Aline et Valcour, tome II | Page 5

D.A.F. de Sade
sensible, et chatouill��e dans un endroit de son corps dont jamais nulle, main ne s'��tait approch��e, n'avait pu s'emp��cher de tressaillir; la none avait pris le mouvement pour un miracle; elle s'��tait jett��e �� genoux, sa ferveur avait redoubl��; mieux guid��e dans ses nouvelles recherches, elle avait r��ussi �� donner un tendre baiser sur le front de l'objet de son idolatrie, et s'��tait enfin retir��e.
Apr��s avoir bien ri de cette aventure, nous part?mes, L��onore, la femme que j'avais amen��e de Paris, un laquais et moi; il s'en fallut de bien peu que nous ne fissions naufrage d��s le premier jour. L��onore fatigu��e, voulut s'arr��ter dans une petite ville qui n'��tait pas �� dix lieues de la n?tre: nous descend?mes dans une auberge; �� peine y ��tions-nous, qu'une voiture en poste s'arr��ta pour y d?ner comme nous.... C'��tait mon p��re; il revenait d'un de ses chateaux; il retournait �� la ville, l'esprit bien loin de ce qui s'y passait. Je fr��mis encore quand je pense �� cette rencontre; il monte; on l'��tablit dans une chambre absolument voisine de la n?tre, l��, ne croyant plus pouvoir lui ��chapper, je fus pr��t vingt fois �� aller me jeter �� ses pieds pour tacher d'obtenir le pardon de mes fautes; mais je ne le connaissais pas assez pour pr��voir ses r��solutions, je sacrifiais enti��rement L��onore par cette d��marche; je trouvai plus �� propos de me d��guiser et de partir fort vite. Je fis monter l'h?tesse; je lui dis que le hasard venait de faire arriver chez elle un homme �� qui je devais deux cents louis; que ne me trouvant ni en ��tat, ni en volont�� de le payer �� pr��sent, je la priai de ne rien dire, et de m'aider m��me au d��guisement que j'allais prendre pour ��chapper �� ce cr��ancier. Cette femme, qui n'avait aucun int��r��t �� me trahir, et �� laquelle je payai g��n��reusement notre d��pense, se pr��ta de tout son coeur �� la plaisanterie.
L��onore et moi nous changeames d'habit, et nous passames ainsi tous deux effront��ment devant mon p��re, sans qu'il lui f?t possible de nous reconna?tre, quelqu'attention qu'il e?t l'air de prendre �� nous. Le risque que nous venions de courir d��cida L��onore �� moins ��couter l'envie qu'elle avait de s'arr��ter par-tout, et notre projet ��tant de passer en Italie, nous gagnames Lyon d'une traite.
Le Ciel m'est t��moin que j'avais respect�� jusqu'alors la vertu de celle dont je voulais faire ma femme; j'aurais cru diminuer le prix que j'attendais de l'hymen, si j'avais permis �� l'amour de le cueillir. Une difficult�� bien mal entendue d��truisit notre mutuelle d��licatesse, et la grossi��re imb��cillit�� du refus de ceux que nous f?mes implorer, pour pr��venir le crime, fut positivement ce qui nous y plongea tous deux[2]. O Ministres du Ciel, ne sentirez-vous donc jamais qu'il y a mille cas o�� il vaut mieux se pr��ter �� un petit mal, que d'en occasionner un grand, et que cette futile approbation de votre part, �� laquelle on veut bien se pr��ter, est pourtant bien moins importante que tous les dangers qui peuvent r��sulter du refus. Un grand Vicaire de l'Archev��que, auquel nous nous adressames, nous renvoya avec duret��; trois Cur��s de cette ville nous firent ��prouver les m��mes d��sagr��mens, quand L��onore et moi, justement irrit��s de cette odieuse rigueur, r��sol?mes de ne prendre que Dieu pour t��moin de nos sermens, et de nous croire aussi bien mari��s en l'invoquant aux pieds de ses autels, que si tout le sacerdoce romain e?t rev��tu notre hymen de ses formalit��s; c'est l'ame, c'est l'intention que l'��ternel d��sire, et quand l'offrande est pure, le m��diateur est inutile.
L��onore et moi, nous nous transportames �� la Cath��drale, et l��, pendant le sacrifice de la messe, je pris la main de mon amante, je lui jurai de n'��tre jamais qu'�� elle, elle en fit autant; nous nous soum?mes tous deux �� la vengeance du Ciel, si nous trahissions nos sermens; nous nous protestames de faire approuver notre hymen d��s que nous en aurions le pouvoir, et d��s le m��me jour la plus charmante des femmes me rendit le plus heureux des ��poux.
Mais ce Dieu que nous venions d'implorer avec tant de z��le, n'avait pas envie de laisser durer notre bonheur: vous allez bient?t voir par quelle affreuse catastrophe il lui plut d'en troubler le cours.
Nous gagnames Venise sans qu'il nous arrivat rien d'int��ressant; j'avais quelque envie de me fixer dans cette ville, le nom de Libert��, de R��publique, s��duit toujours les jeunes gens; mais nous f?mes bient?t �� m��me de nous convaincre, que si quelque ville dans le monde est digne de ce titre, ce n'est assur��ment pas celle-l��, �� moins qu'on ne l'accorde �� l'��tat que caract��rise la plus affreuse oppression du peuple, et la plus cruelle tyrannie des grands.
Nous nous ��tions log��s �� Venise sur le grand canal, chez
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