Aventures du Capitaine Hatteras | Page 5

Jules Verne
de banque avec les ��gards dus �� un homme que seize mille livres attendent tranquillement dans une caisse; ce point v��rifi��, Shandon se fit donner une feuille de papier blanc, et de sa grosse ��criture de marin il envoya son acceptation �� l'adresse indiqu��e.
Le jour m��me, il se mit en rapport avec les constructeurs de Birkenhead, et vingt-quatre heures apr��s, la quille du Forward s'allongeait d��j�� sur les tins du chantier.
Richard Shandon ��tait un gar?on d'une quarantaine d'ann��es, robuste, ��nergique et brave, trois qualit��s pour un marin, car elles donnent la confiance, la vigueur et le sang-froid. On lui reconnaissait un caract��re jaloux et difficile; aussi ne fut-il jamais aim�� de ses matelots, mais craint. Cette r��putation n'allait pas, d'ailleurs, jusqu'�� rendre laborieuse la composition de son ��quipage, car on le savait habile �� se tirer d'affaire.
Shandon craignait que le c?t�� myst��rieux de l'entreprise f?t de nature �� g��ner ses mouvements.
?Aussi, se dit-il, le mieux est de ne rien ��bruiter; il y aurait de ces chiens de mer qui voudraient conna?tre le parce que et le pourquoi de l'affaire, et comme je ne sais rien, je serais fort emp��ch�� de leur r��pondre. Ce K.Z. est �� coup s?r un dr?le de particulier; mais au bout du compte, il me conna?t, il compte sur moi: cela suffit. Quant �� son navire, il sera joliment tourn��, et je ne m'appelle pas Richard Shandon, s'il n'est pas destin�� �� fr��quenter la mer glaciale. Mais gardons cela pour moi et mes officiers.?
Sur ce, Shandon s'occupa de recruter son ��quipage, en se tenant dans les conditions de famille et de sant�� exig��es par le capitaine.
Il connaissait un brave gar?on tr��s-d��vou��, bon marin, du nom de James Wall. Ce Wall pouvait avoir trente ans, et n'en ��tait pas �� son premier voyage dans les mers du Nord. Shandon lui proposa la place de troisi��me officier, et James Wall accepta les yeux ferm��s; il ne demandait qu'�� naviguer, et il aimait beaucoup son ��tat. Shandon lui conta l'affaire en d��tail, ainsi qu'�� un certain Johnson, dont il fit son ma?tre d'��quipage.
?Au petit bonheur, r��pondit James Wall; autant cela qu'autre chose. Si c'est pour chercher le passage du Nord-Ouest, il y en a qui en reviennent.
--Pas toujours, r��pondit ma?tre Johnson; mais enfin ce n'est pas une raison pour n'y point aller.
--D'ailleurs, si nous ne nous trompons pas dans nos conjectures, reprit Shandon, il faut avouer que ce voyage s'entreprend dans de bonnes conditions. Ce sera un fin navire, ce Forward, et, muni d'une bonne machine, il pourra aller loin. Dix-huit hommes d'��quipage, c'est tout ce qu'il nous faut.
--Dix-huit hommes, r��pliqua ma?tre Johnson, autant que l'Am��ricain Kane en avait �� bord, quand il a fait sa fameuse pointe vers le p?le.
--C'est toujours singulier, reprit Wall, qu'un particulier tente encore de traverser la mer du d��troit de Davis au d��troit de Behring. Les exp��ditions envoy��es �� la recherche de l'amiral Franklin ont d��j�� co?t�� plus de sept cent soixante mille livres[1] �� l'Angleterre, sans produire aucun r��sultat pratique! Qui diable peut encore risquer sa fortune dans une entreprise pareille?
[1] Dix-neuf millions.
--D'abord, James, r��pondit Shandon, nous raisonnons sur une simple hypoth��se. Irons-nous v��ritablement dans les mers bor��ales ou australes, je l'ignore, il s'agit peut-��tre du quelque nouvelle d��couverte �� tenter. Au surplus, il doit se pr��senter un jour ou l'autre un certain docteur Clawbonny, qui en saura sans doute plus long, et sera charg�� de nous instruire. Nous verrons bien.
--Attendons alors, dit ma?tre Johnson; pour ma part, je vais me mettre en qu��te de solides sujets, commandant; et quant �� leur principe de chaleur animale, comme dit le capitaine, je vous le garantis d'avance. Vous pouvez vous en rapporter �� moi.?
Ce Johnson ��tait un homme pr��cieux; il connaissait la navigation des hautes latitudes, Il se trouvait en qualit�� de quartier-ma?tre �� bord du _Ph��nix_, qui fit partie des exp��ditions envoy��es en 1853 �� la recherche de Franklin; ce brave marin fut m��me t��moin de la mort du lieutenant fran?ais Bellot, qu'il accompagnait dans son excursion �� travers les glaces. Johnson connaissait le personnel maritime de Liverpool, et se mit imm��diatement en campagne pour recruter son monde.
Shandon, Wall et lui firent si bien, que dans les premiers jours de d��cembre leurs hommes se trouv��rent au complet; mais ce ne fut pas sans difficult��s; beaucoup se tenaient all��ch��s par l'appat de la haute paye, que l'avenir de l'exp��dition effrayait, et plus d'un s'engagea r��solument, qui vint plus tard rendre sa parole et ses ��-comptes, dissuad�� par ses amis de tenter une pareille entreprise. Chacun d'ailleurs essayait de percer le myst��re, et pressait de questions le commandant Richard. Celui-ci les renvoyait �� ma?tre Johnson.
?Que veux-tu que je te dise, mon ami? r��pondait invariablement ce dernier; je n'en sais pas plus long que toi. En tout cas, tu seras en bonne compagnie avec des lurons
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 167
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.