concitoyens de Cologne
Leurs rois-mages et la ribambelle
ursuline
Qui t'inspirait l'erreur touchant toutes les femmes
Il me suffit de goûter la
saveur de laurier qu'on cultive pour que j'aime ou que je bafoue
Et de toucher les
vêtements
Pour ne pas douter si l'on est frileux ou non
O gens que je connais
Il me
suffit d'entendre le bruit de leurs pas
Pour pouvoir indiquer à jamais la direction qu'ils
ont prise Il me suffit de tous ceux-là pour me croire le droit
De ressusciter les autres
Un jour je m'attendais moi-même
Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes
Et d'un lyrique pas s'avançaient ceux que j'aime
Parmi lesquels je n'étais pas
Les
géants couverts d'algues passaient dans leurs villes
Sous-marines où les tours seules
étaient des îles
Et cette mer avec les clartés de ses profondeurs
Coulait sang de mes
veines et fait battre mon coeur
Puis sur cette terre il venait mille peuplades blanches
Dont chaque homme tenait une rose à la main
Et le langage qu'ils inventaient en
chemin
Je l'appris de leur bouche et je le parle encore
Le cortège passait et j'y
cherchais mon corps
Tous ceux qui survenaient et n'étaient pas moi-même
Amenaient
un à un les morceaux de moi-même
On me bâtit peu à peu comme on élève une tour
Les peuples s'entassaient et je parus moi-même
Qu'ont formé tous les corps et les
choses humaines
Temps passés Trépassés Les dieux qui me formâtes
Je ne vis que passant ainsi que vous
passâtes
Et détournant mes yeux de ce vide avenir
En moi-même je vois tout le passé
grandir
Rien n'est mort que ce qui n'existe pas encore
Près du passé luisant demain est incolore
Il est informe aussi près de ce qui parfait
Présente tout ensemble et l'effort et l'effet
MARIZIBILL
Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout
mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes
Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait
l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Changaï
Je connais des gens de toutes sortes
Ils n'égalent pas leurs destins
Indécis comme
feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs coeurs bougent comme
leurs portes
LE VOYAGEUR
A Fernand Fleuret
Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant
La vie est variable aussi bien que l'Euripe
Tu regardais un banc de nuages descendre
Avec le paquebot orphelin vers les fièvres
futures
Et de tous ces regrets de tous ces repentirs
Te souviens-tu
Vagues poissons arqués fleurs submarines
Une nuit c'était la mer
Et les fleuves s'y
répandaient
Je m'en souviens je m'en souviens encore
Un soir je descendis dans une auberge triste
Auprès de Luxembourg
Dans le fond de
la salle il s'envolait un Christ
Quelqu'un avait un furet
Un autre un hérisson
L'on
jouait aux cartes
Et toi tu m'avais oublié
Te souviens-tu du long orphelinat des gares
Nous traversâmes des villes qui tout le jour
tournaient
Et vomissaient la nuit le soleil des journées
O matelots ô femmes sombres
et vous mes compagnons
Souvenez-vous-en
Deux matelots qui ne s'étaient jamais quittés
Deux matelots qui ne s'étaient jamais parlé
Le plus jeune en mourant tomba sur le côté
O vous chers compagnons
Sonneries électriques des gares chant des moissonneuses
Traîneau d'un boucher régiment des rues sans nombre
Cavalerie des ponts nuits livides
de l'alcool
Les villes que j'ai vues vivaient comme des folles
Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages
Les cyprès projetaient sous la lune leurs ombres
J'écoutais cette nuit au déclin de l'été
Un oiseau langoureux et toujours irrité
Et le bruit éternel d'un fleuve large et sombre
Mais tandis que mourants roulaient vers l'estuaire
Tous les regards tous les regards de
tous les yeux
Les bords étaient déserts herbus silencieux
Et la montagne à l'autre rive
était très claire
Alors sans bruit sans qu'on pût voir rien de vivant
Contre le mont passèrent des ombres
vivaces
De profil ou soudain tournant leurs vagues faces
Et tenant l'ombre de leurs
lances en avant
Les ombres contre le mont perpendiculaire
Grandissaient ou parfois s'abaissaient
brusquement
Et ces ombres barbues pleuraient humainement
En glissant pas à pas sur
la montagne claire
Qui donc reconnais-tu sur ces vieilles photographies
Te souviens-tu du jour où une
vieille abeille tomba dans le feu C'était tu t'en souviens à la fin de l'été
Deux matelots
qui ne s'étaient jamais quittés
L'aîné portait au cou une chaîne de fer
Le plus jeune
mettait ses cheveux blonds en tresse
Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant
La vie est variable aussi bien que l'Euripe
MARIE
Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toutes les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des
cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
Les brebis s'en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d'argent
Des soldats
passent et que n'ai-je
Un coeur à moi ce coeur changeant
Changeant et puis encor que
sais-je
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en
iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l'automne
Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au
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