Alcools | Page 7

Guillaume Apollinaire
peu �� peu comme on ��l��ve une tour?Les peuples s'entassaient et je parus moi-m��me?Qu'ont form�� tous les corps et les choses humaines
Temps pass��s Tr��pass��s Les dieux qui me formates?Je ne vis que passant ainsi que vous passates?Et d��tournant mes yeux de ce vide avenir?En moi-m��me je vois tout le pass�� grandir
Rien n'est mort que ce qui n'existe pas encore?Pr��s du pass�� luisant demain est incolore?Il est informe aussi pr��s de ce qui parfait?Pr��sente tout ensemble et l'effort et l'effet
MARIZIBILL
Dans la Haute-Rue �� Cologne?Elle allait et venait le soir?Offerte �� tous en tout mignonne?Puis buvait lasse des trottoirs?Tr��s tard dans les brasseries borgnes
Elle se mettait sur la paille?Pour un maquereau roux et rose?C'��tait un juif il sentait l'ail?Et l'avait venant de Formose?Tir��e d'un bordel de Changa?
Je connais des gens de toutes sortes?Ils n'��galent pas leurs destins?Ind��cis comme feuilles mortes?Leurs yeux sont des feux mal ��teints?Leurs coeurs bougent comme leurs portes
LE VOYAGEUR
A Fernand Fleuret
Ouvrez-moi cette porte o�� je frappe en pleurant
La vie est variable aussi bien que l'Euripe
Tu regardais un banc de nuages descendre?Avec le paquebot orphelin vers les fi��vres futures?Et de tous ces regrets de tous ces repentirs?Te souviens-tu
Vagues poissons arqu��s fleurs submarines?Une nuit c'��tait la mer?Et les fleuves s'y r��pandaient
Je m'en souviens je m'en souviens encore
Un soir je descendis dans une auberge triste?Aupr��s de Luxembourg?Dans le fond de la salle il s'envolait un Christ?Quelqu'un avait un furet?Un autre un h��risson?L'on jouait aux cartes?Et toi tu m'avais oubli��
Te souviens-tu du long orphelinat des gares?Nous traversames des villes qui tout le jour tournaient?Et vomissaient la nuit le soleil des journ��es?O matelots ? femmes sombres et vous mes compagnons?Souvenez-vous-en
Deux matelots qui ne s'��taient jamais quitt��s?Deux matelots qui ne s'��taient jamais parl��?Le plus jeune en mourant tomba sur le c?t��
O vous chers compagnons?Sonneries ��lectriques des gares chant des moissonneuses?Tra?neau d'un boucher r��giment des rues sans nombre?Cavalerie des ponts nuits livides de l'alcool?Les villes que j'ai vues vivaient comme des folles
Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages
Les cypr��s projetaient sous la lune leurs ombres?J'��coutais cette nuit au d��clin de l'��t��?Un oiseau langoureux et toujours irrit��?Et le bruit ��ternel d'un fleuve large et sombre
Mais tandis que mourants roulaient vers l'estuaire?Tous les regards tous les regards de tous les yeux?Les bords ��taient d��serts herbus silencieux?Et la montagne �� l'autre rive ��tait tr��s claire
Alors sans bruit sans qu'on p?t voir rien de vivant?Contre le mont pass��rent des ombres vivaces?De profil ou soudain tournant leurs vagues faces?Et tenant l'ombre de leurs lances en avant
Les ombres contre le mont perpendiculaire?Grandissaient ou parfois s'abaissaient brusquement?Et ces ombres barbues pleuraient humainement?En glissant pas �� pas sur la montagne claire
Qui donc reconnais-tu sur ces vieilles photographies?Te souviens-tu du jour o�� une vieille abeille tomba dans le feu C'��tait tu t'en souviens �� la fin de l'��t��?Deux matelots qui ne s'��taient jamais quitt��s?L'a?n�� portait au cou une cha?ne de fer?Le plus jeune mettait ses cheveux blonds en tresse
Ouvrez-moi cette porte o�� je frappe en pleurant
La vie est variable aussi bien que l'Euripe
MARIE
Vous y dansiez petite fille?Y danserez-vous m��re-grand?C'est la maclotte qui sautille?Toutes les cloches sonneront?Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux?Et la musique est si lointaine?Qu'elle semble venir des cieux?Oui je veux vous aimer mais vous aimer �� peine?Et mon mal est d��licieux
Les brebis s'en vont dans la neige?Flocons de laine et ceux d'argent?Des soldats passent et que n'ai-je?Un coeur �� moi ce coeur changeant?Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je o�� s'en iront tes cheveux?Cr��pus comme mer qui moutonne?Sais-je o�� s'en iront tes cheveux?Et tes mains feuilles de l'automne?Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine?Un livre ancien sous le bras?Le fleuve est pareil �� ma peine?Il s'��coule et ne tarit pas?Quand donc finira la semaine
LA BLANCHE NEIGE
Les anges les anges dans le ciel?L'un est v��tu en officier?L'un est v��tu en cuisinier?Et les autres chantent
Bel officier couleur du ciel?Le doux printemps longtemps apr��s No?l?Te m��daillera d'un beau soleil?D'un beau soleil
Le cuisinier plume les oies?Ah! tombe neige?Tombe et que n'ai-je?Ma bien-aim��e entre mes bras
PO��ME LU AU MARIAGE D'ANDR�� SALMON
Le 13 juillet 1909
En voyant des drapeaux ce matin je ne me suis pas dit?Voil�� les riches v��tements des pauvres?Ni la pudeur d��mocratique veut me voiler sa douleur?Ni la libert�� en honneur fait qu'on imite maintenant?Les feuilles ? libert�� v��g��tale ? seule libert�� terrestre?Ni les maisons flambent parce qu'on partira pour ne plus revenir Ni ces mains agit��es travailleront demain pour nous tous?Ni m��me on a pendu ceux qui ne savaient pas profiter de la vie Ni m��me on renouvelle le monde en reprenant la Bastille?Je sais que seuls le renouvellent ceux qui sont fond��s en po��sie On a pavois�� Paris parce que mon ami Andr�� Salmon s'y marie
Nous nous sommes rencontr��s dans un caveau maudit?Au temps de notre jeunesse?Fumant tous deux et mal v��tus attendant l'aube?Epris ��pris des m��mes paroles dont il faudra changer le sens Tromp��s tromp��s pauvres petits
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