Anatomie du Mouvement, poésie | Page 4

Huguette Bertrand
que des noeuds
sur les murs
et une
parade de sentiments
d'origine inconnue
sur l'indifférence du tapis
c'était écrit aussi
que la Marie vengeur
du haut de son rêve

briguerait le suffrage théâtral
et qu'elle contesterait les bonheurs
qui
font mal
mais ne réveillez plus la femme
qui n'a pas tort
de se lever en retard

surtout quand elle a passé minuit
sans broncher
devant une
fenêtre historique
alors que le monde
sous de lourdes paupières

défilait sans payer
devant un vieux fusil
à l'heure dite
on éteignit les lumières
de la rue
jonchée de foules

sous le manteau d'un ange gris
radoteux
pendant ce temps
la superfemelle
qui avalait goulûment son
déjeuner

s'étouffa
et vous êtes parti
sans un mot dans les poches
un vieux bout de
papier
dans vos souliers
en cas d'urgence
après avoir grugé les villes
à petits pas fauves
vous êtes rentré
par
la porte arrière
l'âme chiffonnée
mais le temps n'y était plus
seul un grincement de coeur
enfouissait

ses vides
dans les noirs secrets
d'un réfrigérateur
voir ce spasme énorme
au bar des mégots
et les couples à talons
hauts
une grosse bière passionnée
dans la foulée de l'oeil
bue
comme un rôle sur mesure
un spot majuscule et rose
sillonne la salle
en quête du lieu précis

où se déroulera l'éclat des sens
il pleut à verse sur l'écriture
effaçant les sexes joyeux
ces jeux de
théâtre
et le retour
mais ce n'est l'affaire de personne
si la terre vieillit
d'un rêve à la
fois
avec son passé antérieur
évaché sur l'horizon
devant les
hommes et les femmes
des morts à plaindre
d'avoir vécu
en
l'espace d'une poussière
sans rincer l'histoire
à l'eau de Javel

pluvieuse comme un souvenir
d'écriture
quand ce blues est incertain
j'implore les vierges de la modernité
les
icônes de la rue
les fonctionnaires et les fous
et je consacre mes
jours
à dormir dans la poubelle du coeur
à l'envers
parfois dans la chair
il y a des coups de semonce
du nucléaire qui
pouffe de rire
et cette bagatelle qu'on appelle
tendresse

extra-légère "king size".

CYCLES AMOUREUX
Sous les crocs du soir
les ventres amoureux
profanent
le corps
dépecé du silence
ils palpent l'attente

jusqu'aux heures affolantes

du respir
derrière le tableau
les battements de la forme
taire l'inconnu
cet
échappé de la main

ça meurt toujours
à l'opposé d'un écho
quand le coeur s'enfonce
dans l'absence
sous les orages de silences
et le tue-mouches
le temps se rupture
et le corps vole en éclats
sa respiration sous les
arbres
comme un objet sans repos
devenu végétal
assises sur le monde
les amours lentes
greffées à nos tempes

s'éloignent comme des vierges ensemencées
vers le chaud mélange
du ciel
entre l'extase
et son reflet
condamnées
elles s'offrent jusqu'aux larmes
des cinémas
puis vint le délire
puis la mort
restituée
une dernière fois dans
l'haleine
comme un tout rassemblé
promise au désert
la vie génitale
commande des toasts
et du café

se noie dans toutes les directions
en laissant tomber ses fruits
mais au pied du lit
il y a des novembres
abandonnés à la pluie

l'alchimie d'une chanson
bleu-or
et la porte de la mémoire

toujours fermée
quand c'est nécessaire
cet effeuillage discret de l'automne
s'achèvera
dès que la paume

aura tué le frisson
sur la peau ornementale des filles
qui grignotent
la passion
dans l'instantané des amants
soûls
leurs hanches

gravées dans le calcaire
aux mille glissements de coeur
éclatés dans
l'oeuf
le corps baisé

en saumure poétique
se fane vite et ras
dans le
remous des défroques
et du lancer léger
sans sourciller
le midi mange-tout annonce des mots
des nymphes

et des moustiques
pour les cas d'après-midi
comme si les oreillers
étaient en manque
sur les draps propres
des amours empesées

enroulée dans le miel triste
et la plume d'oie
la peau chic
hume les
bières d'espèces
en poursuivant les fossoyeurs
jusqu'au
dix-huitième trou
ce dernier cratère amoureux
de la chair embrasse
à coups d'épée
dans la poussière
le cri neuf
définitif
malgré ce discours
cet espace blanc
et tout ce remplissage du
silence
qu'on verse sur le père
la mère les enfants
il y a mémère
dans la dramaturgie
ordonnée
multipliée par l'espace-temps
on la retrouve en double
en triple
en quadrimoteur
sur les ailes du
langage
elle flotte
sur la masse totale du poème
étriquée
devant cette affiche en folie
il a failli faire noir
mais de parole en
parole
on s'est trompé de rue
puis on a marché sur des trous
mous

en faisant claquer nos doigts
dans l'oreille des sourds
le bec en cul d'poule
on retourne au salon
l'instant d'une révolte

conservée dans la bienséance
à télé-Douceur
passe-moi le beurre
du bonheur des morts apaisés

et le popcorn
viens
on va faire la moue ensemble
dans un coin d'ombre
et puis
on se promènera
dans la moiteur des yeux
sans personne pour nous
moucher
on investira le pont d'argile
et on tassera nos vieilles peurs

dans le
courant de l'année
sans interrompre
les pigeons dans les beaux
draps
de soie
pour le plaisir des mains
et le désir encore
il n'y a rien d'inquiétant
quand la chambre est assoupie
et que ses
effluves aspergent
les corps endormis
le chatoiement de la brise sur la peau
grise les spasmes
et la dentelle

des rideaux
comme un vieux fantôme rabougri
le songe
songe
il rafle le
sommeil
et tout recommence
de mémoire distraite
on redessine le corps
qu'on range dans
l'armoire
sous une pile de secrets
rapiécés
que le temps renifle

en l'absence du poids des lettres
et des mots cachés
il ne reste plus qu'à disparaître
dans les noirceurs
et les idées
puis
à éteindre ce poème
dans le cendrier

EFFLEUREMENT
Affolement à la rencontre de la main
mémoire à cinq doigts sur la
bougeotte du monde
cette vagabonde empoigne la chair des images

effleure la voix
de l'autre
elle écrit entre les gestes
jusqu'à la racine des pierres
pour l'intense
de nos sangs froids
durs
inclinée devant ce mystère
la main caresse ouvertement la vie
d'un
élan vertigineux
transporte le sol
au
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