�� venir? Les matelots se pronon?aient pour ce dernier motif, et plus d'un en plaisantait, qui prenait s��rieusement ce chien-l�� pour un animal d'esp��ce diabolique.
Pen, homme fort brutal d'ailleurs, s'��tant un jour ��lanc�� pour le frapper, tomba si malheureusement sur l'angle du cabestan, qu'il s'ouvrit affreusement le crane. On pense bien que cet accident fut mis sur la conscience du fantastique animal.
Clifton, l'homme le plus superstitieux de l'��quipage, fit aussi cette singuli��re remarque, que ce chien, lorsqu'il ��tait sur la dunette, se promenait toujours du c?t�� du vent; et plus tard, quand le brick fut en mer et courut des bord��es, le surprenant animal changeait de place apr��s chaque virement, et se maintenait au vent, comme l'e?t fait le capitaine du Forward.
Le docteur Clawbonny, dont la douceur et les caresses auraient apprivois�� un tigre, essaya vainement de gagner les bonnes graces de ce chien; il y perdit son temps et ses avances.
Cet animal, d'ailleurs, ne r��pondait �� aucun des noms inscrits dans le calendrier cyn��g��tique. Aussi les gens du bord finirent-ils par l'appeler Captain, car il paraissait parfaitement au courant des usages du bord. Ce chien-l�� avait ��videmment navigu��.
On comprend d��s lors la r��ponse plaisante du ma?tre l'��quipage �� l'ami de Clifton, et comment cette supposition ne trouva pas beaucoup d'incr��dules; plus d'un la r��p��tait, en riant, qui s'attendait �� voir ce chien, reprenant un beau jour sa forme humaine, commander la manoeuvre d'une voix retentissante.
Si Richard Shandon ne ressentait pas de pareilles appr��hensions, il n'��tait pas sans inqui��tudes, et la veille du d��part, le 5 avril au soir, il s'entretenait sur ce sujet avec le docteur, Wall et ma?tre Johnson, dans le carr�� de la dunette.
Ces quatre personnages d��gustaient alors un dixi��me grog, leur dernier sans doute, car, suivant les prescriptions de la lettre d'Aberdeen, tous les hommes de l'��quipage, depuis le capitaine jusqu'au chauffeur, ��taient teetotalers, c'est-��-dire qu'ils ne trouveraient �� bord ni vin, ni bi��re, ni spiritueux, si ce n'est dans le cas de maladie, et par ordonnance du docteur.
Or, depuis une heure, la conversation roulait sur le d��part. Si les instructions du capitaine se r��alisaient jusqu'au bout, Shandon devait le lendemain m��me recevoir une lettre renfermant ses derniers ordres.
?Si cette lettre, disait le commandant, ne m'indique pas le nom du capitaine, elle doit au moins nous apprendre la destination du batiment. Sans cela, o�� le diriger?
--Ma foi, r��pondait l'impatient docteur, �� votre place, Shandon, je partirais m��me sans lettre; elle saurait bien courir apr��s nous, je vous en r��ponds.
--Vous ne doutez de rien, docteur! Mais vers que point du globe feriez-vous voile, s'il vous pla?t?
--Vers le p?le Nord, ��videmment! cela va sans dire, il n'y a pas de doute possible.
--Pas de doute possible! r��pliqua Wall; et pourquoi pas vers le p?le Sud?
--Le p?le Sud, s'��cria le docteur, jamais! Est-ce que le capitaine aurait eu l'id��e d'exposer un brick �� la travers��e de tout l'Atlantique! prenez donc la peine d'y r��fl��chir, mon cher Wall.
--Le docteur a r��ponse �� tout, r��pondit ce dernier.
--Va pour le Nord, reprit Shandon. Mais, dites-moi, docteur, est-ce au Spitzberg? est-ce au Gro?nland? est-ce au Labrador? est-ce �� la baie d'Hudson? Si les routes aboutissent toutes au m��me but, c'est-��-dire �� la banquise infranchissable, elles n'en sont pas moins nombreuses, et je serais fort embarrass�� de me d��cider pour l'une ou pour l'autre. Avez-vous une r��ponse cat��gorique �� me faire, docteur?
--Non, r��pondit celui-ci, vex�� de n'avoir rien �� dire; mais enfin, pour conclure, si vous ne recevez pas de lettre, que ferez-vous?
--Je ne ferai rien; j'attendrai.
--Vous ne partirez pas! s'��cria Clawbonny, en agitant son verre avec d��sespoir.
--Non, certes.
--C'est le plus sage, r��pondit doucement ma?tre Johnson, tandis que le docteur se promenait autour de la table, car il ne pouvait tenir en place. Oui, c'est le plus sage; et cependant une trop longue attente peut avoir des cons��quences facheuses: d'abord, la saison est bonne, et si Nord il y a, nous devons profiter de la d��bacle pour franchir le d��troit de Davis; en outre, l'��quipage s'inqui��te de plus en plus; les amis, les camarades de nos hommes les poussent �� quitter le Forward, et leur influence pourrait nous jouer un mauvais tour.
--Il faut ajouter, reprit James Wall, que si la panique se mettait parmi nos matelots, ils d��serteraient jusqu'au dernier; et je ne sais pas, commandant, si vous parviendriez �� recomposer votre ��quipage.
--Mais que faire? s'��cria Shandon.
--Ce que vous avez dit, r��pliqua le docteur; attendre, mais attendre jusqu'�� demain avant de se d��sesp��rer. Les promesses du capitaine se sont accomplies jusqu'ici avec une r��gularit�� de bon augure; il n'y a donc aucune raison de croire que nous ne serons pas avertis de notre destination en temps utile; je ne doute pas un seul instant que demain nous ne naviguions en pleine mer d'Irlande; aussi, mes amis, je propose un dernier grog �� notre heureux voyage;
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.