisit et l'entra?na au fond de l'eau.
Cette gueule ��tait celle d'un ca?man qui n'avait pas d��jeun��.
On fit d'inutiles efforts pour rep��cher Mackintosh et pour le venger; mais la Providence se chargea de chatier le meurtrier.
La longue-vue de l'��cossais pendait en bandouli��re sur sa poitrine. Soit que le ca?man fut trop vorace ou trop affam�� pour bien distinguer ce qu'il avalait, la longue-vue de Mackintosh se mit, �� ce qu'il para?t, en travers du gosier de l'amphibie, de mani��re qu'il ne put ni avaler tout �� fait cet infortun�� jeune homme, ni remonter du fond de l'eau �� la surface pour respirer plus �� l'aise, et qu'il mourut victime de sa gloutonnerie. On le retrouva quelques jours apr��s noy��, ��tendu sur le rivage, et n'ayant pas lach�� Mackintosh.
?Monsieur, interrompit le pr��sident de l'Acad��mie, il me semble que vous vous ��cartez sensiblement de votre sujet; vous nous aviez promis de nous donner l'histoire de Louison et non pas celle de la longue-vue de monsieur Mackintosh.
--Monsieur le pr��sident, r��pliqua Corcoran avec d��f��rence, je reviens �� Louison.?
Il ��tait donc �� peu pr��s deux heures de l'apr��s-midi lorsque je fus ��veill�� tout �� coup par des cris horribles. Je me mets sur mon s��ant, j'arme ma carabine, et j'attends avec patience l'ennemi.
Ces cris ��taient pouss��s par mes deux Malais, qui accouraient tout effray��s, pour chercher un asile sur le chariot.
?Ma?tre! ma?tre! dit l'un des deux, voici le seigneur qui s'avance! Prenez garde!
--Quel seigneur? dis-je.
--Le seigneur tigre!
--Eh bien, il m'��pargnera la moiti�� du chemin. Voyons donc ce terrible seigneur!?
Tout en parlant, je sautai �� terre et j'allai �� la rencontre de l'ennemi. On ne le voyait pas encore, mais on pouvait deviner son approche �� la frayeur et �� la fuite de tous les autres animaux. Les singes se hataient de remonter sur les arbres, et du haut de ces observatoires, lui faisaient des grimaces pour le braver. Quelques-uns m��me, plus hardis, lui jetaient �� la t��te des noix de cocos. Pour moi, je ne devinai la direction dans laquelle il marchait qu'au bruit des feuilles qu'il foulait et froissait sous ses pieds. Peu �� peu, ce bruit se rapprocha de moi, et comme le chemin ��tait �� peine assez large pour laisser passer deux chariots, je commen?ai �� craindre de l'apercevoir trop tard, et de n'avoir pas le temps de l'ajuster, car l'��paisseur du fourr�� le cachait enti��rement.
Heureusement, je reconnus bient?t qu'il devait passer pr��s de moi, mais sans me voir, et qu'il allait tout simplement boire dans la rivi��re.
Enfin je l'aper?us, mais seulement de profil. Sa gueule ��tait ensanglant��e; il avait l'air satisfait et les jambes ��cart��es, comme un rentier qui va fumer son cigare sur le boulevard des Italiens apr��s un bon d��jeuner.
A dix pas de moi, le bruit sec du chien de ma carabine que j'armais parut lui causer quelque inqui��tude. Il tourna la t��te �� demi, m'aper?ut �� travers un buisson qui nous s��parait et s'arr��ta pour r��fl��chir.
Je le suivais de l'oeil; mais pour le tuer d'un coup, il aurait fallu l'ajuster au front ou au coeur et il s'��tait pos�� de trois quarts, comme un tigre de qualit�� qui fait faire son portrait par le photographe.
Quoi qu'il en soit, la divine Providence m'��pargna ce jour-l�� un meurtre d��plorable; car ce tigre, ou plut?t cette tigresse, n'��tait autre que ma belle et charmante amie, cette douce Louison que vous voyez et qui nous ��coute d'une oreille si attentive.
Louison (je puis bien �� pr��sent lui donner ce nom) avait d��jeun��, comme je vous l'ai dit, et ce fut un grand bonheur pour moi et pour elle. Elle ne pensait qu'�� dig��rer en paix. Aussi, apr��s m'avoir regard�� obliquement pendant quelques secondes.... tenez, �� peu pr��s comme elle regarde �� pr��sent le secr��taire perp��tuel....
(Ici le secr��taire changea de place et alla s'asseoir derri��re le pr��sident.)
Elle continua lentement son chemin et s'avan?a vers la rivi��re qui coulait �� quelques pas de l��.
Tout �� coup je vis un curieux spectacle. Louison, qui marchait jusque-l�� d'un air indiff��rent et superbe, ralentit tout �� coup son pas, et, allongeant son beau corps, si long d��j��, elle s'avan?a, en rasant le sol et prenant les plus grandes pr��cautions pour n'��tre ni vue ni entendue, aupr��s d'un large et long tronc d'arbre qui ��tait ��tendu sur le sable, au bord de la rivi��re Mackintosh.
Je marchais derri��re elle, la carabine �� l'��paule, toujours pr��t �� tirer, attendant une occasion favorable.
Mais je fus bien ��tonn��. En approchant du tronc d'arbre, je vis qu'il avait des pattes et des ��cailles qui
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