pour des hommes comme nous; en un mot que transport�� l��-bas, rien ne prouve que vous y puissiez vivre, parce que pour cela il faudrait que votre conformation, en harmonie avec les forces en action sur la terre, f?t encore, par le plus grand des hasards, en harmonie avec les ��l��ments existant sur notre satellite.
Gontran allait r��pondre lorsque, se sentant tirer en arri��re par le pan de sa redingote, il comprit que S��l��na lui recommandait le silence et il se tut.
--A cela, poursuivit le savant, je r��pondrai avec Hansen que la lune a la forme d'un oeuf, dont le petit bout regarde la terre et dont le centre de gravit�� est plac�� �� soixante kilom��tres du point central int��rieur de l'h��misph��re qui nous est inconnu; or, s'il existe une atmosph��re et des liquides dans notre satellite, comme j'en suis convaincu, ils doivent s'��tre trouv��s attir��s dans cet h��misph��re, n'ayant pu demeurer longtemps dans celui que nous voyons par suite de l'attraction de la terre et de l'existence de ce centre de gravit��.
[Illustration]
Ici, Ossipoff fit une pause, regardant victorieusement le jeune homme, esp��rant sans doute une marque d'approbation qui, d'ailleurs, ne se fit pas attendre.
--Voil�� qui est parl��! s'��cria chaleureusement M. de Flammermont, vos d��ductions sont justes, illustre ma?tre, et, quant �� moi, j'ai toujours pens��, contrairement �� l'opinion g��n��rale, qu'il devait y avoir des habitants dans la lune et qu'il se pourrait fort bien que l'homme terrestre s'y acclimatat.
Et il ajouta en souriant:
--Mais comme on n'ira jamais y essayer...
--Qu'en savez-vous? s'��cria Ossipoff en se croisant les bras et en regardant le comte d'un air de d��fi. Est-ce la distance qui vous effraye? Belle affaire, en v��rit��, que les quatre-vingt-seize mille lieues qui nous s��parent de la lune! Une mis��re en comparaison des millions et des millions de lieues qui servent de cirque au syst��me solaire!... Est-ce, au contraire, le moyen de franchir ces quatre-vingt-seize mille lieues qui vous arr��te? Mais songez que l'humanit�� terrestre est jeune sur son globe et, si vous tenez compte de la marche constante du progr��s, vous admettrez bien qu'un jour la science et l'industrie fourniront �� nos descendants le proc��d�� v��ritable d'abandonner notre mondicule pour visiter, non seulement la lune--qui sera t?t envahie par des l��gions d'��migrants,--mais encore le syst��me solaire tout entier. Le vieillard s'��tait lev�� et, debout devant Gontran ��bahi, il parlait d'une voix vibrante, comme inspir��.
--Et ce jour-l��, ajouta-t-il d'un ton myst��rieux, ce jour-l�� luira peut-��tre plus t?t qu'on ne pense.
[Illustration]
D'un pas rapide, Ossipoff alla �� sa biblioth��que, l'ouvrit, et, ��tendant la main vers les volumes empil��s sur les rayons:
--Je poss��de, dit-il, tous les voyages imaginaires ��crits depuis l'antiquit�� et qui ont les astres pour objet, et il semble que la lune ait ��t�� le rendez-vous de tous les conteurs et de tous les pseudo-voyageurs... Voici, par exemple, l'Histoire v��ritable ��crite par Lucien de Samosate, cinq cents ans avant notre ��re; la Face qu'on voit dans la lune, de Plutarque; l'Homme dans la lune, de Goodwin, un Anglais qui imagine de se faire tra?ner jusqu'�� notre plan��te par un attelage de grands cygnes... Si nous arrivons �� ce que j'appellerai la p��riode moderne, je vous citerai entre autres ouvrages: l'Histoire des ��tats et Empires de la Lune et du Soleil, de l'un de vos compatriotes, Cyrano de Bergerac; Les D��couvertes dans la lune, de l'Am��ricain Locke; les Voyages �� la lune, d'Edgard Po?, du docteur Cathelineau, et bien d'autres encore qu'il est inutile de vous citer, mais qui sont l��, c?te �� c?te, se reposant des nombreuses fatigues auxquelles je les ai soumis... Chaque voyageur, pouss�� par son imagination, a adopt�� un mode particulier de locomotion... mais il faut avouer qu'ils sont tous le moins scientifiques possible.
Le comte de Flammermont, qui avait religieusement ��cout�� cette longue tirade, la voyant finie, se leva.
--Monsieur Ossipoff, dit-il d'un ton grave, je d��sirerais vous poser une question.
--Parlez.
--Le charme de votre conversation est tel, monsieur, dit le jeune homme, et j'��prouve un tel contentement �� entendre discuter des sujets que vous avez bien voulu effleurer devant moi, que j'avais totalement oubli�� le but de ma visite. C'est l�� un crime de l��se-galanterie dont je demande pardon �� mademoiselle S��l��na...
Et, s'inclinant s��rieusement devant le vieillard:
--Monsieur Ossipoff, dit-il d'une voix grave, j'ai l'honneur...
Le savant ��tendit la main.
--Je sais, je sais, fit-il, mais nous ferons de cela, si vous voulez bien, l'objet d'un entretien particulier... apr��s le th��, car vous prendrez bien le th�� avec nous?
Et sans attendre la r��ponse du jeune homme, Mickha?l Ossipoff fit un signe �� S��l��na.
Celle-ci se leva, prit le samovar qui fumait en ronronnant sur le po��le et versa le liquide ambr�� et odorant dans trois tasses de fine porcelaine du Japon.
[Illustration]
Puis, s'approchant, une tasse �� la main, de Gontran, qui la suivait de l'oeil, muet et comme en extase, elle murmura:
--Ne restez point ainsi
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