Aventures dun Gentilhomme Breton aux iles Philippines | Page 5

Paul de la Gironiere
battait en duel comme �� Paris, et peut-��tre plus qu'�� Paris.
Les hautes montagnes de Piterbott, le Pouce, et les fruits, ��taient seuls diff��rents; on y mangeait cependant des p��ches qui, pour le go?t, ne diff��raient en rien de celles d'Europe.
Apr��s six mois pass��s �� Maurice et �� Bourbon, la Victorine remit �� la voile.
Trois mois apr��s, elle rentrait dans le golfe de Gascogne, et bient?t nous d��couvr?mes la terre de France, o�� j'allais enfin retrouver les personnes dont je m'��tais s��par�� si p��niblement.
L��, si mon d��part m'avait fait ��prouver les sensations douloureuses que j'ai si faiblement d��crites, mon arriv��e m'en fit supporter sans doute une de moins longue dur��e, mais peut-��tre plus cruelle et plus poignante.
Nous approchions �� vue d'oeil de notre destination, et dans quelques heures nous allions ��tre au port. Mais avec quelle lenteur marchait la Victorine! Que les minutes me paraissaient longues! J'��tais agit�� par une impatience, par un mouvement f��brile ind��finissable, et surexcit�� sans doute par les mortelles inqui��tudes o�� je me trouvais. Pendant mon s��jour �� Maurice, je n'avais re?u qu'une seule fois des nouvelles de ma famille. Depuis lors, six mois s'��taient ��coul��s: trouverai je tout le monde �� mon arriv��e, ou n'aurai-je point �� d��plorer d'affreux malheurs? Telles ��taient mes pens��es, tels ��taient mes tourments, lorsque la Victorine laissa tomber l'ancre dans le port de Saint-Nazaire, �� l'entr��e de la Loire.
L��, dans une agitation toujours croissante, il me fallut attendre la visite de la douane et rester en proie �� mes mortelles inqui��tudes, perdre toute une nuit qui fut employ��e �� remonter le fleuve jusqu'�� Nantes, o�� enfin je d��barquai.
J'aurais voulu courir, voler chez un parent dont la demeure ��tait la plus rapproch��e du lieu de mon d��barquement; mais je tremblais comme la feuille, et mon agitation ��tait si grande, que mes jambes, si agiles �� cette ��poque, me refusaient le service; je marchais en chancelant, et la t��te me tournait comme si j'avais ��t�� ivre. Sur ma route, je rencontrai un de mes oncles. Je me pr��cipitai dans ses bras sans pouvoir prononcer un seul mot; puis, tout �� coup je m'en ��loignai de quelques pas et le regardai fixement pour examiner sa physionomie, car je n'osais pas l'interroger. Il me comprit, et en souriant il me dit:
?Tout le monde t'attend avec impatience.?
Jamais de plus douces paroles n'avaient r��sonn�� �� mes oreilles, et il s'op��ra en moi un changement subit. Mes jambes avaient recouvr�� leur force et leur agilit��, ma t��te ne tournait plus.
Un instant apr��s, j'embrassais ma bonne m��re et mes soeurs. Mes deux fr��res a?n��s ��taient absents. Henri ��tait �� quelques lieues de Nantes, dans une petite ville de Bretagne; et Robert s'��tait ��tabli �� Porto-Rico, o�� il exer?ait la m��decine.
Je n'ai point voulu fatiguer mon lecteur par la narration de tout ce qui me fut particulier pendant un s��jour de six mois aux ?les Maurice et Bourbon, et donner des d��tails sur des pays trop connus et trop souvent d��crits par tous nos voyageurs.
Maintenant j'indiquerai tr��s-sommairement les deux autres voyages qui suivirent celui-ci, pour arriver bri��vement aux Philippines.
Je restai un mois �� terre, entour�� de l'affection de ma m��re et de mes soeurs; malgr�� leurs soins assidus, l'ennui ne tarda pas �� s'emparer de moi.
Je fis un second voyage �� Maurice, et ensuite un troisi��me aux Philippines.
Je passai trois mois dans le port de Cavite, temps tout �� fait insuffisant pour m'initier aux coutumes et aux usages de ce pays, qui me paraissait si diff��rent de tout ce que j'avais vu jusqu'alors, mais assez cependant pour appr��cier l'admirable et belle v��g��tation que j'avais d��j�� remarqu��e �� Sumatra et �� Java, et entendu raconter, par les naturels, mille anecdotes sur des races de sauvages qui habitent l'int��rieur des montagnes.
Tous ces r��cits et cette belle et riche nature enflammaient mon imagination et me faisaient vivement d��sirer d'avoir mon enti��re libert��, pour parcourir un pays qui avait d��j�� pour moi tant d'attraits et de merveilles.
De retour en France, je ne r��vais plus qu'�� faire un second voyage �� Manille.
L'occasion ne tarda pas �� se pr��senter. Un trois-mats fut annonc�� pour les Philippines; j'obtins facilement �� m'y embarquer comme m��decin.
Je me s��parai alors de mon pauvre fr��re Prudent. Nous nous f?mes nos derniers adieux;--nous ne devions plus nous revoir.
Enfin, apr��s avoir pass�� six fois le cap de Bonne-Esp��rance, j'entrepris ce quatri��me voyage, qui devait m'��loigner pour vingt ans de ma patrie.
Le 9 octobre 1819, je m'embarquai sur le Cultivateur, vieux trois-mats �� moiti�� pourri, command�� par un vieux capitaine qui n'avait pas navigu�� depuis de longues ann��es.
Ainsi, vieux capitaine et vieux navire, telles ��taient les conditions dans lesquelles j'entrepris ce voyage; je dois ajouter que j'avais obtenu une augmentation de solde.
Nous relachames �� Bourbon; nous parcour?mes toute la c?te de Sumatra, une partie de Java, les ?les du d��troit de la Sonde, celles
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