Aventures extraordinaires dun savant russe | Page 9

Georges le et Henri de Graffigny Faure
sans rien dire, n'attendez pas que mon p��re vous pose une question embarrassante... allez au-devant.
Fort embarrass��, Gontran r��fl��chit quelques instants, puis, enfin, apr��s avoir absorb�� gravement une gorg��e de th��, il dit non sans une certaine d��sinvolture:
--Mon Dieu! du moment que certains consid��rent la lune comme un monde habitable pour des hommes de m��me esp��ce que nous, il est tout naturel qu'elle ait toujours ��t�� l'objet des r��ves et des aspirations des voyageurs c��lestes.
Ce qui m'��tonne, c'est qu'on n'ait point plut?t pens�� �� visiter les ��toiles myst��rieuses qui scintillent si po��tiquement dans la nuit transparente.
Ossipoff sursauta sur son si��ge et S��l��na se mordit les l��vres.
Gontran, lui, inconscient de ce qu'il venait de dire, promenait ses regards de l'un �� l'autre, cherchant �� deviner sur leur visage l'��normit�� de ses paroles.
--Si vous r��fl��chissiez, r��pliqua le vieillard d'un ton quelque peu d��daigneux, et si vous revoyiez, par la pens��e, les distances colossales o�� gravitent,--je ne parle pas des ��toiles,--mais les plan��tes du syst��me solaire, vous comprendriez la difficult�� d'aller jusque dans ces mondes lointains... et d'abord la lune, qui tourne en vingt-sept jours et demi autour de nous est la premi��re ��tape, la premi��re station d'un voyage c��leste.
Le comte de Flammermont, tout penaud, baissait la t��te, fixant avec obstination la peau d'ours qui couvrait le plancher, comme s'il e?t esp��r�� y trouver une id��e g��niale.
--Eh! parbleu! monsieur Ossipoff, fit-il, je n'ignore pas les distances immenses qui s��parent les astres du ciel et la disposition de l'univers n'a, comme bien vous pensez, rien d'inconnu pour moi.
Et il ajouta d'un ton emphatique, en se penchant un peu en arri��re pour mieux saisir ce que S��l��na lui chuchotait tout bas �� l'oreille:
--Qui ne sait que le soleil est immobile au centre de notre syst��me et qu'il soutient les mondes sur le puissant r��seau de son attraction!
Et s'emballant devant les hochements de t��te approbateurs d'Ossipoff, sentant la n��cessit�� de faire dispara?tre compl��tement la mauvaise impression produite par la malencontreuse phrase de tout �� l'heure, il poursuivit:
--Ces mondes... ces mondes... c'est d'abord...
--C'est d'abord?... demanda le vieillard.
--Ces mondes, r��p��ta Gontran en se penchant en arri��re �� perdre ��quilibre, c'est d'abord...
Mais S��l��na demeurant muette,--pour quelle cause il l'ignorait,--il ne pouvait faire autrement que de l'imiter.
Surpris de ce silence, Ossipoff regardait le jeune homme, assailli tout �� coup par des doutes touchant les connaissances cosmographiques de celui qui aspirait �� devenir son gendre.
--Eh bien! demanda-t-il avec une sorte d'��tonnement impatient��... ces mondes...
[Illustration]
Le comte de Flammermont tressaillit comme sortant d'un r��ve et r��pondit en d��signant S��l��na qui s'approchait de son p��re, une tasse de th�� �� la main:
--Excusez-moi, mon cher monsieur Ossipoff, si je suis descendu de l'immensit�� o�� je m'��tais ��lev�� avec vous; mais n'ai-je point sous les yeux ici m��me, chez vous, une image des ph��nom��nes c��lestes: cette ��toile de beaut�� gravitant autour de ce soleil de science!
La jeune fille devint toute rose de contentement; quant �� Ossipoff, son front se d��rida et, flatt�� dans son amour paternel et dans son orgueil de savant, il adressa �� Gontran un regard reconnaissant.
Par une habile manoeuvre, la jeune fille ��tait pass��e derri��re le fauteuil de son p��re sur lequel elle s'accouda quelques secondes.
--Mais, pour en revenir �� notre conversation, reprit le vieillard, vous disiez donc?
Le corps ploy�� en deux, les coudes sur les genoux, il avait plong�� la t��te dans ses mains, les yeux ferm��s, concentrant toute son attention sur ce qu'allait r��pondre Gontran.
Celui-ci haussait d��sesp��r��ment les ��paules en regardant S��l��na.
Soudain celle-ci sourit radieusement, comme si une id��e g��niale lui e?t subitement travers�� l'esprit. Sans bruit, elle s'��carta du fauteuil, se retourna vers le mur que couvrait un immense tableau noir destin�� aux calculs alg��briques du savant, et saisissant un morceau de craie, dessina au milieu du tableau une circonf��rence sur laquelle elle inscrivit en lettres apparentes le mot: Soleil.
A c?t��, une circonf��rence un peu plus grande apparut avec ce mot: Mercure.
Aussit?t, le jeune homme s'��cria avec assurance en suivant du coin de l'oeil la mimique explicative de S��l��na:
--Le premier de ces mondes que nous rencontrons en partant du soleil, c'est Mercure...
--... Qui tourne autour du soleil en quatre-vingt-huit jours... C'est bien cela, ajouta Ossipoff.
S��l��na continuait �� ��crire et Gontran, les yeux fix��s sur le tableau sauveur, poursuivit emphatiquement:
--Apr��s Mercure, c'est V��nus, jeune soeur de la Terre...
--... Dont l'ann��e compte deux cent quatre-vingt jours, en effet, et dont la distance au Soleil est de vingt-six millions de lieues, comme vous le dites fort bien... Ensuite, n'est-ce pas? c'est notre Terre...
--A cent quarante-huit millions de kilom��tres, ajouta Gontran en lisant ce nombre qui venait d'appara?tre en chiffres ��normes sur le coin du tableau.
[Illustration]
--Ensuite, nous trouvons?...
--Mars, se hata de dire le jeune comte, Mars, distant de cinquante-deux millions de lieues, et enfin... Jupiter... le colossal, le monstrueux Jupiter.
Il n'avait pas h��sit�� �� attribuer ces ��pith��tes �� la plan��te qu'il venait de nommer ��
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