plus grand; tenant, par mon p��re, �� tout ce que la province de Languedoc pouvait avoir de plus distingu��; n�� �� Paris dans le sein du luxe et de l'abondance, je crus, d��s que je pus raisonner, que la nature et la fortune se r��unissaient pour me combler de leurs dons; je le crus, parce qu'on avait la sottise de me le dire, et ce pr��jug�� ridicule me rendit hautain, despote et col��re; il semblait que tout d?t me c��der, que l'univers entier d?t flatter mes caprices, et qu'il n'appartenoit qu'�� moi seul et d'en former et de les satisfaire; je ne vous rapporterai qu'un seul trait de mon enfance, pour vous convaincre des dangereux principes qu'on laissait germer en moi avec tant d'ineptie.
N�� et ��lev�� dans le palais du prince illustre auquel ma m��re avait l'honneur d'appartenir, et qui se trouvait ��-peu-pr��s de mon age, on s'empressait de me r��unir �� lui, afin qu'en ��tant connu d��s mon enfance, je pus retrouver son appui dans tous les instans de ma vie; mais ma vanit�� du moment, qui n'entendait encore rien �� ce calcul, s'offensant un jour dans nos jeux enfantins de ce qu'il voulait me disputer quelque chose, et plus encore de ce qu'�� de tr��s-grands titres, sans doute, il s'y croyait autoris�� par son rang, je me vengeai de ses r��sistances par des coups tr��s-multipli��s, sans qu'aucune consid��ration m'arr��tat, et sans qu'autre chose que la force et la violence pussent parvenir �� me s��parer de mon adversaire.
Ce fut �� peu pr��s vers ce tems que mon p��re fut employ�� dans les n��gociations; ma m��re l'y suivit, et je fus envoy�� chez une grand'-m��re en Languedoc, dont la tendresse trop aveugle nourrit en moi tous les d��fauts que je viens d'avouer. Je revins faire mes ��tudes �� Paris, sous la conduite d'un homme ferme et de beaucoup d'esprit, bien propre sans doute �� former ma jeunesse, mais que, pour mon malheur, je ne gardai pas assez long-temps. La guerre se d��clara: empress�� de me faire servir, on n'acheva point mon ��ducation, et je partis pour le r��giment o�� j'��tais employ��, dans l'age o��, naturellement encore, on ne devrait entrer qu'�� l'acad��mie.
Puisse-t-on r��fl��chir sur le vice dominant de nos principes modernes, puisse-t-on voir que l'objet essentiel n'est pas d'avoir de tr��s-jeunes militaires, mais d'en avoir de bons; et qu'en suivant le pr��jug�� actuel, il est parfaitement impossible que cette classe de citoyens si utile puisse jamais ��tre parfaite, tant qu'il ne s'agira que d'y entrer jeune, sans savoir si l'on a ce qu'il faut pour y ��tre admis, et sans comprendre qu'il est impossible de poss��der les vertus n��cessaires d��s qu'on ne donnera pas aux jeunes aspirans la possibilit�� de les acqu��rir par une ��ducation longue et parfaite.
Les campagnes s'ouvrirent, et j'ose assurer que je les fis bien. Cette imp��tuosit�� naturelle de mon caract��re, cette ame de feu que j'avais re?ue de la nature, ne pr��tait qu'un plus grand degr�� de force et d'activit�� �� cette vertu f��roce que l'on appelle courage, et qu'on regarde bien �� tort, sans doute, comme la seule qui fut n��cessaire �� notre ��tat.
Notre r��giment ��crase dans l'avant-derni��re campagne de cette guerre, fut envoy�� dans une garnison en Normandie; c'est-l�� que commence la premi��re partie de mes malheurs.
Je venais d'atteindre ma vingt-deuxi��me ann��e; perp��tuellement entra?n�� jusqu'alors par les travaux de Mars, je n'avais ni connu mon coeur, ni soup?onn�� qu'il p?t ��tre sensible; Ad��la?de de Sainval, fille d'un ancien officier retir�� dans la ville o�� nous s��journions, sut bient?t me convaincre, que tous les feux de l'amour devaient embraser ais��ment une ame telle que la mienne; et que s'ils n'y avaient pas ��clat�� jusqu'alors, c'est qu'aucun objet n'avait su fixer mes regards. Je ne vous peindrai point Ad��la?de; ce n'etoit qu'un seul genre de beaut�� qui devait ��veiller l'amour en moi, c'��tait toujours sous les m��mes traits qu'il devait p��n��trer mon ame, et ce qui m'enivra dans elle ��tait l'��bauche des beaut��s et des vertus que j'idolatre en vous. Je l'aimais, parce que je devais n��cessairement adorer tout ce qui avoit des rapports avec vous; mais cette raison qui l��gitime ma d��faite, va faire le crime de mon inconstance.
L'usage est assez dans les garnisons de se choisir chacun une ma?tresse, et de ne la regarder malheureusement que comme une esp��ce de divinit�� qu'on d��ifie par d��soeuvrement, qu'on cultive par air, et qui se quitte d��s que les drapeaux se d��ploient. Je crus d'abord de bonne foi que ce ne pourrait jamais ��tre ainsi que j'aimerais Ad��la?de; la mani��re dont je l'en assurai, la persuada; elle exigea des sermens, je lui en fis; elle voulut des ��crits, j'en signai, et je ne croyais pas la tromper. A l'abri des reproches de son coeur, se croyant peut-��tre m��me innocente, parce qu'elle couvrait sa faiblesse de tout ce
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.